Kadi SANOGO : Journaliste, Réalisatrice

Kadi SANOGO : Journaliste, Réalisatrice

Cette semaine Artistebf va à la rencontre de Kadi SANOGO journaliste et réalisatrice. Titulaire d’un Diplôme D’Etudes Approfondies (DEA) en cinéma documentaire et anthropologie, Kadi SANOGO bosse depuis 2011 pour la télévision Nationale du Burkina. Le 15 juin 2012, lors de la nuit du communicateur, Kadi SANOGO a confirmé ses talents de réalisatrice à travers son documentaire « le drame des filles mères ». Cette œuvre lui a valu des prix, et la dernière distinction en date est le prix Galian édition 2012. Au micro de notre collaboratrice Paulette, notre invité donne les raisons qui l’ont conduite au cinéma :


Artistebf : pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans le cinéma ?
Kadi SANOGO : j’ai décidé de me lancer dans le cinéma je peux dire que c’est par hasard dans la mesure où j’étais allée en France pour suivre des études de journalisme, quand j’ai eu mon DUT en 1985 au temps de SANKARA, il a décidé de couper les bourses de tous les étudiants en fin de cycle, et nous devions tous rentrer au pays pour travailler. J’étais encore jeune, j’avais 22 ans alors j’ai voulu poursuivre mes études. Heureusement j’avais un oncle à Bordeaux qui m’a aidée. Je ne pouvais plus continuer en journalisme puisque je n’avais plus d’argent, donc j’ai fait une licence et une maitrise en anthropologie à Bordeaux. Par la suite je suis allée à Paris m’inscrire pour un DEA en cinéma documentaire et anthropologie, parce que cela avait un lien avec l’anthropologie. Voila comment je suis arrivée au cinéma par hasard, on peut dire que justement à quelque chose malheur est bon. Si la bourse n’avais pas été coupée, je n’aurais pas eu plusieurs cordes à mon arc je serais juste journaliste.

Artistebf : quel a été votre parcours professionnel ?

KS : après mon DEA, quand je suis rentrée au pays, j’ai fais un stage au FESPACO, puis jai essayé de faire le SNP le service national populaire en demandant à ce qu’on m’affecte dans un lieu où je peux faire du cinéma.jai pu faire de la production à la direction nationale de la cinématographie de 1991 à 1992 pour le SNP. Ainsi j’ai pu assister à de nombreux tournages de film comme stagiaire avec Idrissa OUEDRAOGO, Pierre YAMEOGO, Gaston KABORE …je suis restée par la suite 10 ans dans le cinéma. Entre temps, j’étais à la direction de la cinématographie, pendant 4 ans j’étais dans un bureau, on ne faisait pratiquement rien. Donc en 2001 j’ai décidé d’aller à la télé puisque j’ai un diplôme en journalisme.

Artistebf : « le drame des filles mères », est-ce votre première production en tant que réalisatrice ?

KS : non, quand j’étais à la direction nationale de la cinématographie, le directeur m’avait confié les grands prix de la chanson moderne c’était à Ouahigouya, j’ai réalisé aussi « bobo 94, image de femme », après cela j’ai pu faire grâce à des projets un film documentaire PSADO sur la santé de la reproduction, également « le mariage de BINERE » sur le mariage forcé. Le drame des filles mères, je l’ai tourné en 2011. L’idée de tourner un film sur les filles mères m’est venue en 1995 parce que j’ai constaté qu’à BOBO rares sont les familles dans lesquelles il n’y a pas de fille mère. Le cas de Bobo est vraiment atypique, être fille mère est comme un effet de mode. Donc j’ai commencé à faire des enquêtes en 1995. Faute de moyens financiers, c’est l’année passée que j’ai pu tourner ce film documentaire.

Artistebf : le film est émouvant, avec des témoignages à cœur ouvert et à visage découvert, avez-vous eu des difficultés à recueillir les différents témoignages ?

KS : je n’ai pas eu des difficultés en tant que tel. En études anthropologique on nous à fait savoir que l’insertion est très importante. En janvier 2011, je suis d’abord allée faire le repérage sur le terrain, interroger plusieurs filles prendre des notes. Ensuite je suis allée faire le casting, plus je discutais avec elles, plus elles avaient confiance. Et elles ont accepté témoigner. Mais après la diffusion du film il y en a qui ont eu des problèmes avec leur entourage.
Certaines m’ont appelé pour demander d’arrêter la diffusion, elles passaient souvent à la télé. Il y en a qui regrettaient d’avoir témoigné. Mais disons que l’action sociale de Bobo nous a beaucoup aidés.

Artistebf : Avez vous reçu directement des menaces des familles ?

KS : non pas du tout, je n’ai pas reçu de menace ! Comme le film passait régulièrement, c’est sûr que certaines familles n’étaient pas contentes

Artistebf : Combien de temps a duré le tournage ?
KS : Le tournage a duré 2 jours mais nous avons passé 8 à 10 jours à bobo

Artistebf : ce documentaire a été maintes fois distingué, récemment vous avez reçu un prix galian pour cette œuvre ; un prix galian, qu’est ce que cela représente pour vous ?

KS : vraiment c’est la grande satisfaction pour moi, surtout une satisfaction morale, dans la mesure où dans la carrière d’une personne, que tu sois journaliste ou cinéaste, quand tu reçois une récompense cela veut dire que tu as fait quelque chose de bon. Recevoir une récompense galvanise, ca donne plus de punch pour continuer. Ca va me permettre d’aller de l’avant.

Artistebf : Avez-vous des projets d’avenir ?
KS : oui, je souhaite tourner d’autres films documentaires de 13 mn. Et puis j’ai l’intention de tourner la suite du film. Cela peut être difficile mais je vais tenter de le faire pour m’intéresser aux enfants issus de ces filles mères, ce qu’ils deviennent et les problèmes qu’ils rencontrent.

Entretien réalisé par Paulette

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