Nouss NABIL, artiste musicien

Nouss NABIL, artiste musicien

Nouss Nabil :Je suis Inoussa OUEDRAOGO à l’état civil, mon nom d’artiste, c’est Nouss nabil. J’ai commencé la musique depuis 1987, quand j’étais étudiant à l’Université de Ouagadougou. C’est finalement en 1999 que mon premier album “DIANA ROSE” est sorti”. C’est cet album qui m’a révélé au public burkinabè. Il y a le fait aussi que j’ai joué dans le film “LA COLERE DE DIEU” d’Idrissa OUEDRAOGO dans le rôle de “RASMANE”. Depuis 2003, j’ai été initié au maniement du violon traditionnel qu’on appelle couramment dans notre milieu le “ROUDGA”. Donc depuis 2008 à nos jours, cela fait 8 ans que je travaille sur le violon traditionnel. Voilà un peu ce qui est de mon parcours professionnel.

Je peux dire aujourd’hui que j’ai tout laissé pour la musique et pour ce qui est du ROUDGA en particulier, je fais un travail de recherche sur cet instrument. J’ai même des communications, la principale est intitulée “NOUSSNABIL et le ROUDGA, parcours initiatique”. J’intensifie mes travaux de recherche sur cet instrument parce que quelque part, je me suis rendu compte qu’il n’ y a pratiquement pas de recherches sur cet instrument de musique qu’est le violon traditionnel (ROUDGA). C’est vrai que j’ai commencé les recherches mais certainement que d’autres pourraient s’appuyer sur mes travaux pour continuer et arriver à de fins très intéressantes.

Artistebf : De quoi parlez- vous dans votre premier album “intitulé Diana rose”?
Nouss Nabil : Diana rose c’était un album d’amour que j’ai réalisé pendant que j’étais à l’université. C’était un peu dans un style d’ambiance, d’esprit d’étudiant, de variété. J’ai chanté pour fustiger le comportement, l’irresponsabilité de certaines jeunes filles ou de jeunes garçons qui passent le temps à jouer des tours aux parents. Diane c’est un nom de fille mais “DIANA ROSE”, est du jargon créé pour se moquer des amoureux.

Artistebf : Parlez-nous de votre tournée canadienne. Comment avez-vous trouvé cette belle opportunité ?
Nouss Nabil: Cette opportunité est née grâce à un projet d’échange culturel entre le Burkina et une province du Canada. C’est dans le cadre de cette coopération d’échange culturel entre cette province et le Burkina que des artistes canadiens lors de la SNC 2010, m’ont repéré. Nous avons même composé quelques mélodies pendant la SNC. Nous avons donc depuis ce temps gardé le contact grâce surtout à Monsieur Dramane KONATE, le Directeur Général de la Francophonie. Puis un jour, j’ai été au Canada pour jouer les 12, 14 et 15 Août. Nous avons composé une chanson sur l’Acadie. L’Acadie est une région nord-américaine comptant environ 500 000 habitants[1], majoritairement des Acadiens, dont la principale langue est le français . Nous avons joué devant plus de 2 000 personnes. Et vraiment, c’était bien.

Artistebf : Vous dites que c’était bien et que le public a apprécié; ce qui veut dire qu’il y a espoir que vous repartiez au Canada pour d’autres éditions ?
Nouss Nabil : Ce n’est pas seulement de l’espoir. C’est même plus que ça ! On reconnaît la valeur du cabri dès son bas âge. Si on peut le vendre un jour à 5000 francs, c’est dès son bas âge que ça se sait ! Lorsqu’un artiste finit son spectacle et que les gens restent toujours débout et continuent de l’ovationner, c’est que c’est un bon signe ! C’est un signe de satisfaction. Franchement, j’ai senti que mes instruments traditionnels (calebasse, violon traditionnel, cora) ont beaucoup impressionné le public et ont beaucoup contribué au succès de toutes les soirées au cours desquelles j’ai eu à prester. J’avais pris soin d’apporter avec moi un certain nombre de violons traditionnels; mais je vous avoue que tous ont été achetés par des professeurs de musique et autres spectateurs. Je me réjouis d’avoir fait connaître ses instruments traditionnels au delà des frontières burkinabés et ça, c’est toute la musique et la culture burkinabé qui sont vues au Canada. Je suis persuadé que nous avons assez de potentialités en matière de musique et des perspectives pas seulement pour moi, mais pour la musique burkinabè dans son ensemble.

Artistebf : Malgré tout, la musique burkinabé n’est pas sans difficultés dans le cadre de sa promotion

Nouss Nabil : Oui ! je pense que la difficulté majeure de l’artiste musicien se situe à plusieurs niveaux :
On a d’abord des difficultés de production. Je ne parle pas de musique facile où on se fait assister par des instruments électroniques en studio. Je parle de la création qui vous prend souvent des mois (3 à 4 ) à la recherche de la qualité.
Ensuite, il y a l’étape de l’enregistrement. Là encore il y a des charges à honorer (frais de studio)
Enfin, la duplication et la diffusion.
Aussi il y a un problème de diffusion sur l’international. C’est vrai que l’Etat tout seul n’y arrivera pas; mais il y a nécessité cependant d’asseoir une véritable politique à même de permettre aux artistes de mieux vendre leur musique à l’extérieur.

Artistebf : Pour ce qui est des spectacles au Burkina, par quel canal les trouvez- vous ?
Nouss Nabil : Vraiment, je peux dire que sur ce plan , il y a plein de coups bas. En ce qui me concerne, j’ai rarement des spectacles, parce que je vis à Bobo. Je peux “taper” une année entière sans qu’officiellement quelqu’un ne m’apelle pour jouer. Et pourtant, je sais bien qu’il y a des artistes qui quittent Ouaga pour venir jouer à Bobo. Mais là n’est pas le problème; pourvu qu’on donne la chance à chaque artiste de pouvoir se faire découvrir.


Artistebf : Vous avez parlé d’une véritable politique pour aider les artistes burkinabè, qu’est ce que vous proposez au ministre de la culture?

Nouss Nabil : Actuellement, je dirai que donner de l’argent aux artistes, est une bonne chose. Mais le montant qu’on donne à ces artistes ne suffit pas pour faire une création. Je suggérerai que le ministère mette en place une cellule qui rencontre les artistes et au vu de l’originalité de leurs œuvres, que cette cellule propose par an 2 ou 3 musiciens que le ministère s’engagera à accompagner du point de vue technique, enregistrement et financier. Avoir une belle voix, c’est bien mais faut-il encore qu’on sache que tu existes ! C”est mon un point de vue.

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