Albert OUEDRAOGO, Pr de Lettres à l’Université de Ouagadougou

Albert OUEDRAOGO, Pr de Lettres à l’Université de Ouagadougou

Cette semaine, artistebf est allé à la rencontre d’un homme de lettres officiant à l’Université de Ouagadougou. Parallèlement à cette fonction, il est aussi le Président du ” TOCSIN”, une association créée en 1997 avec pour ambition la promotion des droits des burkinabé de la diaspora, des droits humains et des droits des migrants.Comme vous le constatez, c’était un homme à double casquette. Comme si cela ne suffisait pas, notre invité depuis le 21 avril, est nommé ministre des Enseignements Secondaire et Supérieur du Burkina faso.
Dès l’annonce de la nouvelle, nous nous sommes demandé si notre spécialiste en littérature orale allait encore nous recevoir parce qu’il ne s’agissait plus du Pr Albert OUEDRAOGO mais de Monsieur le Ministre. Il y a nuance parce que la donne a changé !. La semaine suivante, nous avons tout de même essayé de le joindre au téléphone. Au premier appel, échec ! “Numéro présentement indisponible !” Et nous avons dit “ça y est ! “, le Professeur a changé de numéro. Et pourtant non, c’est parce que nous avions mal composé !
. Nous nous sommes ressaisi et nous avons composé une nouvelle fois. Là, c’est bien le Pr Albert OUEDRAOGO qui répond; mais ce n’était pas “Monsieur le Ministre”. Nous avons insisté, c’était peine perdue parce que c’était toujours le Pr Albert OUEDRAOGO en ligne et non “Monsieur le ministre”.

Finalement, quel est le message ?
C’est l’humilité, la simplicité, la modestie du Pr Ouedraogo. Loin de lui jeter des fleurs et de tout griotisme, nous pensions que si chacun de nous était animé de cet esprit, nous pouvons éviter un certain nombre de dérives. Les gens ont soif des honneurs; et trop honneurs nous égarent parfois, nous isolent, nous rend orgueilleux, nous séparent de nos proches et nous amènent à piétiner la liberté d’autrui expressément ou involontairement. Imbus des honneurs que notre parcelle de pouvoir nous confère, nous perdons souvent la maîtrise de soi. Le tout se résume au “moi”; nous devenons si vous voulez, un peu comme des “demi-Dieux” sur terre. Sans exagérer, il y avait des situations où, n’eut été les récents troubles survenus au Burkina, si le Bon Dieu même descendait, certaines personnalités vont le gifler pour qu’il remonte. De tels comportements, chacun de nous mesure aujourd’hui le poids; sinon que nous payons déjà les frais.
Le Pr OUEDRAOGO, à travers notre conversation téléphonique nous invite à la modestie , à rester “soi-même” quel que soit notre niveau de responsabilité. Il n’est certainement pas le seul dans la nouvelle équipe gouvernementale à avoir une telle qualité. Mais en attendant de le voir à l’œuvre, nous disons que c’est un ministre peu ordinaire. Quel est le point de vue de notre invité ?
Le Pr Albert OUEDRAOGO (A.O) :

Vraiment je dois vous remercier pour l’initiative que vous m’offrez de parler de la culture du Burkina. Je suis Albert OUEDRAOGO, Professeur de lettres de mon état. Je suis spécialiste en littérature orale africaine. Je suis encore là jusqu’à ce soir, le Vice Président chargé de la professionnalisation et des relations université-Entreprise. Ce n’est que Jeudi dernier que j’ai eu la nomination au de poste Ministre des Enseignements secondaires et supérieurs. Autrement dit, je suis marié et père de 3 enfants.

Art. : Merci de nous avoir reçu professeur. Il faut dire que c’est une grande surprise pour nous parce que nous nous demandions si notre coup de fil allait encore aboutir. Fort heureusement, vous nous avez décrochés mais tout de même, nous avons eu l’impression que nous étions trompés d’interlocuteur. Nous avons dit “Bonjour Monsieur le Ministre” et vous avez rectifié en disant que ce n’était pas le ministre mais que c’était plutôt Albert OUEDRAOGO. Quel est le message que vous avez voulu faire passer ?
A.O : Non, sincèrement j’ai senti qu’il y avait une sorte de barrière qui se créait tout de suite entre vous et moi. A peine on vous a nommé qu’on a l’impression qu’on vous transforme, qu’on vous momifie. Les gens vous placent déjà sur un espace où vous n’avez plus de contact humain, serein, convivial. Vous êtes complètement détaché des gens avec une situation trop protocolaire. Non, ce n’est pas mon type de relation avec les gens.et je n’aime pas qu’on me fige dans ce type de carcan. Non seulement je n’ai pas encore pris fonction, je ne suis pas encore dans la peau d’un ministre, je souhaiterai encore jouir de cette liberté, de ce contact avec les amis, les collègues. Voilà ! je ne voulais pas qu’on érige toute de suite une barrière entre moi et les autres parce que je suis avec les autres.

Art : Alors, lequel de ces deux titres préférez-vous ? Professeur Albert OUEDRAOGO ou Monsieur le Ministre ?

A.O : Dites Pr Albert OUEDRAOGO. Voilà! parce que ça , c’est un titre qu’on ne peut pas m’enlever. je suis né Albert OUEDRAOGO et je me suis battu pour devenir professeur mais je ne me suis pas battu pour devenir ministre.

Art: Pr Ouedraogo, vous êtes professeur à l’université de Ouagadougou quel est aujourd’hui votre regard critique sur l’enseignement supérieur au Burkina Faso d’abord par rapport à la rentrée universitaire qui accuse chaque année un retard qui, à la limite, est devenu comme un rituel.

A.O : L’Enseignement supérieur au Burkina est assez mitigé quand on veut le regarder et l’ausculter de près. C’est aussi bien des éléments de réussite mais aussi des éléments à controverse, des éléments d’échec.
Comparaison n’est certes pas raison! Mais quand vous prenez l’université de Ouagadougou comparativement aux autres universités, les universités burkinabé de façon globale sont des universités qui se portent bien. Sur le plan de la prestation scientifique et les différents résultats de nos enseignants au CAMES l’attestent allègrement. Là où le bas blesse, c’est au niveau de l’encadrement dans la mesure où les effectifs à l’université de Ouagadougou, sont devenus de plus en plus pléthoriques, les enseignants sont relativement vieillissants et le métier n’est pas très très attractif. Cela crée une certaine démotivation de la part des enseignants. C’est vrai qu’il est facile de se plaindre des enseignants qui laissent tomber les corrections et les cours pour aller prester ailleurs, je voudrais simplement vous rappeler de façon générale, l’homme par nature n’aime pas le travail; s’il pouvait ne pas travailler et jouir d’une belle vie de repos, il le ferait. Lorsque vous voyez un individu en train de faire 3,4 ,5 métiers, c’est parce qu’un seul métier n’arrive pas à faire son bonheur. S’il pouvait faire son bonheur avec un seul métier, il laisserait tomber les autres parce que c’est pénible ! Donc la réalité de notre université est la suivante :
Beaucoup d’enseignants cherchent ailleurs les moyens pour arrondir les fins de mois pour faire face à un certain nombre de besoins. C’est pourquoi, nous nous sommes émus de voir que dans la sous région de tous les pays du CAMES, le Burkina est le dernier des pays du point de vue du traitement salarial des enseignants. Je crois que c’est une situation qu’il faut revoir. De plus en plus on ouvre des postes aux jeunes chercheurs qui refusent parce que vous ne pouvez pas faire un doctorat et revenir commencer avec à peine un “150 000” francs. On a vu des secrétaires qui ont le BTS et qui travaillent dans les sociétés de téléphonies et qui commencent avec un salaire de 300 ou 400 000 frs .Je crois qu’il faut suivre l’évolution salariale de la société.
Cependant, ceci ne doit pas non plus nous “dédouaner” par rapport à certaines pratiques parce que l’enseignement est également une sorte de sacerdoce où on a besoin de personnes compétentes sur le plan professionnel et exemplaire sur le plan moral. Il est clair qu’il y a un certain nombre de dérives parce que ce n’est pas la majorité des enseignants ( c’est loin de là). Mais en la matière, il suffit simplement qu’un seul enseignant ait fait des inters et ça rejailli sur le corps enseignant. Nous allons nous attabler sur la question avec tout le corps enseignant, les étudiants, le personnel d’encadrement, le personnel technique et ouvriers, pour voir ensemble comment trouver les bonnes solutions, comment redynamiser les structures de contrôle afin d’amener chaque acteur à être responsable et à rendre compte de ses actes .

Art. : Vous êtes aussi président de l’Association “LE TOCSIN” qui a vu le jour le 15 mars 1997. D’aucuns vous ont affiché au lendemain de la reconnaissance officielle de cette association comme étant un politicien qui luttait pour trouver une place au soleil.
Art. : Votre nomination actuelle au poste de Ministre des Enseignements Secondaire et Supérieur est-elle enfin un ouff de soulagement ?
albert3.jpgA.O : Certainement pas ! Parce que mon combat est loin d’être en relation avec le poste que j’occupe en ce moment au gouvernement. Mon combat en tant qu’acteur de la société civile, c’est de promouvoir le droit des burkinabé et de la diaspora, c’est de promouvoir les droits humains, les droits des migrants, faire en sorte qu’il n’y ait pas de discrimination entre les nationaux et les non nationaux. Défendre chaque fois que cela s’impose la présence et le droit de nos compatriotes dans les pays tiers. Nous avons pour mission de faire des plaidoyers, d’interpeler les autorités aussi bien nationales qu’internationales sur des cas de violences faites à nos compatriotes. En aucune manière notre combat ne visait à devenir un acteur de la politique, politique. Si nous avions voulu de cela, c’est facile; il suffisait de prendre la bonne carte, il suffisait de s’inscrire dans le parti majoritaire ou dans l’un des partis de la mouvance. Ce n’était pas notre ambition; je n’ai jamais eu l’ambition d’être un homme politique. J’ai eu simplement une volonté de rendre justice à mon passé. Si nous avons créé le TOCSIN, c’est parce qu’étant des produits de la Diaspora, nous avons pensé que les burkinabé de l’intérieur étaient soucieux de ce que nous devenons à l’extérieur. Mais notre surprise a été grande en rentrant au Burkina de nous rendre compte que les burkinabé de l’intérieur avaient d’autres chats à fouetter que de s’occuper de ce qui se passait au sujet de leurs compatriotes à l’extérieur. Alors nous avons emprunté l’adage populaire en mooré qui dit : “Quand vous n’avez pas quelqu’un pour vous manger la tête de votre poulet, il vous faut apprendre à manger la tête du poulet ” Nous avons donc décidé de commencer à battre le tam-tam pour promouvoir non seulement l’intégration au Burkina, mais travailler en sorte que les burkinabé de la diaspora ne soient pas oubliés dans les politiques de développement au Burkina. Et je vous dis que notre grand succès à la matière, c’est le fait d’avoir enfin voté une loi autorisant les burkinabé de la diaspora à voter lors des élections présidentielles. Malheureusement, cette disposition n’a pas été appliquée lors des dernières élections présidentielles. Donc, il y a encore un combat à mener!. Dans notre combat, il n’était inscrit nulle part de devenir ministre ou quoi que ce soit. La question n’est pas des ambitions personnelles, mais la question était au niveau d’un idéal et de travailler à réaliser cet idéal. Vous ne pouvez pas avoir un pays qui compte 14 millions d’habitants à ‘intérieur et ignorer les 8 à 9 millions de ses compatriotes vivant à l’extérieur. C’est une question de justice sociale et c’est le sens qu’il faut donner à notre combat.
Art. : Vous n’aviez pas l’ambition de devenir ministre et pourtant vous avez accepté le poste ministériel sans résistance. Certains de vos admirateurs se poseront toujours la question.
A.O : Ça, c’est vous qui le dites ! C’est vous qui pensiez qu’il n’y a pas eu de résistance ! La résistance ne consiste pas à se mettre sur la place publique et se mettre à trépigner pour dire que j’ai résisté. Mais posez-vous aussi la question de savoir à quelle étape le Burkina se trouve aujourd’hui. Est-ce que le Burkina d’aujourd’hui est le Burkina d’hier ? Est-ce que nous avons à faire à un Burkina normal ? , un Burkina apaisée ? est-ce qu’il n’ y a pas péril en la demeure ? Est-ce qu’aujourd’hui, le Burkina n’est pas à la croisée des chemins et en situation de danger ?
Nous sommes le TOCSIN, nous allons alerter le danger; et lorsqu’il y a danger et qu’on vous appelle et vous dites : “non, excusez-moi, je ne peux rien faire ! ” ce serait vraiment triste ! C’est la raison pour laquelle nous avons dit que nous ne sommes pas simplement ceux qui alertent. Mais s’il s’agit vraiment de mouiller le maillot pour défendre la patrie, si on nous appelle rien que pour sauver la patrie, alors on est prêt jusqu’au sacrifice parce que nous sommes des éléments qui croient à notre pays.
Art. : Le TOCSIN regroupe en son sein plusieurs membres de sensibilités différentes. Quel sera donc l’avenir du TOCSIN si certains des membres pensent que Mr Ouedraogo a été récupéré par le CDP. Or le TOCSIN se veut une association apolitique. Comment justifier votre position actuelle ?
A.O : Le fait d’être dans un gouvernement ne fait pas de moi un élément d’un parti. Je me suis battu toute ma vie pour ne pas être dans un parti. Je suis contre l’approche partisane. Mais je ne reproche pas aux gens d’avoir un parti et de faire la politique; heureusement qu’il y en a; parce que si tout le monde devait faire comme moi, ce n’est pas bien ! Il faut qu’il y ait de la tolérance à tous les niveaux aussi bien du côté de ceux qui sont dans les partis que ceux qui n’y sont pas. Rassurez-vous, nous avons consulté le TOCSIN avant d’accepter et les intérêts du TOCSIN seront toujours préservés. Je suis au gouvernement mais je suis aussi de la société civile et il en sera ainsi jusqu’à ma sorti du gouvernement. Je défie quiconque de me voir durant mon séjour et jusqu’à mon départ du gouvernement, me réclamer d’un parti politique. Je ne l’ai pas fait avant, je ne le ferai pas pendant.. !
albert2-2.jpgArt. : Dans vos tournées dans le cadre des activités du TOCSIN, la culture, à travers le théâtre, les veillées de contes et les projections cinématographiques, semble occultée alors que la culture est l’un premiers leviers de développement d’un pays.
A.O : ça n’a jamais été occulté ! Vous savez qu’on ne peut pas se battre pour les droits des migrants, pour les droits de nos compatriotes de la diaspora sans tenir compte de nos cultures. Je vous donne un exemple : au moment de la grande crise en Côte d’Ivoire, le Président Gbagbo avait pris des décisions pour interdire la diffusion des programmes en langue mooré sur la radio ivoirienne. Nous avons écrit pour dénoncer ce comportement. Pour nous, la langue d’une population constitue sa vitrine et si l’on devait opérer de cette manière, il était aussi tant d’interdire la langue française sur nos antennes; étant donné que la langue française n’est pas une langue du terroir. Le combat de la culture est aussi notre combat, c’est peut être que nous ne le faisons pas de manière très visible. Sinon, dans la plupart de nos tournées, nous amenons avec nous des objets de culture du Burkina : le Faso dan fani, la musique burkinabé, nous vendons les manifestations culturelles qui se déroulent au Burkina, nous informons nos compatriotes de la diaspora du dynamisme culturel du Burkina. Nous avons organisé des tournées et à l’occasion, nous avons pris une troupe pour exprimer la question de la migration et des violences faites à nos compatriotes de la diaspora. Vous pourrez découvrir au siège du TOCSIN, des tableaux peints en relation avec les violences faites à nos compatriotes. S’agissant aussi des contes, moi je suis un spécialiste du conte et je l’enseigne également. J’organise toutes les 3 semaines des contes dans mon village et cela, depuis 3 ans. En fin de séance, nous primons le meilleur conte. Mais je fais attention pour ne pas confondre ma passion avec les lignes directrices et l’idéal du TOCSIN. Notre association n’ayant pas l’ambition de tout faire, intervient dans les secteurs où l’Etat n’a pas suffisamment investi. Le jour où la question des droits des burkinabé de la diaspora devenait une préoccupation majeure pour le gouvernement du Burkina faso, mais nous acceptons mourir pour passer à autre chose. C’est parce qu’il y a un déficit en la matière que nous avons senti le besoin de nous investir parce que l’Etat ne peut pas tout faire. Nous n’avons pas non plus l’ambition de tout faire parce que nous n’avons pas les moyens.
Art.: A propos toujours de culture, quel est le regard critique du Professeur Albert OUEDRAOGO sur la culture burkinabé après 50 d’indépendance ?
A.O : Jusqu’aux derniers évènements, on était en droit de se dire que la culture du Burkina était rayonnante, forte, avec des conditions de co-éxistence pacifique et du respect de l’autre. J’avoue qu’avec ce qui s’est passé ces derniers temps au Burkina et toutes ces violences qui ont été faites, je suis de plus en plus circonspect. Je me pose vraiment la question de savoir si nous n’avons pas mis l’accent sur le clin-can ou sur le cinémathèque plutôt que sur les fondements moraux, spirituels de notre jeunesse. Je le dis parce que la culture n’est pas seulement le spectaculaire sur lequel le Burkina a toujours misé.Il y a beaucoup d’aspects de la culture qui ne passent pas par les grandes messes qu’il nous faut apprendre à rédécouvrir pour construire des burkinabé dignes de ce nom. Ce qui s’est récemment passé au Burkina est une injure à notre intégrité.Il nous faut relire les bases de l’intégrité et l’enseigner à notre jeunesse qui manifestement se retrouve complètement déphasée de nos valeurs ancestrales.
Art. : Le cinéma, comme vous le savez connait pour l’instant des difficultés de financement. Les réalisateurs tout comme les musiciens ont les idées pleines la tête et c’est la question de financement qui pose à tous les niveaux problème. Les opérateurs économiques de la place qui auraient pu sauver la situation sont réticents.A votre avis, quelle est aujourd’hui la stratégie pour amener nos opérateurs économiques de la diaspora et de l’intérieur à investir dans la culture ?
A.O : Vous faites bien de poser cette question ! Arrêtons de faire le cinéma européen, arrêtons de faire le cinéma à la Hollywood. Commençons à faire le cinéma en rapport avec nos réalités et nos moyens. Je vous prends simplement l’exemple du Nigéria et du Ghana où on n’a pas eu besoin de ces grosses cameras ou de ces gros équipements pour faire du cinéma. On ne peut pas continuer de compter sur les subventions des autres pour faire du cinéma. Il nous faut changer notre fusil d’épaule.Il faut faire en sorte que le public burkinabé ait un engouement pour son cinéma au point d’en faire un art national. Un autre exemple : Au sénégal, le sport phare aujoiurd’hui est la lutte traditionnelle; elle est très rentable. Au Burkina, avons-nous réfléchi pour identifier notre culture phare en attente avec notre public et non avec une élite ?. C’est un aspect sur lequel il faut réfléchir; il faut repenser notre cinéma
Présentement sur le plan musical, il n’ y a aucun problème ; n’eut été la question de la piraterie, la musique burkinabé fait vivre ses artistes parce qu’elle est en phase avec nos réalités.
Je tiens à vous remercier parce que vous êtes la première personne à venir m’interviewer depuis ma nomination à cette nouvelle fonction que je vais découvrir en même temps que les autres. Concernant les états d’âmes, les positions, les attitudes des uns et des autres, j’avoue que c’est très important. Mais il faut regarder surtout ce que vous pensez pouvoir faire de bien pour vous, pour vos compatriotes et pour la nation entière. Je ne suis pas de ceux qui aiment fuir les combats parce que le combat, ce n’est pas toujours de dire et de critiquer. A la société civile, c’est ce qu’on nous a toujours reproché : « vous savez critiquer mais vous ne savez pas construire ». Je voudrais qu’à travers notre présence au gouvernement revivre comme un défi qu’on nous fait, comme une perche qu’on nous tend pour savoir si au sein de la société civile, il y a des compétences à même de pouvoir aider à construire ce pays. En même temps, qu’on cesse de penser que la société civile, c’est simplement un groupe de personnes qui aurait échoué partout et qui ne savent plus quoi faire. On aime dire que ceux de la société civile, c’est des aigris ! Moi personnellement, je n’ai aucune raison d’être aigri. Je pouvais bien me passer de la société civile tout comme j’ai choisi de me passer de la politique. Mais l’homme n’est pas simplement un légume ; il faut avoir des raisons de vivre. Mon engagement dans la société civile, lutter pour les droits de nos compatriotes de la diaspora et pour les droits des migrants m’aident à vivre. J’ai vécu à l’extérieur, je sais ce que c’est que de subir le regard violent de ceux qui sont habité par le racisme et la xénophobie. Il faut qu’on apprenne à se connaître, à se tolérer et à s’aimer.
Artistebf,
26 Avril 2011

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