A quand un statut administratif pour les Rois et les chefs coutumiers du Burkina ?

A quand un statut administratif pour les Rois et les chefs coutumiers du Burkina ?

Les chefs coutumiers face aux défis de la paix et de la stabilité au Burkina Faso : intégration des autorités traditionnelles dans les systèmes de gouvernance démocratique : enjeux, défis et perspectives” tel était le thème de la 8è édition des “Nuits d’hommage” dédiée aux Chefs coutumiers par l’artiste musicienne Abibata NANA. En marge de cette soirée d’hommage”, une conférence a été animée dans la matinée par le Professeur Albert OUEDRAOGO sur le rôle et la place des chefs coutumiers dans le processus démocratique actuel au Burkina. C’était le 26 mai 2016 à ODAS AFRICA avec une forte participation de chefs coutumiers.


La salle de conférence d’ODAS AFRICA située à l’arrière cour de la maison du peuple de Ouagadougou a refusé du monde le 26 mai dernier. En effet, c’est cette salle qui a servi de cadre d’échanges entre le Professeur Albert OUEDRAOGO et les chefs coutumiers. La nécessité d’une telle rencontre tient du fait, selon la promotrice, qu’au Burkina Faso les chefs traditionnels jouent un rôle de premier plan en temps de paix comme en temps de conflits. ” Le Chef coutumier est un facteur essentiel de stabilisation sociale (…) Les sociétés qui ont su composer avec ce facteur essentiel sont en avance. Pour leurs services rendus à la nation et leurs multiples sollicitations dans la résolution des crises socio-politiques, les autorités coutumières méritent que des hommages leur soient rendus” avait martelé Abibata NANA lors de la première conférence de presse en prélude à la nuit d’hommage.
Il s’agit pour la promotrice de permettre aux autorités coutumières présentes (plus d’une cinquantaine) d’échanger à travers cette conférence publique sur les préoccupations qui sont des leurs et de réfléchir sur le rôle et la place de la chefferie traditionnelle afin qu’elle puisse mieux participer à l’ancrage de la démocratie au Burkina Faso.
naaba2.jpgPour le Naaba BAONGO de Gourcy et Président de l’Association “RACINE”, cette conférence rentre en droite ligne des objectifs de son Association.
” Je suis le Naaba Baongo de Gourcy, Président de l’Association “Racine”et le professeur Albert OUEDRAOGO en est le Secrétaire Général. C’est à ce titre que nous avons été invités à cette nuit d’hommage à animer une conférence sur la chefferie coutumière et la démocratie. Comment faire en sorte que la chefferie coutumière apporte sa contribution au développement socio-économique du pays et à une meilleure régulation sociale?”
Comment appréciez-vous cette initiative de Abibata NANA?
D’abord, je félicite Madame Abibata qui est à sa 8ème édition. Le fait de rendre hommage aux chefs coutumiers est une très bonne initiative. Cela rentre en droite ligne des objectifs de “Racine” qui vise à réhabiliter et à promouvoir nos valeurs culturelles et traditionnelles en ce qu’elles ont de positif.

Quant à la Place de la chefferie dans la politique, Sa majesté dit qu’il faudra d’abord qu’il y ait un statut reconnu à la chefferie traditionnelle afin de pouvoir clarifier son rôle et sa place dans l’arène politique. Selon sa majesté, les Chefs traditionnels de la Côte d’Ivoire et du Ghana ont déjà leur statut et leur rôle, clairement définis.
Bien que la loi ivoirienne ne précise pas pour l’instant les droits indemnitaires pour chaque chef coutumier, il reste à noter que c’est déjà une avancée significative. Comparaison n’est pas raison certes, mais un statut reconnu aux Rois et aux Chefs traditionnels du Burkina est désormais nécessaire. En effet depuis 2011, leur contribution à la résolution des crises politiques et sociales ont démontré leur importance et leur capacité de maintien de la paix. L’indiscipline dans les écoles, l’incivisme et le banditisme qui s’accroissent dans les villes et dans les campagnes tiendraient en partie à cette perte d’autorité coutumière et à l’absence de statut, ce dispositif légal qui devrait permettre à l’autorité coutumière d’agir conformément à ses prérogatives. A quand donc un statut pour les Rois et chefs traditionnels du Burkina pour leur permettre d’exercer pleinement leur fonction et participer à l’approfondissement de notre démocratie ?
Glawdis ROSEMONDE
Lire aussi l’entretien qu’il nous accordé sur la chefferie traditionnelle

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