Tous les députés au niveau du CNT ont travaillé en groupes et ça été une grande expérience pour nous; j’avoue que c’est la première fois que je mets les pieds à l’Assemblée. C’est une expérience qui nous a permis de comprendre la marche de la république parce que le regard de l’artiste que j’étais est totalement différent de celui de l’acteur politique. Nous avons pu comprendre que la facilité avec laquelle nous dénoncions souvent les choses, n’est pas aussi simple à changer.
Quelle a été votre contribution en tant qu’acteur culturel et représentant de la culture au sein de cette institution ?
DICK Marcus (DM ) : Il s’agit pour moi d’une expérience en plus. Parti avec un esprit d’artiste, le musicien que je suis est entré dans l’arène politique. L’assemblée nationale, c’est d’abord un espace politique. Toutes les questions de la vie nationale y sont abordées.Du coup, tu deviens politique; de l’élaboration des lois jusqu’à leur vote en passant par leur enrôlement et les travaux en commission, je trouve qu’on apprend toujours. Donc cela n’a rien à voir avec la culture ou la musique que je fais quotidiennement !
Le problème de la culture se situe au niveau du financement; une question d’argent en un mot. L’Etat n’alloue au BBDA que 75 000 000FCFA au titre des droits d’auteurs pour 2000 artistes environ. Aujourd’hui, nous sommes près de 8 000 artistes toutes tendances confondues. Ce qui suppose que naturellement, l’Etat doit revoir la ligne budgétaire allouée à la culture du fait de la croissance des œuvres et de l’élargissement de l’espace médiatique. L’année dernière, nous avions demandé un budget minimum de 250 000 000 FCFA ; ce qui n’a pas été respecté. Mais que cela ne tienne; nous continuerons a plaider pour les artistes compte tenu que nous savons désormais comment se déroulent les procédures à l’assemblée nationale.
Il y avait beaucoup de choses à faire et la transition ne pouvait pas se concentrer seulement sur la culture. On avait même lancé l’idée d’amener la loi sur le mécénat afin de la faire voter à l’Assemblée Nationale en concertation avec d’autres acteurs du milieu. Mais le temps était insuffisant parce que la prise d’une loi jusqu’à son vote, nécessite beaucoup de temps voire six mois ou 1 an car tous les acteurs du monde culturel (cinéma, théâtre, musique) doivent donner leurs avis. Mais je crois que si nous continuions à nous battre, les choses iront mieux en 2016. Je pense qu’au niveau du ministère de la culture, il faudrait qu’il y ait aussi des textes forts pour protéger les artistes. Pour ce qui est des mécénats, l’Etat pourrait voir dans quelle mesure leur alléger annuellement certaines charges de manière à permettre à certaines sociétés de pouvoir financer la culture.
Après le CNT que fera désormais Dick Marcus; continuera-t-il de faire la musique ou jouera-t-il un rôle d’avant-gardiste?
DM : Je ferai les deux car la musique est ma profession initiale. Ce qui est évident aussi, c’est que je suis toujours dans l’arène politique pour faire avancer un certain nombre de choses.
Que pensez-vous de l’actuelle dénomination du ministère en charge de la culture (sans tourisme)?
DM : Ce sont des choix politiques ! Je crois qu’ils ont des raisons d’avoir choisi cette dénomination et je n’ai rien à reprocher à ça. Tout ce que je sais, c’est que les artistes attendent beaucoup du nouveau ministre. S’il est vraiment venu pour travailler, il aura du travail; ça au moins c’est sûr ! En plus des problèmes au BBDA, les créateurs que nous sommes avons aussi besoin d’innovations et à beaucoup d’endroits. Nous souhaitons qu’il engage une large concertation au niveau des acteurs culturels. Mais avant, il faudrait d’abord qu’il s’imprègne des réalités du terrain avant de prendre des décisions. Le fait de ne pas être du milieu culturel, il y a forcement des choses qu’il ne maîtrise pas.
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