La chefferie traditionnelle burkinabé vue par le Naaba BAONGO de Gourcy

La chefferie traditionnelle burkinabé vue par le Naaba BAONGO de Gourcy

Comment faire en sorte que la chefferie coutumière apporte sa contribution au développement socio-économique du pays et à une meilleure régulation sociale?


Je suis le Naaba Baongo de Gourcy, Président de l’Association “Racine”. C’est une association qui réunit les chefs coutumiers de toutes les régions du Burkina, des professeurs d’Université et des chercheurs qui s’intéressent au problème coutumier. Racine signifie le retour aux sources, c’est la valorisation de nos coutumes en ce qu’elles ont de très positif.
Avant que la colonisation arrive, nos royaumes étaient gouvernés, nous étions structurés et il y avait des institutions. La colonisation française a eu une approche différente de la colonisation anglaise. La colonisation française était très assimilationniste et a voulu entrer en conflit direct avec la chefferie traditionnelle. Ce qui est totalement différent de l’attitude que la colonisation anglaise a eue dans ses colonies. La colonie anglaise était plutôt ce qu’on appelait “indelectrone”; elle a tenu compte de l’existant et a travaillé avec les structures traditionnelles existantes. Dans les colonies anglaises la chefferie a été renforcée contrairement aux colonies françaises où elle a été presque entièrement détruite; on a cherché à la réduire, à l’assimiler. Ce n’est pas d’ailleurs étonnant puisque les français ont décapité leur roi pour entrer en révolution. Partout où ils arrivent, ils estiment que cette chefferie ne va pas dans le sens qu’elle souhaite. Ce qui fait que malheureusement, l’histoire de la chefferie traditionnelle au Burkina et celle de l’Etat moderne a toujours été une histoire conflictuelle. Au niveau de “Racine”, nous prônons de travailler vers la complémentarité. La chefferie traditionnelle au Burkina a fait preuve de résilience malgré les attaques et le souhait de la détruire, elle a résisté et elle existe toujours. Si elle existe, ce qui signifie qu’elle répond quelque part à quelque chose de profond au niveau des populations; et il faut le reconnaître. Au lieu de continuer d’entretenir cette atmosphère de conflit entre l’Etat moderne et la chefferie traditionnelle, travaillons plutôt à rechercher des voies de complémentarité et ces passerelles existent. “Racine” s’est engagée à faire un plaidoyer pour aller dans le sens de la complémentarité. Reconnaître le rôle que la chefferie traditionnelle peut jouer dans la régulation sociale et ne pas recourir uniquement à la chefferie traditionnelle que lorsqu’il y a des crises.
Propos recueillis par Glawdis ROSEMONDE

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