Pour la pérennité de nos espaces culturels …

Pour la pérennité de nos espaces culturels …

C’est un espace qui grouille quotidiennement de monde. Les étudiants, les metteurs en scène, les comédiens, tous y affluent pour une formation, une création ou pour une répétition théâtrale. En ces périodes mortes d’activités artistiques, caractérisées par une extrême rareté de tournages, GAMBIDI se positionne pendant ce temps comme l’Eldorado des acteurs culturels. Nous y avons fait un tour et le constat est réconfortant. Voici d’abord les explications du propriétaire des lieux, Claude GUINGANE


“C’est vrai que la communication est essentielle mais nous avons l’habitude de travailler sans communiquer. C’est une culture que nous avons développée, une vieille habitude qui ne se perd pas facilement. Nous travaillons à faire venir des professeurs pour former les jeunes. La formation dure trois ans; mais c’est une activité ingrate parce qu’elle ne nous apporte pas du tout. Avec le théâtre, c’est un combat qui n’est pas toujours gagné, il faut donc continuer de former et mettre sur le marché des jeunes bien formés pour porter notre culture.”
Claude GUINGANE, AdministrateurA cette date, l’Espace Gambidi est à sa 4è promotion. Les cours ont déjà démarré depuis 3 mois et c’est parti pour 3 ans de formation. Mais l’Administration GAMBIDI doit rechercher un manque à gagner à hauteur de 90%. ” Nous demandons aux étudiants qui sont là, de payer 110 000 frs CFA par an; ce qui représente à peu près 10% du cout normal de leur formation. Donc nous travaillons à trouver de l’argent comme on peut pour aider ces jeunes à ne payer que 110 000 par an”.
C’est véritablement un sacrifice voire une passion. Autrement, avec 110 000 frs CFA par étudiant, il est difficile d’honorer la facture des formateurs qui viennent pour la plupart de l’extérieur. Comment se débrouille l’adminisration GAMBIDI ? Claude Guingané dévoile la stratégie.” C’est vraiment insuffisant ! Nous faisons un travail de démarchage auprès des représentations diplomatiques ou à partir des appels à proposition à l’international et souvent, la chance nous sourit “.
Au-delà de ces démarches parallèles, Gambidi bénéficie du soutien du Ministère de la culture, des Arts et du Tourisme de son pays (15 Millions en 2015). C’est d’ailleurs grâce à ces soutiens que l’Espace GAMBIDI a pu accueillir et diffuser de nombreux spectacles dont “l’autopsie” de Stanislas DRABO.
En attendant un vrai soutien institutionnel et annuel comme le souhaite les premiers responsables, la formation est “NO STOP” à GAMBIDI. Nancy FURST et Emmanuel POUILLY de l’Accademia Teatro Dimitri en Suisse, sont en plein cours introductif Nancy FURST : Formatricesur les jeux clownesques aux étudiants de la 3ème année. Nancy FURST, l’une des formatrice nous en parle ” Nous sommes au Burkina pour 10 Jours. C’est surtout Emmanuel POULY qui enseigne “le plaisir du jeu”, une discipline qui est une entrée fondamentale dans l’apprentissage des jeux clownesques. Moi j’enseigne aussi une petite partie qui consiste à préparer physiquement l’acteur. C’est un cours assez particulier parce qu’il intègre le jonglage avec des balles. L’objectif de ce jeu c’est de découvrir le plaisir de perdre, le plaisir d’être ignorant ou le plaisir d’être complètement maladroit et de l’accepter. C’est ça le clown, il est maladroit et très stupide”.
Scène de jeux  clownesquesEn retour le couple Suisse dit avoir découvert au Burkina quelque chose d’édifiant “On nous a expliqué quelque chose. Il semble que les burkinabé aiment se taquiner entre eux à travers la parenté à plaisanterie. J’ai trouvé cela très enrichissant et formidable”.
L’Accademia Teatro Dimitri selon Nancy FURST reçoit des stagiaires de diverses nationalités parmi lesquelles figure d’ailleurs en année de Master Charles TIENDREBEOGO.
A l’Espace GAMBIDI, c’est aussi les cours de xénographie. Après donc les cours de jeux clownesques, l’honneur est revenu aux étudiants de la 4ème promotion. Papa Papa KOUYATEMahamoudou KOUYATE, décorateur de cinéma et xénographe de formation explique le contenu du programme à ce niveau : ” Mon cours va consister à apprendre aux élèves que la xénographie est l’étude de l’espace théâtral pour qu’une création puisse se réaliser dans les meilleures conditions possibles”.
Selon Papa Kouyaté, ces élèves doivent être capables à la fin de la formation de situer la place de la xénographie dans la création théâtrale car “ce sont des élèves très intéressés, très titillant et curieux de savoir”, nous a laissé entendre Papa KOUYATE.
Etudiants de la 4è promotionTous les ingrédients semblent bien réunis pour donner un cocktail d’ambiance et de convivialité à GAMBIDI où d’ailleurs enseignants et étudiants sont devenus de bons complices. Adjaratou SAWADOGO, étudiante en 3ème année ne cache pas sa satisfaction quant au contenu du cours ” C’est très important. Le théâtre est un carrefour où on trouve tout : jeux d’acteurs, danse, concentration, xénographie et tout cela concourt à notre formation”. De l’avis de Gaël, cet étudiant de nationalité congolaise ” la xénographie est une discipline incontestable; sans la xéno, il n’y a pas de théâtre”. “C’est très intéressant d’avoir un professeur comme Papa KOUYATE “ nous a affirmé Natacha BERE de la 4è promotion
Ce bref survol sur les activités de l’Espace GAMBIDI montre ce dont sont capables les espaces culturels Burkinabé en matière de création et de diffusion de spectacle. Ainsi, du CITO au CARTEL en passant par l’ATB, les récréâtrales et le Centre Culturel Burkinabé, tous ces espaces peuvent faire rêver si, comme le dit Jean Claude GUINGANE, le soutien du ministère de la culture en direction de ces centres était constant et annuel. Vivement donc que le département en charge de la culture, des Arts et du tourisme puisse répondre à ce vœux pour la pérennité de nos espaces culturels.
P.K

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