Face aux violences sexuelles dans le sport, des athlètes français appellent à « briser le silence »

Face aux violences sexuelles dans le sport, des athlètes français appellent à « briser le silence »

Dans une tribune au « Parisien », des sportifs de haut niveau, dont la skieuse Marie Martinod et le judoka Teddy Riner, réagissent aux récentes révélations sur le milieu du patinage français.

« Nous ne pouvons plus nous taire ! Il est temps d’agir collectivement et de prendre conscience que briser le silence, c’est aussi servir le sport. » Dans une tribune publiée dans Le Parisien du mercredi 5 février, plusieurs athlètes français de haut niveau appellent à « donner de la voix » à la suite des révélations sur les abus sexuels dans le milieu du patinage français.

« Les révélations récentes d’agressions sexuelles subies par plusieurs jeunes sportifs font trembler le système et réveillent notre colère », écrivent les membres de la commission des athlètes de haut niveau du Comité national olympique et sportif français, parmi lesquels figurent les skieuses Marie Martinod et Ophélie David, la danseuse sur glace Nathalie Péchalat et l’escrimeuse Astrid Guyart.

« Si nous prenons la plume aujourd’hui, c’est que nous nous sentons responsables, écrivent les athlètes. Ce sont nos quêtes de médailles qui façonnent en partie les rêves de performance des plus jeunes et qui les conduisent à pousser la porte d’un club. (…) Nous nous sentons aussi responsables, car il nous est tous arrivé d’avoir des doutes, des suspicions, des bribes d’informations… Le flagrant délit est rare et il n’est pas simple de savoir comment réagir face à une intuition ou une rumeur. »

Créer une cellule d’écoute des victimes indépendante

Dans la tribune, ils plaident pour « la création d’une cellule d’écoute des victimes, indépendante des fédérations », ainsi qu’un contrôle systématique des casiers et antécédents judiciaires « des bénévoles, des entraîneurs et des dirigeants de clubs et de fédérations ».

Les signataires, dont font également partie la star du judo Teddy Riner ou encore la joueuse de tennis Tatiana Golovin, appellent aussi à mettre en place des « actions de formation, de sensibilisation et de prévention » et des « mesures législatives » pour les personnes impliquées dans des affaires de violences sexuelles.

Ce texte a été publié quelques heures après l’annonce de l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris, pour « viols » et « agressions sexuelles sur mineurs par personne ayant autorité sur la victime ». Le scandale a éclaté avec la publication, jeudi, d’un livre témoignage de Sarah Abitbol, qui fut dix fois championne de France de patinage artistique en couple, multimédaillée européenne et mondiale en couple. Dans Un si long silence (éditions Plon), Sarah Abitbol accuse son ancien entraîneur, Gilles Beyer, de l’avoir violée alors qu’elle était âgée de 15 à 17 ans, des faits qui se seraient produits entre 1990 et 1992, une période en principe couverte par la prescription.

Vendredi, Gilles Beyer, 62 ans, a reconnu « des relations intimes » et « inappropriées » avec Sarah Abitbol, lui présentant des « excuses » que cette dernière a refusées. D’autres anciennes patineuses ont émis des accusations contre Gilles Beyer et d’autres entraîneurs.

Également mis en cause pour sa passivité, le président de la Fédération française des sports de glace, Didier Gailhaguet, a été appelé lundi à la démission par la ministre des sports, Roxana Maracineanu. Il doit s’exprimer mercredi à l’occasion d’une conférence de presse, mais a fait savoir dès mardi soir que la question de sa démission ne serait pas tranchée avant la fin de l’inspection diligentée par le ministère.

Le Monde avec AFP

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