Problématique du genre au sein des métiers créatifs : 72h pour y réfléchir à l’institut Imagine

Problématique du genre au sein des métiers créatifs : 72h pour y réfléchir à l’institut Imagine

L’institut Imagine organise un colloque en son sein sous le thème « Problématique de l’accès des femmes à une représentation égalitaire au sein des métiers créatifs, artistiques et culturels » . Et ce, du 28 au 30 juin 2017.


Ce colloque a pour principal objectif de contribuer à la transformation des perceptions et des mentalités au sein de la grande famille du corpus des professions de la culture. A cet effet, il a organisé des séances plénières et des ateliers où il sera question d’échanger sur les inégalités du genre et les expériences de promotion de l’égalité hommes et femmes au Burkina Faso en rapport avec le thème ; d’identifier les pratiques inégalitaires majeures en cours dans le milieu professionnel de la culture et d’élaborer des stratégies et des actions à mettre en œuvre pour promouvoir un changement effectif, des regards, d’attitudes et de comportements dans le milieu professionnel de la culture au Burkina Faso.
Pour une centaine de participants, le thème vient à point nommé et ce colloque est très bénéfique car il leur a apporté un plus et a aussi permis, pour certains, de nouer des relations.
Selon Rodrigue Sawadogo administrateur culturel, le thème est opportun. « Ces dernières décennies, on parle beaucoup de promotion de la culture, de promotion dans les métiers créatifs mais on omet beaucoup les femmes. Je pense que l’objectif à travers ce colloque est de permettre à tous ceux qui sont dans le milieu créatif de savoir qu’il faut compter avec les femmes. Cela permettra aussi aux femmes de savoir qu’elles ont du potentiel et qu’elles font partie des personnes qui doivent créer », a-t-il indiqué. De ses propos, il y a beaucoup de préjugés à l’égard des femmes et ces ateliers vont permettre de comprendre qu’il faut juste leur donner l’opportunité et c’est à elles de faire leurs preuves. Parmi ces femmes présentes dans les métiers créatifs de l’Art, certaines arrivent à se démarquer à travers leur polyvalence, leur talent et leur dynamisme. Aux dires de Rodrigue Sawadogo toujours, ce sont des femmes qui ont du cran car même les hommes ont du mal à se faire une place dans ce « milieu de loup ».
Quant à la comédienne de cinéma, Aï Keïta, les communications étaient très fructueuses. La doyennes des comédiennes trouve que les femmes réalisatrices ne se battent pas assez . « Au lieu de dire tout le temps qu’on donne aux hommes, il faut se battre et montrer aux hommes que nous aussi on peut rentrer dans la danse. Mais si vous voulez rester dans votre salon avec votre scénario, vous ne pouvez pas avoir de financements. Les hommes se battent, il y en a qui ont leur scénario en main depuis plusieurs années mais ne se découragent pas. Les femmes se découragent vite. C’est pour cela qu’on est un peu en arrière. Je leur demande de se battre et d’être solidaires entre elles », a-t-elle soutenu. A l’entendre, si les femmes se donnent la main et soutiennent un ou deux scénarios de femmes, elles pourront être parmi les récipiendaires des financements que le ministère en charge de la culture octroie aux réalisateurs tous les ans. « Si elles se battent, on pourra avoir deux longs métrages de femmes à chaque FESPACO (Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou) », poursuivit-elle.
La Réalisatrice Kadi Traoré témoigne de la problématique du genre quant à certains métiers de cinéma. Autrefois connue sous la casquette de comédienne, elle s’est intégrée parmi les réalisatrices Burkinabès. Sous cette coupe, Kadi Traoré souligne qu’en tant que réalisatrice, on rencontre plus de problèmes liés au genre. « Dans notre société, on tolère plus les femmes quand elles sont comédiennes mais une fois qu’elles deviennent réalisatrices ou techniciennes de l’image ou ingénieurs son, cela pose un problème parce que les gens ne sont pas prêts à accepter que les femmes soient derrière la caméra. Ce sont les problèmes de l’acceptation que nous rencontrons sur le terrain », expliqua-t-elle. Avant de poursuivre que c’est la sensibilisation qui peut aider pour pallier ce problème. « Le quota permet aux femmes formées aussi de faire valoir leurs compétences. Si on veut demander l’égalité et la parité, il faut que face à un homme formé, il y ait une femme formée », conclut-elle. Restant toujours dans cette logique du quota, artiste comédienne, Augusta Palenfo par ailleurs réalisatrice et promotrice du FIRHO (Festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou) estime qu’il faut un quota genre dans toute structure, dans tout domaine pour que les femmes puissent être représentées et faire valoir leurs droits. « On est dans un pays où être dirigé par une femme est une chose que beaucoup de personnes ne perçoivent pas. C’est dommage parce que ce n’est pas le sexe qui fait le travail mais c’est la tête qui le fait. Si la femme est plus compétente pour bien faire le travail, quoi de plus normal. Cela n’empêche pas, que des hommes qui sont plus âgés qu’elle, soient sous sa coupe ; mais l’essentiel est que le travail soit bien fait et qu’ensemble, on puisse faire des merveilles », a-t-elle justifié.
Bernadette DEMBELE
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