Aïda DAO, Artiste Musicienne : " je peux réussir sans eux ... !"

« Je peux réussir sans eux … !  » Ce propos est de l’artiste Musicienne Aîda DAO; une intention qui résume en substance le ras-le-bol et le combat de cet artiste face à l’indifférence des dinosaures du Show biz. Depuis 2000 en effet, l’artiste rame contre vents et marrées pour trouver une maison de production. Jusqu’à cette date, les oreilles des hommes du show biz restent sourdes. Le bras de fer est donc là ; entre des prétendus volontaires à la production de l’album et l’artiste musicienne qui, malgré les prestions masculines refuse mordicus de dénouer le pagne. Poussée à bout de souffle, notre invitée décide de se battre autrement…

Voici l’histoire d’une femme battante qui croit à son talent et à la lutte qui rend libre

Aîda DAO (A.D) : Je me nomme Aida DAO, artiste musicienne chanteuse mais aussi danseuse et comédienne. J’ai dansé avec la troupe Wamdé  et interprété des personnages dans quelques troupes de théâtre. C’est ce qui m’a amené en Belgique avec la compagnie « La Guimbarde ».

J’ai débuté ma carrière musicale et la danse depuis 2000 avec Mousso Gnuma, la troupe Wamdé parce que là-bas, on faisait du théâtre, de la danse et le chant.

Aujourd’hui, Je fais du « Afromandingue ». Je chante en français et en Dioula.

Pourquoi n’avez-vous toujours pas d’album ?

A.D : 20 ans de vie musicale, c’est aussi 20 ans de perfectionnement dont 5 ans dans la troupe Wamdé et 3 ans à l’INAFAC. J’ai continué longtemps à me perfectionner en tant que choriste avec de nombreux artistes comme Hamed Simani, Abdoulaye Cissé, Cheick Tidiane Seck. Ce sont des étapes qui s’inscrivent dans ma vie musicale. Après je me suis dit pourquoi ne pas apprendre à jouer d’un instrument pour agrémenter mes propres compositions ? Et c’est ce qui m’a conduit à l’INAFAC.

En termes de spectacles, de représentations musicales au Burkina, que peut-on retenir ?

A.D : Au Burkina, je suis restée longtemps avec le Kundé Blues.  On a quand même beaucoup joué au centre culturel, au petit bazar au moins une quinzaine de fois. En solo, j’ai participé à une dizaine de spectacles au centre culturel et au petit bazar.  Je chantais avec un violoniste français dans le cadre d’une création de « LA GUIMBARDE ».

20 ans de carrière, ce n’est pas sans difficultés ?

A.D : Il y a des difficultés parce que je n’ai pas eu quelqu’un (une maison de production) pour me produire.

Peut-être que la faute vient de moi parce que de nos jours, avec les réseaux sociaux, on n’a pas besoin d’attendre des gens qui vont te produire ; c’est toi qui dois te faire valoriser, montrer ce que tu sais faire. L’autre aspect, c’est mon côté négligence. Je sais que le talent y est maintenant, c’est à moi de sortir et de me faire découvrir. C’est vrai que j’ai eu à jouer, les gens me félicitent toujours en me disant que j’ai du talent et me demandent si je suis au Burkina. Donc tu vois, je m’en veux à ce niveau. Je comprends que travailler sans manager n’est pas chose facile. J’en avais un qui m’avait proposé ses services. Malheureusement, la collaboration a été difficile.

Les difficultés en tant que femme, ce n’est pas du tout facile. Tu es exposée, il y a des gens qui te font des propositions indéscentes. « Tu n’as pas fait ça …! Tu n’as pas ci …! Et comme tu m’as refusée , je ne peux donc pas t’aider » Voyez-vous ! C’est compliqué.  C’est quand même quelque chose qui m’a choquée. Je croyais que mon talent seul suffisait ! Mais j’ai compris qu’en plus du talent, il faut se donner en contre-partie du travail à faire. On s’en fout de ton talent !

Je vous raconte une anecdote. « Un jour, je suis allée répéter au Remdoogo parce que j’ai eu le grand prix de la chanson moderne et je devais répéter avec les musiciens.  Je rencontre un Monsieur qui me dit oui « Aida tu as grossi. Comme tu ne veux pas de moi… sinon moi je voulais t’aider mais comme tu as refusé je ne peux pas le faire ». Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème .S’il ne peut pas  m’aider, ça ne me dérange pas non plus.

Mon talent est pour moi est un don de Dieu. Je suis convaincue que tôt ou tard, je vais tomber sur une bonne personne, sur de bonnes grâces qui m’ouvriront les portes. Ce n’est pas en me livrant à tout venant que j’avancerai dans mon métier. Si c’est cela, j’avoue que c’est peine perdue.  Je crois en moi, en mon talent, je sais que j’ai du talent et je peux aller très loin. Quelqu’un ne peut pas venir me prendre la tête et essayer de me dominer, de me faire croire que je ne peux pas réussir. Moi je peux réussir sans eux. Voilà …. !

Je suis vraiment dégoutée par de tels comportements. Je sais que tout le monde n’est pas comme ça dans le milieu du Show biz et je me garde de mettre tous dans le même panier. Mais on ne peut pas me berner, je ne suis pas un enfant. J’ai un objectif à atteindre, c’est ce que je vise et je dois avancer quelles que soient les difficultés.

Pourquoi investir dans un restaurent ?

A.D : Quand je voyage, je gagne un peu d’argent et je me suis dit pourquoi ne pas investir. Nous ne sommes pas fonctionnaires, on ne gagne pas de l’argent par mois. Donc quand tu gagnes de l’argent, il faut l’investir même si ce n’est pas dans l’art, ça peut beaucoup aider.

Vous portez deux casquettes  : Restauratrice et Artiste musicienne. Laquelle des  2 casquettes préférez-vous ?                                                                  

A.D : J’aime les deux. Mais si je dois choisir, c’est la musique en premier. La musique ou rien car c’est elle qui m’a tout donné.

Que  souhaiteriez-vous comme soutien ?

A.D : Je souhaiterai qu’on m’aide à valoriser ma chanson. On dit que Dieu passe par l’homme pour aider l’homme. Qu’on me soutienne dans la musique surtout côté production et me permettre de disposer d’un staff managérial pour s’occuper de mes spectacles, de mes voyages à l’international.

Que signifie cette chanson ?

A.D : Je parle de l’Union Africaine, qu’on se donne la main afin de lutter contre les maladies, les guerres. C’est en se donnant la main qu’on peut aller très loin.

Quels sont vos projets ?

A.D : J’ai en projet la sortie prochaine de mon album. J’ai travaillé avec « Rescaprod »  qui m’a enregistré 6 titres. Il y a le restaurant que je mets progressivement en place et bien d’autres projets taraudent actuellement mon esprit.

Aida est-elle un cœur à prendre ?

A.D : Oui je le suis.  Je n’ai pas encore croisé la bonne personne. Nul n’est parfait mais je cherche quelqu’un qui va m’accepter telle que je suis et me soutenir dans mon métier.

Seriez-vous dure de caractère ?

A.D : Je ne sais pas. Peut être quelqu’un pourra vous répondre.

Quel genre d’homme attendez-vous ?

A.D : Un homme qui m’aime. Quand il y a l’amour on peut déplacer des montagnes même si c’est un débrouillard. On peut lutter ensemble pour y arriver. Il y a des hommes modestes qui se débrouillent et qui s’en sortent quand même.

Préférez-vous un homme riche ?

A.D : Je ne recherche pas le matériel ; cela peut finir un jour. S’il a le matériel tant mieux et s’il m’aime tant mieux. Il y a certains hommes qui pensent que c’est à cause de leur matériel que la fille vit avec lui. Mais Il y a des femmes qui n’attendent que le prince charmant, un homme qui fera tout pour elle: là ce n’est pas mon cas. Les femmes doivent chercher à avoir pour elles-mêmes et ne pas compter sur quelqu’un. Même quand on veut un homme stable, il faut quand même chercher pour toi-même. Tu peux devenir comme le riche qui t’a épousé. Et ça, c’est possible quand tu te bats ! Je suis pour l’autonomisation et l’indépendance économique de la femme. Les femmes qui aiment la facilité ou la courte échelle, c’est leur choix ! c’est qu’à un moment donné,  ça fait chier l’homme.

En tant que femme artiste, comment manager votre métier  et le foyer ?

A.D : Je pense que cela doit se faire des deux côtés. II  y a le respect mutuel. Il faut dialoguer et communiquer.  Je peux avoir des concerts qui finissent tard, il faut le dire au conjoint.  C’est pareil pour les voyages qui peuvent durer 1 ou 2 mois de tournées.

Quand tu aimes une personne, tu dois l’accepter car tu aimerais voir cette personne heureuse.

Bien que ce ne soit pas le seul cas dans le show biz, nous souhaitons vivement que le combat de Aïda DAO porte  fruits et serve d’exemple à la jeune génération qui croit pour la plus part que la réussite est au bout de la courte échelle.

Patrick COULIDIATY

 

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