Le mouvement « SENS », une rébellion contre les idéologies importées

Le mouvement « SENS », une rébellion contre les idéologies importées

«  Servir Et Non se Servir », c’est le mouvement  que dirige depuis Août 2020, Me Guy Hervé KAM, l’ex-porte parole du mouvement Balai Citoyen. Le Mouvement « SENS » qui se veut authentique prône des modèles économiques et politiques endogènes et  adaptés aux réalités africaines. Se voulant également une rupture d’avec les idéologies importées,  le mouvement  « SENS » tire son fondement dans les valeurs culturelles africaines.

Me Guy Hervé KAM que nous avons rencontré nous entretient sur ce mouvement dont il est  le Coordonnateur depuis  Août 2020.

ArtistesBF  (ArtBF) : « SENS,  pour : « Servir Et Non se Servir », c’est à la fois le nom de votre mouvement  et votre slogan aussi. Pourquoi parlez-vous de mouvement au lieu de parti politique ?

Hervé KAM (H.K) :Lorsque nous lancions le mouvement SENS en Août 2020, nous partions d’un constat que la classe politique dominante depuis une quarantaine d’années avait échoué, qu’elle avait fini de jouer son rôle historique.

Lire aussi : Son analyse sur les démissions en cascade des militants des partis politiques à chaque changement de régime.



Le deuxième constat, c’est qu’il y avait un désamour entre les citoyens burkinabè dans leur majorité et la chose politique. Ce désamour se manifestait par l’éloignement des personnes que nous considérons comme étant des vrais patriotes, des personnes très jalouses de leur crédibilité et qui ne voulaient pas s’intéresser à la chose politique à proprement parler. Mais en même temps, nous étions convaincus et nourris en cela par l’héritage que nous a laissé le Président Thomas SANKARA que le problème étant politique, la solution ne pouvait être que politique. A partir de ce moment, nous nous sommes engagés avec un certain nombre de compatriotes Burkinabè et Africains à lancer un mouvement qui se voulait donc le creuset  de l’engagement des différentes forces patriotiques qui  pouvaient exister dans notre pays et en Afrique. Il  ne s’agissait pas en ce moment de créer un parti politique. Très souvent, Un parti politique est normalement l’aboutissement d’un processus. Mais au Burkina comme les partis politiques sont devenus en réalité comme des entreprises au service d’un individu, quelques personnes s’asseyent et créent leur parti politique et vont à la conquête du pouvoir pour ne pas dire à l’achat des militants. Au mouvement « SENS », nous avons choisi de ne pas suivre ce schéma. Mais plutôt de lancer une organisation ouverte, d’entreprendre des discussions avec des burkinabè engagés ou non dans la politique pour évoluer ensemble vers une organisation ou  la création d’un parti politique.

Voilà  pourquoi, « SENS » est toujours un mouvement et nous travaillons à son élargissement et à son renforcement à la base.



ArtBF :Quel  type d’idéologie prônez-vous au niveau du mouvement SENS ?

H.K :La création du Mouvement « SENS » est en quelque sorte une rébellion contre les idéologies dominantes tels le capitalisme, le socialisme, le libéralisme, le communisme bref … toutes ces idéologies en « ISME ». En réalité, ce ne sont pas des idéologies auxquelles nous croyons parce que ce sont des modèles importés qui ont été conçus en dehors de nos réalités. En Afrique, nous avons aussi notre théorie politique du développement. Notre appel aujourd’hui est que la classe politique s’approprie son contexte social, réfléchir et à proposer des théories politiques endogènes et qui tirent leur fondement dans nos valeurs culturelles.

L’homme politique a une conviction, il a une connaissance de la société dans laquelle il vit. Karl MAX ou Lénine n’étaient (n’était) pas des prophètes mais des personnes qui ont réfléchi et conçu des théories économiques et politiques. Aujourd’hui, d’autres personnes peuvent également réfléchir et concevoir des théories politiques et économiques pour le Burkina 2022. Donc, c’est sur ce chantier que nous invitons les burkinabè à se mettre ensemble pour réfléchir  et proposer des modèles économiques et politiques adaptés  afin de nous permettre de sortir dans la situation dans laquelle nous trouvons actuellement.

ArtBF :En quittant le balai citoyen pour le mouvement « SENS », n’avez-vous pas l’impression d’avoir fragilisé  une lutte qui incarnait l’espoir de toute une génération ?

H.K :Non ! Je ne pense pas. Nous considérons aussi le balai citoyen comme une école de formation politique. Notre objectif était de dire que ceux qui partagent des valeurs d’intégrité, de patriotisme, d’engagement et qui souhaitent le partager sur le plan politique devraient aller en politique. Ceux qui ont ces valeurs et qui estiment qu’ils doivent rester dans un rôle de veille, qu’ils restent dans le rôle de veille. Ceux qui ont ces valeurs et qui estiment qu’ils doivent aller dans les organisations de développement, peuvent également  le faire.

Pour nous, l’élément fédérateur n’était pas le nom du Mouvement ; mais plutôt les valeurs que nous partageons. Et notre succès n’était pas d’avoir tous les burkinabè qui partagent ces valeurs dans un mouvement d’organisation civile qui s’appelle Balai Citoyen mais de faire en sorte que le Burkina soit inondé de personnes intègres ou qui partagent toutes ces valeurs tantôt évoquées et qui pourraient faire éventuellement leur passage à l’école du Balai Citoyen. C’est sur ce point de vue que nous avons travaillé. Lorsque nous nous sommes retirés, d’autres personnes non moins militantes ont pris le relais et je sais qu’ils font et feront ce qu’ils peuvent avant de laisser le mouvement à d’autres générations.

Propos recueillis par Patrick COULIDIATI

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