Michel BOHIRI, comédien

Michel BOHIRI, comédien

Je suis Michel BOHIRI, artiste comédien ivoirien résidant à Abidjan en Côte d’Ivoire. Je suis marié et père de deux enfants. J’ai commencé par le théâtre, une discipline qui me passionne et qui ne me quitte plus. Je suis présentement au Burkina dans le cadre d’un évènement culturel.
MB: Je remercie Artistebf et je profite de l’occasion pour saluer tous les artistes du Burkina.

Artiste (Art) : A propos justement de votre résidence, des rumeurs disaient que vous vivez plus en France qu’en Côte d’Ivoire.
Michel BOHIRI (MB) : Non ! je voyage pour le besoin de mes activités ; sinon je réside en Côte d’Ivoire . D’ailleurs, toute ma famille réside à Abidjan. Mon premier fils a repris cette année la terminale “C” . La deuxième est encore une gamine ; elle est au pré-scolaire.

Art : Dans la série ” ma famille “, vous êtes présenté comme un homme pas sérieux. Est-ce que ce personnage ne vous colle pas à la peau ? Est-ce qu’aujourd’hui, les filles ou les femmes que vous draguez vous croient ?

M.B : Dieu merci parce que beaucoup de nos compatriotes savent faire le distinguo entre l’acteur et le personnage. Sur ce plan, nous avons moins de problèmes. Autrement, ce n’était pas facile avant parce que les gens pensaient que c’est notre caractère que nous sommes en train d’exposer. Or dans la réalité, nous sommes en train de monter les travers d’un personnage dont nous ne partageons pas la philosophie de vie. Je crois que les gens de plus en plus ont du respect pour le travail que je fais.
Le personnage du film “ma famille” lui colle véritablement à la peau. ”

Art : Avec le temps de tournage qu’a durer la série ” ma famille “, n’avez-vous pas succombé ou flanché au charme de DELTA. Vous ne l’avez jamais draguée ?
M.B : Oui en fait, beaucoup de personnes, jusqu’à ce jour ne croient pas que les rapports entre Aguessi DELTA et moi n’étaient que des relations purement professionnelles. Les gens ont toujours pensé que cette complicité doit avoir sa base dans un réel que nous n’exposons pas. Mais je voudrai leur répondre que si le conducteur de corbillard devait pleurer, verser des larmes à chaque fois qu’il doit accompagner un corps, il serait aveugle avant la fin de sa carrière. Je crois que les gens se trompent. On ne peut pas le faire parce qu’il s’agit seulement de prêter notre corps, nos sentiments à des personnages. Je suis heureux de constater qu’il y a un feed-back; ce qui confirme bien que le message est passé et que nos efforts ne sont pas vains.

Art : Il nous semble que vous voler le temps à madame votre épouse qui reste à la maison pendant que vous passez près de 80% du temps qui lui était imparti à votre métier de comédien. Nous devinons que les débuts n’ont pas été faciles.
M.B : C’est une réalité ! Les relations affectives avec un homme public sont toujours compliquées. Certes, quand on se rencontre, on ne sait pas si c’est la personne publique (l’artiste), qui intéresse l’autre ou c’est la personnalité que nous incarnons qui est visée. Ce qui est sûr, lorsqu’une femme et un artiste décident de faire vie commune, on se rend vite compte que le programme de l’artiste devient de plus en plus pesant pour l’autre partie. En ce moment, il faut que l’autre partie fasse preuve de patience sinon, les relations vont subir un crash..

Art : Il n’y a pas très longtemps, les comédiens étaient considérés en Côte d’Ivoire comme étant des amuseurs publics. Aujourd’hui cette vision nous semble dépassée parce que le comédien de nos jours est plus qu’un amuseur public ; c’est un métier. Vu sous cet angle, peut-on dire que Michel BOHIRI vit pleinement de son art ?
M.B : Même en Côte d’Ivoire, on a catégorisé les amuseurs publics. Il y avait une confusion entre le théâtre et la bouffonnerie, à l’humour en un mot au clown. C’était une vision étriquée du métier de comédien. Mais au fil du temps, le métier de comédien a pris sa place et nous en avons fait une profession. Pour ce qui me concerne par exemple, je ne fais rien d’autre que ça. Ce que je vous dis est une réalité parce que j’ai fait d’abord une école de lettres puis une école de théâtre. Quand on me demande: ” que fais-tu en dehors du théâtre ? Je ris; parce c’est comme si tu demandais à un taximan ce qu’il fait après son travail de taxi. C’est vrai que nous faisons le Show mais nous faisons aussi du business à côté.

Art : Comment sont organisés les comédiens en Côte d’Ivoire ?
M.B : Sur le plan syndical, les comédiens ivoiriens ne sont pas bien organisés ; nous sommes encore à un stade embryonnaire. Par contre, sur le plan individuel, chacun prend à bras le corps le développement de sa carrière. Rares sont les comédiens ivoiriens qui n’ont pas aujourd’hui le minimum vital, “un chez-soi “, ou qui ne disposent pas de véhicule. Certains même en dehors de la cour principale où ils habitent, possèdent une, deux ou même trois maisons en ville. Ce qui veut que les comédiens ivoiriens ont commencé à rentabiliser leurs talents et le métier qu’ils exercent.

Art : Vous dites que les artistes ivoiriens ne sont pas suffisamment structurés, ce qui veut dire donc que vous ne disposez pas non plus de statut et vos cachets sont de ce fait payés à la tête du client ?
M.B : Oui ! Justement ! Le statut des artistes fait partie des revendications que nous voulons présenter au ministère de tutelle pour qu’il nous aide à définir un cadre juridique. Quant au cachet, il est relatif au coût de la vie. Comme tout coûte pratiquement cher à Abidjan, les cachets ont tendance aussi à grimper. C’est pourquoi, les gens pensent que les artistes ivoiriens font la ” tête ” dès qu’on les sollicite. C’est clair ! le réalisateur ne vous donnera pas tout ce qu’il a sollicité comme moyens pour s’occuper de vous. (Rires)

Art : Accepterez-vous les cachets de nos réalisateurs burkinabés ?
M.B : Pourquoi pas ? Il y a ce qu’on donne et la façon de donner. La façon de donner, donne de la valeur à ce qu’on donne. Si je fais venir un artiste qui n’a pas l’habitude des cachets que nous donnons habituellement aux comédiens et sachant bien que je n’ai pas assez d’argent, il faut bien que je prenne des petites mesures d’accompagnement qui flattent…

Art : Comment voyez-vous l’avenir du cinéma africain avec cette crise financière qui a poussé de nombreux réalisateurs vers le numérique ?

M.B : Le cinéma africain doit prendre sa place dans le monde de l’audio visuel. Mais il faut qu’il ait une expression, une spécificité du réel. Le cinéma est une technique mais l’expression cinématographique véhicule un message qui n’est pas forcément universel.
Ensuite, tout métier s’apprend et si tu ne l’as pas appris, tu ne peux pas l’exercer avec efficacité. Ne nous faisons pas d’illusions, le métier du cinéma a des exigences. Tu peux ne pas avoir de moyens pour aller à l’école, mais tu peux apprendre aux côtés des gens qui connaissent.
Comme mot de fin, Je salue tous les internautes d’Artistebf, les artistes burkinabé, de Côte d’Ivoire et du monde.
Bon vent encore à Artistebf

Décembre 2010

Leave a comment

Send a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *