Raydmond TIENDRE, réalisateur

Raydmond TIENDRE, réalisateur

Je m’appelle Raymond Tiendrébéogo. Mon nom de cinéaste c’est Raymond Tiendré. Je suis cinéaste de formation .J’ai 21 ans de métier. Je travaille à la Télévision Nationale du Burkina comme réalisateur.

Combien de film avez-vous réalisés à ce jour ?
J’ai beaucoup de cordes à mon arc. Au niveau de la télévision c’est plus d’une vingtaine. Pour ce qui concerne le cinéma, j’ai fait 3 courts métrages dont 1 documentaire, yelsolma (l’interpellation de l’étrange) qui fut l’un des films fantastiques et « le secret » que j’ai adopté du roman de Anselme HIEN. Ce dernier a eu le prix de la meilleure œuvre de fiction au FESPACO 99.

Les films burkinabé depuis belle lurette ne sont plus sélectionnés au Festival de CANNES en France. A votre avis, quelles pourraient être les raisons ?
Il y a deux ans nous étions au festival de cannes. Au cours d’une rencontre, les responsables de cette institution souhaitaient que les films africains soient bien présentés. Cannes s’intéresse surtout à la manière dont le réalisateur fait son film, la manière avec laquelle les acteurs jouent…En Afrique, nous ne faisons pas des œuvres majeures, nous ne tenons pas souvent compte des critères de Cannes. Les moyens nous font défaut. Un film qui aurait coûté par exemple trois cent millions en Afrique ne peut pas se rivaliser avec un film réalisé à 5 milliards avec les meilleurs comédiens du monde. Ce n’est pas possible.

Monsieur Idrissa OUEDRAOGO a eu un de ses films sélectionnés à la Canne. Est-ce parce qu’il a misé Gros ? .
Idrissa Ouédraogo faisait des films à l’époque qui coûtait un milliard. A cette époque, il y avait beaucoup de subventions. Aujourd’hui, nous employons à peine le 10ème de cette somme pour faire nos films. Il en est de même des œuvres de Diop MAMBETY qui a été en compétition à Cannes. Ce sont des œuvres de belles factures.

Que dites vous du cinéma burkinabé ?
Il est aussi à l’image des autres cinématographies. Il eut des moments où le cinéma burkinabé se portait mieux. Mais dès les années 1995, les financements ont commencé à baisser. Les différents Etats hésitent à financer le cinéma. Le Burkina était le seul pays où il y avait la billetterie nationale (billets confectionnés par l’Etat). Le public, pour voir le film paie des tickets d’entrée afin que l’exploitant et le réalisateur puissent en tirer partie de leur investissement. Dans les autres pays, il n’ y avait pas ce dispositif de billetterie. Chaque exploitant de salle fixait ses prix d’entrée à souhait. Je peux faire par exemple mon film et je l’envoie au Mali. Après projection, l’exploitant, malgré la salle archi-comble me déclare qu’il y a eu seulement 2000 frs de recettes. IL n’ y a pas de retour sur l’investissement. Avec une telle pagaille, les banquiers n’ont jamais voulu s’engager. En Europe, tout est différent et c’est bien organisé.

Mais comment comptez-vous rassurer les opérateurs économiques, les amener à investir dans le cinéma ?
Pour moi, le cinéma n’est pas une valeur marchande en tant que telle. Les gens font trop de confusions au Burkina. Quand l’Etat veut se désengager, on dit qu’il faut privatiser, il faut que les opérateurs économiques s’engagent. Mais le film est d’abord un bien culturel avant d’être commercial. Au Burkina, nous nous abattons sur des opérateurs économiques qui, en réalité ne sont que des commerçants, des importateurs – exportateurs qui veulent leur bénéfice immédiat, qui souhaitent même que le peuple ait faim afin qu’il puissent réalisé leur plus grand record de vente. Faut pas rêver !. Notre cinéma en vérité fonctionne grâce aux subventions de la Coopération Française, de l’Union européenne. Je suis bien d’accord avec le Directeur Général des Arts de l’Afrique du Sud qui dit : ” C’est un non sens morale économique et politique de compter sur quelqu’un d’autre pour qu’il puisse financer votre culture.”

Les comédiens pensent que les cachets que vous leur offrez n’est pas très consistant. Quel est votre avis ?
J’aurais préféré qu’ils disent qu’ils n’ont pas suffisamment de formation ni de technique même pour exprimer ou incarner les personnages. Le problème est récurant. Comme je disais, les subventions ont baissé. Si au départ le budget prévisionnel de votre film faisait 100 millions et 4 années plus tard, nous ne recevez que 45 millions. Il est clair que vous allez revoir le budget à la baisse y compris le cachet des comédiens. Si vous vous entêtez à garder les 100 millions, vous n’irez même pas en salle de montage. Les films sont une occasion pour que les comédiens se fassent repérer par des grandes maisons qui ont plus de moyens. Il arrive que le producteur se retrouve même avec des dettes. C’est ce que les gens ignorent.

Un dernier mot
Je souhaite qu’on se rende compte au niveau politique, de l’importance du cinéma et de l’audio visuel pour un pays. C’est un domaine de souveraineté dans lequel il faut s’investir. Je suis convaincu que le Burkina a tenu haut le flambeau parce qu’il y avait le matériel et les subventions qui nous permettaient à côté d’autres soutiens de faire des films et être les meilleurs en Afrique. Actuellement, le Burkina ne donne presque rien, nous sommes à la traîne et nous voulons être premier. Ce n’est pas possible !

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