Journée Internationale de la santé mentale : La contribution de la réalisatrice Mouna N’DIAYE.

Journée Internationale de la santé mentale : La contribution de la réalisatrice Mouna N’DIAYE.

Dans le cadre de la journée internationale de la santé mentale célébrée le 10 octobre de chaque année, la comédienne réalisatrice Mouna N’Diaye marquera cette journée spéciale par une série d’activités en faveur des personnes vivant avec un handicap mental. C’est du moins ce qu’elle nous a confié lors de son passage à notre rédaction.

 Initialement prévues pour se tenir à l’Institut Français de Ouagadougou, les activités pour des contraintes de dernières heures  se dérouleront à l’Institut Supérieur du Son et de l’Image / Studio Ecole (ISIS/SE) de Ouagadougou.

Mouna N’Diaye : Alors d’abord je vais juste rectifier. Ce n’est pas la folie mentale, c’est la santé mentale. Voilà parce que la santé mentale regroupe beaucoup de pathologies. Et  souvent, les gens ont tendance à faire l’amalgame entre ce qui est santé mentale et des états de santé mentale. Les autistes par exemple,  c’est un état, ce n’est pas une maladie. La trisomie c’est un état et non une maladie. Maintenant, la bipolarité, la schizophrénie, la dépression, les poussées maniaques sont des pathologies qui peuvent se déclenchées soit parce qu’on a eu un choc émotionnel ou un choc quelconque dans sa vie. Mais la schizophrénie est quelque chose normalement qui se détecte très tôt quand on est enfant. Si la prise en charge est faite  tôt, la personne peut s’en remettre.



Je me suis intéressée à la santé mentale parce que personnellement, j’ai eu des cas de personnes qui souffraient de maladie mentale dans ma famille et ça m’a interpellée. Donc, quand je vois les gens qu’on appelle dans la rue « fous » (entre guillemets), je me pose toujours dans mon fort intérieur  la question « Et si c’était moi ! ». « Si c’était un membre de ma famille,  ma sœur, mon frère … », qu’est-ce que j’aurais voulu qu’on fasse pour moi ?.

Etant donné que l’Institut Français est fermé jusqu’à nouvel ordre. Comment comptez-vous continuer le reste de vos activités ?

Mouna N’Diaye : Vous savez, quand on tombe il faut savoir se relever. Je ne me décourage pas facilement. C’est à l’institut supérieur de l’image et du son  ( ISIS ) qui va accueillir désormais l’événement. Le calendrier est absolument maintenu pour le 10 octobre à 9h à L’ISIS. On va célébrer la journée mondiale de la santé mentale. Tout le monde est convié. Il y aura des personnes vivant avec un handicap mental (autiste, de trisomie, trouble du comportement).  Je voudrais surtout faire un plaidoyer pour la dé-stigmatisation, pour qu’on arrête de dire que c’est la faute à la maman, des propos selon lesquels, la maman aurait fait quelque chose qui fait que l’enfant est autiste. Il y aura la projection de mon film « LE FOU, LE GENIE ET LE SAGE » que j’ai réalisé au Burkina sur le traitement de la maladie mentale, un regard sur toutes les façons dont les gens essaient de soigner leur problème de santé mentale. il y aura des conférences notamment, avec des psychologues et des psychiatres, des témoignages avec des parents qui vivent avec des enfants autistes. Il est prévu de une  exposition photos est également au programme avec Warren Saré. Du 11 au 14 octobre, des ateliers de formation se tiendront au centre de formation des personnes handicapées de la cathédrale.

Artistebf (ArtBF) : Le public pourra-t-il  rencontrer quelques acteurs de votre film ?

Mouna N’Diaye : Malheureusement, il y en a quelques-uns qui sont décédés. L’acteur principal du film même est décédé et je vais en profiter pour rendre hommage à toutes ces personnes qui ont accepté justement de témoigner pour faire ce film.

La réalisatrice en photo de star avec Patrick COULIDIATI



ArtBF : Depuis que vous avez décidé de s’attaquer à ce mal (santé mentale), combien d’enfants avez –vous accueillis pour leur donner de la chaleur humaine ou matériellement ?

Mouna N’Diaye : Je ne compte pas et  je ne peux pas dire non plus. Mais je sais que j’ai déjà initié un atelier de théâtre justement au profit des jeunes filles de la cathédrale ; c’était bénévole. Mais je peux pas toujours le faire parce étant donné que je voyage beaucoup. Cependant, je souhaiterai que cette activité soit subventionnée de sorte que d’autres personnes puissent me relayer intervenir en cas de nécessité. Mon souhait serait de  pérenniser ces activité de théâtre, musique, danse peinture qui sont toutes des activités d’éveil dans ces centre là.

ArtBF : Vous avez lancé un cri de cœur pour construire un centre d’aide à ces enfants différents des autres, à la date d’aujourd’hui, avez-vous enregistré des propositions favorables?

Mouna N’Diaye : Pas encore ! Mais c’est en cours. J’ai contacté pas mal de structures, j’ai fait des demandes mais les choses mettent du temps à se mettre en place. Aujourd’hui, nous arrivons à organiser cette journée avec d’autres associations en partenariat avec des psychologues, des psychiatres, des thérapeutes. Je ne perds pas espoir.

ArtBF : A combien remonte le budget du centre que vous prévoyez construire?

Mouna N’Diaye : Alors là ! C’est quelque chose de très technique parce que c’est   une grosse structure. Je ne m’aventurai pas à vous donner un montant mais j’espère qu’un jour je trouverai soit le budget soit un bailleur ou un mécène.

ArtBF : Quel est votre nouvel appel à l’endroit des partenaires sociaux et autres associations ?

Mouna N’Diaye : J’ai écrit une centaine de lettres que j’ai envoyées à plusieurs  endroits.  J’aimerais bien qu’on me réponde. Et ça me fait penser à une structure où j’ai été pour déposer mon dossier. La personne qui m’as reçue a regardée mon dossier et m’a dit « nos clients ne font pas partie de ces gens-là ! ». C’est quand même terrible parce que « ces gens-là », les gens auxquels la personne fait allusion, avant de se retrouver dans la rue ou de se retrouver à l’hôpital, étaient quelque part, ils étaient peut-être leurs clients. Non seulement, ils se sont retrouvés dans cette situation mais il y en a qui se sont remis tout de même remis de leur mal. Parmi ces « gens », il y a des professeurs d’université, des religieux, des étudiants, des gens qui avaient du travail, qui ont fait une décompensation. et qui sont redevenus normaux.

En 2020 pendant la crise de covid, avez-vous vous imaginé le nombre  de personnes qui se sont retrouvées dans des situations de décompensation, de déscolarisation ? De nombreux enfants ont arrêté l’école parce que c’était insupportable de rester enfermé. Aujourd’hui dans tous ces pays occidentaux ce sont les psychiatres, les psychologues, les thérapeutes qui sont débordés.  Les gens n’ont pas supporté cet enfermement pour cause de Covid et ils ont souffert de l’isolement. Ce qui les a  rendus complètement fous.

La situation donc des personnes qui souffrent de santé mentale nous interpelle tous et c’est pour ça que la journée du 10 octobre est intitulée « Journée internationale de la santé mentale, tous impliqués  au Burkina Faso »

A l’endroit des partenaires, c’est vrai qu’ils hésitent mais je pense que chacun d’entre nous peut donner un peu de son cœur, de ce qu’il a pour qu’on puisse arriver à nos fins. On a besoin de fonds, on a besoin d’argent pour pouvoir mener nos activités et pour pouvoir les pérenniser.

En rappel, Mouna N’Diaye est détentrice de nombreux  trophées au Fespaco 2015, aux  Sotigui Edwards 2016 et  aux trophées francophones se dit  très préoccupée par la situation des personnes vivant avec un handicape mental. Pour en parler, elle  était  dans nos locaux pour nous dérouler le programme

Entretien réalisé par Valérie WANGRAWA

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