Ismaïla ZONGO : Manager

Ismaïla  ZONGO : Manager

Ismaïla ZONGO à l’Etat Civil et communément appelé dans le milieu du Show Biz le « Commandant Papus » . Je suis un passionné des musiques. J’embrasse un peu un certain nombre de métiers dont le management, la production et à mes temps perdus, je fais des petits reportages sur la musique que je propose aux téléspectateurs de la Télévision Nationale du Burkina.

Art: Et que faites- vous d’autres ?
P.Z: Mais c’est ça mon métier ! C’est essentiellement cela. !
Comment appréciez-vous le paysage culturel de notre Pays ?
Objectivement, on ne peut pas être pessimiste. Quand on connaît les chiffres, Il y a dix ans, on peut dire aujourd’hui qu’on est sur la bonne lancée. Il y a des productions, des actions, et un dynamisme assez perceptible sur le terrain et sur le marché du disque. Les jeunes, de plus en plus savent faire les chansons et nombreux sont ceux qui ont compris que la musique est un métier. Enfin, ils savent que pour réussir dans ce métier, un minimum de travail est indispensable. Il faut par exemple aller dans une école de musique, il faut apprendre à jouer avec les instruments, apprendre à chanter, disposer d’un encadrement conséquent.</img487|center>


Art: Ainsi donc la musique Burkinabé se porte bien et ne souffre pas ?

papus2.jpgP.Z: Non ! La souffrance, il y en a partout. On n’a jamais une santé sans faille. Je crois que notre musique se construit. Elle a aussi des difficultés que les différents acteurs essaient de juguler. Tout le monde sait que notre musique connait un certain nombre de problèmes dont principalement la distribution, la piraterie qui est un phénomène mondiale, le manque de formation pour les managers. Aussi, dans un tel contexte, y a-t-il nécessité pour les opérateurs culturels, producteurs de spectacles et managers de mieux s’organiser.

Art: Parlant des difficultés de la musique burkinabé, que pensez-vous des artistes qui se font manager par d’autres artistes. ? N’est-ce pas déjà un début de difficultés ?
P.Z: Le manager c’est qui ? C’est le conseiller de l’artiste. La manager est par excellence, celui qui maîtrise la psychologie et l’environnement social de l’artiste. C’est quelqu’un qui a des convictions, et qui aime ce que l’artiste fait. A mon avis, Il n’ y a pas d’inconvénient qu’un artiste choisisse un ami, un frère ou un autre artiste pour être son manager. Là n’est pas le problème. Il faut surtout que ce dernier connaisse les rouages du métier. Le management, contrairement à ce que de nombreux jeunes pensent aujourd’hui, est un métier qui s’apprend, qui demande beaucoup de rigueur et d’un minimum de connaissances juridiques. Un manager doit avoir des notions de droit, maîtriser les différents canaux de diffusion.
Oui ! mais nous voyons mal un artiste musicien qui décolle à peine sacrifier sa propre promotion au profit d’un autre.
Non ! vous pouvez ne pas être d’accord. Il y a des artistes qui ont une carrière assez organisée. Comme disait quelqu’un, “quand un artiste a un bon producteur, c’est qu’il a eu un bon conseiller” .
La musique c’est avant tout des convictions. On ne peut pas faire de bons business sans avoir des convictions. C’est pourquoi les contrats sont généralement à durée déterminée.

Art: Vous manager plusieurs artistes au Burkina, vous ne risquerez pas de leser certains ?.

P.Z: Ce n’est pas faux ! Quand on manage plusieurs artistes en même temps, on peut courir le risque de disperser ses énergies. On peut avoir à un moment donné, un goût plus prononcé ou on aura tendance à balancer plus d’un côté. C’est un risque. Mais je crois que tout est dans l’énergie et la conviction qui nous animent. Dès le départ, quand on prend un artiste, il faut toujours se poser la question “est-ce que j’aime vraiment ce qu’il fait”. Personnellement, c’est ça qui me fait bouger.

Art: Mais à cette allure, vos prestations ne seront-elles pas au plus offrant ? Ne risquerez-vous pas de vous attacher à l’artiste qui vous aura le plus financer plutôt qu’à celui dont vous aimez les talents ?
P.Z: Non ! on ne me finance pas ! Aucun artiste ne me finance. Je gagne ce que je mérite. Mon gain est lié au succès de l’artiste. Le rôle d’un manager est de travailler à trouver des opportunités pour son artiste, à le représenter dans toutes les activités artistiques.

Art: De plus en plus, notre jeunesse ne pourra pas jouer avec les instruments de musique, parce que nous sommes longtemps servis par la musique en playback au détriment du “live” . Est-ce votre avis ?

P.Z: C’est exact ! Beaucoup d’artistes ont compris que la musique pour durer dans le temps, la musique qui se fait conséquemment avec une certaine vision, mérite de l’exercice dans la pratique. On ne peut pas construire une carrière avec des “play-back”.
La difficulté réside dans le fait que les play-back, même dans les provinces sont faits dans des conditions de prestations exécrables. Les promoteurs et autres organisateurs de gala sont réticents lorsque vous leur proposez de faire le “live”. Les artistes ont rarement l’occasion de s’exercer en live . Mais il y en a qui font le choix. Bil Aka KORA dit que : “je ne joue jamais en play-back” . C’est vrai que Bil Aka KORA n’ a pas 100 concerts dans l’année ! Mais c’est son choix ! Pendant ce temps d’autres balancent entre les play-back et les petits concerts « live ». Je crois qu’il y a une volonté de faire le play-back, mais les occasions sont très rares.
Je vais profiter de votre interview pour inviter tous les promoteurs de spectacle, tous ceux qui ont un minimum de moyens et de logistiques à mettre les artistes en valeur.

Art; Est-ce faire aujourd’hui la musique signifie avoir les moyens ?
P.Z: Les moyens que je peux vous demander c’est votre talent. Si vous avez le talent, vous êtes comme une mine d’or.
Je dirai au Ministère d’avoir une vraie politique culturelle. Il faut répertorier les différents acteurs du milieu de la musique que sont les promoteurs, les managers. Il faut répertorier les gens qui portent des vrais projets
– Maîtriser les vrais problèmes des artistes
– Mener des actions rigoureuses contre la piraterie. Aujourd’hui, quand vous allez au grand marché de Ouagadougou et vous dites à quelqu’un que vous chercher une compilation de musique d’artistes burkinabé, il vous la sort sans crainte de son ordinateur. On sait que la piraterie est un phénomène mondial, mais telle que nous la vivons, on se demande si le BBDEA existe ! est-ce que la loi est là ? est-elle vraiment appliquée ? Il faut craindre un jour que la production ne s’arrête !
Je salue tout le monde. Je remercie tous ceux qui apprécient le travail que ma structure fait. Après l’artiste Wendy, vous aurez à découvrir d’autres artistes.

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