Serge BAMBARA/SMOKEY, artiste musicien

J’ai démarré le HI-POP dans les années 88-89 à l’époque où les rappeurs se comptaient sur les 5 doigts. (…) Sans gêne, je peux même être très précis si cela n’allait pas créer des frustrations. Mais à l’époque, c’était encore de l’amateurisme puisqu’on le faisait surtout par passion; (…) J’ai mis du temps pour savoir que j’étais vraiment un artiste. Je n’ai pas été le genre d’enfant qui rêvait d’être policier, ministre, mécano. (…) Après mon cycle secondaire, je me suis engagé dans l’armée; mais très vite, je me suis rendu compte que l’armée n’était pas mon “truc” parce que je croyais que là-bas au moins, c’était la rigolade, un peu comme dans un camp scout où on se retrouve entre amis pour s’éclater. J’ai découvert que l’armée était plutôt la discipline, l’ordre à obéir sans murmure. Une telle discipline ne pouvait pas me convenir car j’ai toujours préféré l’auto – discipline que celle imposée par une tierce personne. J’ai donc quitté l’armée pour faire des études de l’hôtellerie-restauration. (…) Je peux vous dire que je suis plus épanoui quand j’exerce le métier d’artiste parce qu’il y a un challenge pour moi : être libre de créer et rester original. Le meilleur secteur de pouvoir jouir pleinement de cette liberté, c’est le métier d’artiste. (…)La musique burkinabé a évolué forcément. Il y a 50 ans de cela, on n’avait pas toutes les facilités que nous avons aujourd’hui : numériques, facilité d’entrer en studio, facilité de pirater (…) Mais je dis qu’on a aussi perdu. Nous avons perdu le respect sacré de l’art, de la profession. Tout le monde ne pouvait pas faire la musique. Il fallait pouvoir manier les instruments, rouler sa bosse dans tous les orchestres, le fait même de rentrer en studio n’était pas donné à qui veut. Aujourd’hui, tout est différent avec l’avènement des TIC. Il suffit seulement de savoir manier un ordinateur et ça y est. Alors, avec un tel environnement, on peut avoir des œuvres de tous les goûts : bonnes comme mauvaises. (…) Le manager Walib BARRA aime dire que “la conviction se meurt lorsque rien ne nourrit son quotidien”. Je dis que c’est faux ! Au contraire, c’est ceux qui n’ont pas de conviction qui se laissent ébranler par les points de vue d’autrui.

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