Récréatrales 2016 : dans les coulisses des résidences de création

Récréatrales 2016 : dans les coulisses des résidences de création

Depuis 2014, les yeux des burkinabé se sont grandement ouverts. D’autres parleront de réveil de consciences depuis ce que nous appelons les « Grandes Insurrections ». Oui, c’est bien le terme parce qu’il faut être prudent et se garder de parler de Révolution au risque de faire fuir les cerveaux de notre pays. Depuis donc ces dates repères, les burkinabé du bas de l’échelle jusqu’au sommet de la pyramide, chacun a compris qu’il faut se battre même au sacrifice suprême pour briser les chaînes de l’esclavage, de la domination d’une minorité riche sur une majorité pauvre. C’est le prix à payer afin que le « Plus rien ne soit comme avant » qui revient en refrain sur toutes les lèvres soit une réalité. Cette expression n’aura de sens que si nous acceptions sortir de l’obscurantisme que nous impose depuis des siècles une certaine petite classe bourgeoise. Pour que le « Plus rien ne soit comme avant » il faut que nous ayons le courage de nous libérer de cet obscurantisme ou tout simplement en français facile, il faut que nous acceptions « sortir de l’ombre ».

Le Grand rond-point Nayab des récréatrales (fait de fer de récupération)

En effet, « Sortir de l’Ombre » est une question majeure très préoccupante et d’actualité. Ce n’est donc pas anodin si la présidence des Récréatrales en a fait le thème central de cette 9è édition.
En attendant donc le plat de résistance de l’évènement prévu pour du 29 octobre au 5 novembre 2016, nous nous sommes de nouveau rendus au Quartier GOUNGHIN où les artistes sont en résidence depuis le 15 septembre 2016.
Comment se déroulent les résidences dans les cours familiales et quels sont les artistes retenus pour la circonstance ? Telles sont les questions que nous avons posées à l’équipe administrative des récréatrales, aux artistes comédiens et aux scénographes.
Nous sommes donc dans les coulisses des résidences des récréatrales; la visite guidée est assurée par Aristide TARNAGDA, le Directeur artistique des Récréatrales.
Cap sur l’équipe administrative. Elle est composée de Quatre braves dames, ce sont elles les chevilles ouvrières des récréatraales; elles, ce sont : ALISEE, DUNIEMU, CATHEL et AURELIE, l’administratrice générale (absente sur cette photo). Leur tâche consiste à l’élaboration et à la signature des contrats. « Nous nous occupons aussi du volet communication des Récréatrales. Il s’agit d’établir des plans de communication avec les partenaires, les journalistes et la conception du catalogue », nous confirme Alisée.
Les Chevilles ouvrières des récréatrales
Mais tout n’est pas rose pour ces 4 chevilles ouvrières des récréatrales car au-delà de la logistique, il faut penser à la PROD. « L’autre difficulté, c’est aussi la PROD et il faut trouver les sous à travers notamment des appels à projet, en frappant aux portes des entreprises ou en sollicitant des dons en nature aux bonnes volontés».
Yasmina  Rouquaya YERIMA,, Fredy SARBINBOMA et Ali KISWINSIDA
Nous sommes dans la première cour de résidence ; c’est la famille NIKIEMA. Là, se trouvent Yasmina Rouquaya YERIMA, scénographe Togolaise, Fredy SARBINBOMA, Metteur en scène Burundais et Ali KISWINSIDA du BURKINA FASO, auteur de la pièce «LES 100 » pour laquelle ils sont en résidence.
L’auteur nous en parle : « Il faut dire que c’est une adaptation de Frantz Fanon intitulée « le sang » des Damnés de la terre. Nous adaptons cette pièce au contexte actuel parce que jusque-là, la différence n’est pas grande entre le temps colonial et maintenant. Avant, il y avait un quartier pour les colons, quartier de luxe et le quartier indigène. Aujourd’hui encore, nous vivons le même schéma. Nos dirigeants habitent les quartiers de luxes et le reste de la masse populaire dans les quartiers délabrés ».
La scénographe et le metteur en scène qui se disent être déjà à l’aise promettent une belle surprise au public le 29 octobre « C’est un espace qui me convient bien et le problème de scénographie ne se posera pas. Il reste peut-être à aménager et je garde le reste pour votre surprise » a indiqué la scénographe Togolaise.
Après la famille Nikiéma, escale dans la famille BAZIE où se tient la deuxième équipe des résidences avec pour Commandant de bord, Mahamadou Tindano.
Il est assisté par Valérie, Paul ZOUNGRANA, Justin WININGA, BONSA, Alidou KOUDA et Tata BAMOUNI.

A l'académie, tout bouge
Ce groupe est en pleine répétition sur un texte écrit par Paul ZONGRANA et qui est intitulé « TO BE OR NOT TO BE ». C’est une pièce qui rend hommage au Pr Jean Pierre GUINGANE avec une musique bien inspirée de l’artiste musicien BONSA .« La pièce met en conflit un auteur et certains de ses personnages. C’est une pièce d’actualité parce qu’à l’image des gouvernants et des gouvernés, elle évoque la mal gouvernance, les difficultés que connaissent aussi les comédiens au théâtre » précise Mahamadou Tindano
A l’académie des Arts, les scénographes sont également à pied d’œuvre. D’une cinquantaine environ, ils constituent l’équipe qui œuvre à la matérialisation de l’œuvre théâtrale c’est-à-dire, tout ce qui concerne l’espace de représentation.

Pour plus d’efficacité, différents ateliers ont été constitués : la soudure, la serrurerie métallique, la menuiserie, la déco, l’atelier des techniques « SON ET LUMIERE »… bref, tout y est au beau fixe avec toutefois quelques inquiétudes. « On a un peu la trouille car la pluie nous décale de notre travail et il va falloir que l’on soit suffisamment malin pour rattraper le temps perdu. A cela, s’ajoute les désagréments que nous cause aussi chaque année les vagues de paludisme dans notre équipe », a indiqué le chef scénographe Patrick Janvier.
tarnagda1-2.jpgPour Aristide Tarnagda, le directeur artistique des Récréâtrales, la cohabitation avec les différentes familles d’accueil se passe très bien. La principale difficulté dans l’organisation de ce festival est la production. En effet, pour un budget global estimé à environ 160 millions, ce dernier est encore déficitaire de 20 millions. « On continue un peu de se bouger pour les combler », a-t-il dit. Ce fut l’occasion pour Tarnagda de lancer un appel à tous ceux qui veulent les rejoindre à le faire sans hésitations car le quartier Bougsemtenga et principalement la rue 9.32 va être la capitale de la culture mondiale à partir du 29 octobre. « Qu’ils viennent vivre avec nous et partager ces moments de création et ces moment festifs » a conclu Le Directeur Artistique.
Une artiste dessine en live la rue menant du Rond-point au cartel
Rendez-vous donc le 29 octobre 2016 à Ouagadougou !
Patrick COULDIATY/ Bernadette DEMBELE

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