Ruines de Loropéni: pour une fois au Burkina, les chercheurs trouvent…

Ruines de Loropéni: pour une fois au Burkina, les chercheurs trouvent…

Le site des Ruines de LOROPENI, est situé dans la zone lobi à 42 kilomètres de GAOUA, chef-lieu de la province du PONI. Reconnu et Classé par l’UNESCO depuis 2009 au patrimoine mondial de l’Humanité, ce site bénéficie du soutien du projet “LOBI-FORT-OR” sur financements du MAEDI, de l’Université de Ouagadougou et du Ministère de la culture du Burkina Faso. Le 30 mai 2016, le Ministre de la Culture, du Tourisme et des Arts, Tahirou BARRY accompagné du gouverneur de la région du sud-ouest et d’une forte délégation est allé constater l’état d’avancement des travaux et encourager les chercheurs.


Accueillis par Lassina SIMPORE Docteur en Archéologie, la délégation ministérielle et les hommes de médias, ont eu droit à une rapide présentation (maquette à l’appui) du centre d’accueil avant d’entamer le reste de la visite. Ce dernier (centre d’accueil) dont le coût des investissements est estimé en fin de travaux à environ un milliard et demi, se compose d’un bloc de salles d’hébergement, d’une salle de conférence de 400 places et d’un magasin. Malheureusement, deux de ces infrastructures (la salle de conférence et le magasin) dont la réception était prévue pour juin 2016 sont en total délabrement. Ce constat témoigne une fois de plus de la négligence avec laquelle les entrepreneurs de bâtiment exécutent les chantiers et la complaisance dans l’attribution des marchés Le Gouverneur du sud-Ouestde l’Etat. En tous les cas, le premier responsable de la Région, est décidé à situer les responsabilités. ” Nous allons essayer de remonter à travers les services compétents pour situer les responsabilités si besoin. Le constructeur devrait reconstruire ce magasin puisqu’une réception officielle n’est pas encore faite”.
Les faits sont choquants et le Ministre BARRY promet de veiller au grain ” J’ai été choqué de voir l’état de certaines installations comme celle du magasin qui est en état de ruine; nous allons veiller à ce qu’il soit restitué dans l’état requis”.
Mais qu’à cela ne tienne, les recherches et les fouilles continuent. Le Ministre et sa délégation ont donc poursuivi la visite sur le site même des ruines où s’effectuent les recherches en “live”. Là, c’est un travail minutieux et fastidieux qui se déroule avec des chercheurs de différentes nationalités et des étudiants en archéologie. Cette fouille selon Lassina SIMPORE, docteur en archéologie et coordonnateur du projet permettra de répondre à un certain nombre de questionnements. Il s’agit :
Premièrement, de pouvoir confirmer l’activité de ces enceintes afin de définir s’il s’agit d’habitats, d’un centre de pouvoir ou d’une enceinte de stockage et de transformation de l’or;
Ensuite évaluer le potentiel archéologique minier;
Enfin, comprendre le lien entre ces structures fortifiées et leurs territoires.
Le Docteur Lassina SIMPOREPour Lassina SIMPORE, maître de conférences et expert en conservation préventive, le site des ruines de LOROPENI est une preuve sur la contribution du Noir dans l’humanité ” Nous avons une preuve pour participer à ce débat général de la contribution du Noir dans l’humanité. Par rapport à ces ruines, il y a des textes qui disent que tel que c’est construit, c’est inimaginable avec le génie noir. Ces ruines sont-elles faites par des Portugais ou des Phéniciens ?… Il faut mener des études pour savoir si au XIème siècle, il y avait des Phéniciens ou des Portugais jusqu’au Burkina. Nous sommes à plus de 1 000 kilomètres de la mer. Est-ce que les Portugais ou les Phéniciens ont pu pénétrer l’intérieur du continent africain jusqu’à Loropéni. Voilà des questions qu’il faut se poser”
Le projet ” LOBI-FORT-OR” qui dure 4 ans prévoit tenir en 2019 un Colloque International autour de ces ruines pour marquer le 10ème anniversaire de l’inscription de ce site au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mais en attendant, les chercheurs à LOROPENI composés de 4 Français, 5 Burkinabé, 01 Ivoirien, et 10 étudiants Burkinabé ne chôment pas. Le Docteur Guillon Rodrigue, géo-archéologue nous dévoile le fruit de leurs recherches
Dr Rodrigue GUILLON ” Nous sommes là depuis le 09 mai. Nous avons commencé les travaux depuis un an. Nous avions fait une tranchée principale et nous avons découvert des murs, actuellement nous essayons d’étendre un peu pour mieux comprendre les ruines de Loropéni. L’équipe est principalement constituée d’une dizaine d’étudiants en licence et maîtrise de Ouagadougou et de Koudougou. Ils sont autonomes sur le terrain pour faire les relevés et le travail de la fouille. Nous distinguons des cellules et de petits bâtiments, des cases carrées damées sur lesquelles les ancêtres ont vécu et travaillé. Il y a aussi la cuisine qui est damée, nous avons vu des morceaux de charbon de bois. Les datations sont comprises entre 1450 et 1650 comme périodes auxquelles des gens y ont vécu. On ne peut pas dire exactement à quelle période le site a été occupé ou abandonné. Nous trouvons également des outils agricoles et des meules”.
Pour une fois, nous pouvons dire sans risque de nous tromper qu’au Burkina et précisément à Loropéni, les chercheurs trouvent …!
tahirou2.jpgLe premier responsable de la Culture, des Arts et du Tourisme apprécie le travail ” C’est une fois de plus une grande découverte parce que chaque fois qu’on vient sur les ruines de Loropéni, on ne fait que s’émerveiller de ce patrimoine inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je suis venu encourager les chercheurs dans ce travail important pour une meilleure connaissance du site et sa valorisation. Le site de Loropéni constitue un mystère qu’il faut chercher à élucider, à comprendre et à promouvoir. La dynamique est en cours et il faut saluer tous ceux qui œuvrent en la matière. J’ai pu constater également le travail sur le centre d’accueil en vue d’accroître l’attractivité du site.”
Au regard de l’importance d’un tel projet, la contribution de tous les Burkinabé à la conservation de site est nécessaire. Le succès des recherches et les résultats attendus de ce projet dépendront également des dispositions sécuritaires prises pour:

  permettre aux chercheurs de travailler en toute quiétude sur le site;

  protéger le site contre des actes de sabotages et de vandalismes en ces temps d’insécurité.
Enfin, la réalisation d’une adduction d’eau potable ou à défaut, un forage sur le site reste le véritable cri de cœur de Lassina SIMPORE et de son équipe.
P.K

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