Culture: Faut-il oui ou non légitimer le mariage traditionnel?

Culture: Faut-il oui ou non légitimer le mariage traditionnel?

Dans le cadre de la valorisation et de la préservation du patrimoine culturel burkinabè se déroule actuellement la deuxième édition du 18 Avril au 18  Mai 2024. Notons également que le gouvernement burkinabè a décrété le 15 Mai de chaque année comme journée des tradition et des coutumes. Dans cette lignée, nous avons choisi d’aborder le sujet du mariage traditionnel. Dans notre société burkinabè, le mariage est une institution qui marque l’union entre deux personnes et deux familles. Sur le plan juridique, seul le mariage civil possède une valeur légale. Cependant, le mariage traditionnel, également connu sous le nom de mariage coutumier, reste une étape importante lors de laquelle la cérémonie de la dot est célébrée. Néanmoins, cette pratique traditionnelle n’est plus aussi bien perçue et cela soulève la question des causes de ce changement. Nous avons donc interrogé quelques citoyens afin d’en savoir plus. Lisez plutôt..

Selon Léa Segbego, la principale problématique réside souvent dans les rites du mariage traditionnel. « Certaines personnes, comme les protestants par exemple, ne souhaitent pas pratiquer ces rituels. Si un garçon protestant est impliqué, il préfère se rendre à l’église et échanger avec les prêtres. Il est possible que la différence culturelle liée à la tradition entrave ainsi la relation entre la fille et le garçon. Si je devais choisir entre un mariage traditionnel et religieux, je préférerais encore le mariage religieux », a-t-elle déclaré.

Pour Noël Nana, le mariage traditionnel a perdu de sa valeur en raison de l’influence de la modernité. « Aujourd’hui, tout le monde veut se montrer, les gens suivent la mode. Il est vrai qu’il y a eu un changement concernant le mariage traditionnel. Les anciens, qui étaient les gardiens de la tradition, sont aujourd’hui présents partout dans les religions dites modernes. Il est donc difficile de maintenir les pratiques d’autrefois. Auparavant, chacun avait son propre domaine. Aujourd’hui, nombreux sont les anciens qui pratiquent des sacrifices et qui se tournent également vers le christianisme ou l’islam. On ne peut pas être compétent dans les deux domaines à la fois. Nous voulons être ici et là-bas, mais cela ne fonctionne pas. Lorsque vous voulez faire quelque chose, vous devez vous engager pleinement d’un seul côté. Si cela concerne la tradition, il faut s’investir pleinement, tout comme avec la religion. Maintenant, si nous utilisons les mêmes personnes pour des pratiques traditionnelles, cela ne sera plus comme avant », a-t-il expliqué.

Selon Souleymane Doumbia, le mariage traditionnel a évolué en raison des jeunes générations. « Chacun veut se faire remarquer, montrer qu’il a les moyens. Et cela a fini par engendrer des dépenses excessives lors des mariages traditionnels. Les aînés du village demandent des cadeaux, comme des colas (noix de cola) ou des coqs. Mais si vous vous rendez à un mariage, chacun veut faire plus. Ce phénomène n’est pas seulement propre aux jeunes, car auparavant, cela se limitait à un mouton et des colas. Aujourd’hui, c’est devenu une délégation entière. Le mariage traditionnel a perdu de sa valeur. Nous avons valorisé le mariage occidental, au détriment de nos traditions. Les valeurs traditionnelles se sont perdues, alors que le mariage traditionnel doit primer. C’est lui qui possède une réelle valeur. En général, lorsque vous vous mariez traditionnellement, on vous demande des papiers pour prouver que c’est bien votre femme. Même lorsque vous vous rendez quelque part avec votre épouse, il faut présenter l’acte de mariage. Nous avons privilégié le mariage occidental au détriment du mariage traditionnel », a-t-il conclu.

Ainsi, le mariage traditionnel au Burkina Faso semble être en déclin en raison de différents facteurs tels que les différences culturelles, l’influence de la modernité et des dépenses excessives. La valorisation du mariage occidental a également contribué à la perte de considération pour le mariage traditionnel. Il serait donc important de réfléchir aux moyens de préserver cette pratique culturelle tout en tenant compte des besoins et des réalités de notre société moderne.

Pauline DABIRE

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