Issouf COMPAORE

Issouf COMPAORE

Voilà belles lurettes que beaucoup de mélomanes et bien de sympathisants ont perdu vos traces. Dame rumeur a circulé dans tout le pays et à chacun, son commentaire à propos de votre absence. Selon certaines langues, vous seriez allé au pays de Barak Obama pour chercher fortune. D’autres affirment que vous êtes en Italie…bref ! Qu’en est –il  exactement?

Oui bon. C’est vrai que j’ai beaucoup voyagé ; quelques fois pour longtemps mais je suis toujours revenu. Je suis allé aux ETAT UNIS, mais ce n’était pour chercher fortune. Je ne suis pas tellement attaché à l’argent à ce point, encore moins à la fortune. D’abord que faut-il entendre par chercher fortune ?. Je puis vous dire que depuis 2004, je suis le responsable de l’orchestre de la Présidence du Faso. J’ai eu l’honneur d’être choisi parmi les artistes qui du Burkina de ma génération  pour former , organiser et diriger cet orchestre.

C’est vrai que vous vous êtes beaucoup absentés du pays, mais il n’y a pas que ça. il y a aussi le fait que sur le plan musical, vos traces se sont refermées. Pourquoi ? Êtes-vous en manque d’inspiration ou s’agit-il d’une simple retraite musicale ?
En fait les gens croient que je ne suis plus dans la musique mais en réalité je n’ai pas abandonné la musique. Après l’album zénabo, j’avais choisi de mon plein gré de privilégier la musique de communication, de sensibilisation. C’est ce que j’ai fait véritablement pendant une dizaine d’années voire même une quinzaine d’années. Les gens avaient l’habitude de me voir sur scène mais cette fois, j’ai choisi de travailler dans les provinces, je fais beaucoup de tournées. Je fais au moins trois le tour du Burkina faso au compte des organisations internationales comme l’UNICEF, pour la marche mondiale des femmes, pour l’éradication du ver de Guinée, pour la lutte contre le SIDA, la protection de l’environnement. J’ai voulu quand même un moment donné revenir sur la scène pour faire la musique grand public mais ce n’est pas facile car il faut énormément d’argent. Comme j’ai toujours rechercher l’excellence, le travail bien fait même si la perfection n’est pas de ce monde, je travaille durement pour revenir et mettre sur le marché un album d’assez bonne facture.

Comment appréciez vous la musique ?
Bon la musique a évolué. C’est vrai. Il y a eu à la base un travail qui a été fait. J’apprécie énormément votre question .Quand les gens pensent que nous avons été les pionniers mais ce n’est pas vrai. Nous avons bâti sur les traces des autres tels Tidjanne Coulibaly , Maurice Simporé, Koyaté Soutigui, Salembo, Thomas Kombemba, etc. ça il ne faut l’oublier !. Il a fallut le travail de ces aînés pour que nous puissions faire quelque chose aujourd’hui.
J’apprécie bien ce qui est fait en matière de musique aujourd’hui car il y a énormément de talent au Burkina Faso bien que ces talents soient mal exploités du fait du manque de l’encadrement et de l’organisation. Il y a de la matière aujourd’hui et il faut se réjouir de voir beaucoup de jeunes s’intéresser de plus en plus à la musique.

Qu’est-ce qui a manqué à notre musique d’hier et qui constituait des entraves à sa promotion et sa percée sur la scène internationale ?

Moi je dirai que ce n’est pas seulement la musique de notre temps même celle d’aujourd’hui n’a pas encore percé les frontières. Notre musique n’est pas encore connue à l’extérieure. Il faut avoir le courage de le dire, beaucoup reste à faire dans le cadre de la promotion de la musique burkinabé. Je disais tantôt qu’il y avait énormément de talents au Burkina. Mais nous le talent seul ne suffit pas !. La musique est une industrie aujourd’hui. La musique se vend et il y a beaucoup qui vivent de ça. Il faut que cette chaîne s’organise au niveau du Burkina Faso afin de pouvoir exporter notre musique. Si nous ne sommes pas connus comme les autres musiciens ivoiriens, maliens, guinéens et autres parce qu’il nous manque des gens organisés autour des musiciens qui puissent les vendre à l’extérieur. C’est ça le problème. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de bons musiciens ou que nous sommes moins talentueux. Notre industrie musicale n’a pas encore atteint cette force qui doit booster la vente des artistes burkinabé à l’extérieur, les faire connaître, les faire participer à des festivals. Il faut trouver des gens qui sont capables de vendre les musiciens sur les grands marchés de musique.

Aujourd’hui comment comptez-vous reprendre votre activité ? en vous vous adaptant à l’ère du numérique ou en continuant avec les instruments classiques ?
La technologie a évolué et il faut faire avec. Aujourd’hui les nouvelles technologies permettent de travailler plus sainement et d’avoir beaucoup de possibilités et plus de facilités que nous l’avions à l’époque. La question c’est de savoir maintenant comment concilier  technologie et  talent. Il faut le dire, le numérique n’est pas la solution à tout. Sans talent, on a beau abusé du numérique, ça va se sentir. Quand vous écouter Zénabo, vous sentez qu’un travail sérieux a été vraiment fait.

Un statut pour les artistes :  tel est le rêve de nombreux artistes burkinabé. Quel est votre avis à ce sujet . ?
C’est important ! c’est la référence. Il faut les gens sachent quelle est la place de l’artiste  dans le développement de notre pays. Mais ceci dit, je crois pas que le simple fait de disposer d’un statut puissent propulser nos affaires. Moi je ne pense pas ! Le statut est nécessaire mais avant ça, il faut les gens acceptent se sacrifier un peu, il faut travailler. On ne vend pas ce qu’on a pas !

Quels conseils donner à la jeune génération montante pour que notre musique soit au top des hit-parades internationales ?
La première des choses qui doit venir à l’esprit quand on parle d’un artiste musicien, c’est d’abord le talent. Est-ce qu’on a le talent pour faire la musique ? ça c’est important ! Et s’ils ont du talent, ils doivent travailler. Le succès en musique n’est pas à 90% de musique et 10% de travail. C’est pas vrai ! c’est le contraire ! c’est 90% de travail et 10% de musique. Quand on a un peu de talent et qu’on travail, on aboutit à un résultat. Mais là les gens ne travaillent pas ! Aujourd’hui, il suffit à un artiste d’aller voir un Home Studio, avec un peu d’argent et on vous fait une petite musique et vous chanter n’importe quoi. Vous vous débrouillez pour faire un clip et vous voilà à la télévision. Et votre carrière s’arrêter justement  à la télévision. Mais quand vous écouter ces gens chanter, vous savez qu’il leur manque le talent, parce que ça ne plaît pas. Il y a beaucoup de choses comme ça qu’on diffuse à la télé. Un chanteur, quoi qu’on dise, c’est d’abord la voix .

Vous êtes un des pionniers de la musique burkinabè, quelles suggestions aimeriez-vous faire au ministre de la culture pour une meilleure éclosion musicale afin que l’artiste puisse vivre de son art ?
( Rires ) Ecoutez !  il y a beaucoup de gens qui travaillent déjà autour du ministre de la culture
Je dis qu’il faut une volonté politique et je sais qu’elle y ait déjà. Depuis un certain nombre d’année aussi  le Ministère de la culture fait de gros efforts pour soutenir les artistes. Il faut que les artistes s’organisent, qu’ils travaillent. Je crois aussi qu’il faut privilégier la formation, aider par exemple 500 artistes à atteindre un niveau qualitatif. Si aujourd’hui je vous demande de me donner 5 noms d’artistes musiciens qu’on peut vendre à l’extérieur, 5 noms d’artistes jeunes et vieux confondus, il y en a combien ? Quels sont les noms que vous me donnerez ? Si dans les autres pays comme le Mali et  la Cote d’Ivoire, on en trouve une panoplie, c’est qu’il y a eu un travail à la base. Il y a une industrie autour de ces artistes maliens et ivoiriens et qui les aident. Nous avons de bons talents au Burkina, mais il nous manque une industrie capable de nous vendre à l’extérieur. La musique est un métier comme un pilote, un menuisier etc. Je crois qu’il faut d’abord que nous artistes travaillions sérieusement, que nous apprenions bien notre métier. C’est ça la base.

ArtistesBF

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