Tourisme : Les agences de voyage à l’épreuve de la double crise sécuritaire et sanitaire

Tourisme : Les agences de voyage à l’épreuve de la double crise sécuritaire et sanitaire

La crise sanitaire mondiale  apparue en 2019 avec la Covid-19 a sérieusement  porté un coup dur sur le tourisme et les affaires de manière générale. Au Burkina Faso, cette situation est doublée par la crise sécuritaire qui sévit dans le pays depuis pratiquement 07 ans. Des premiers remous socio-politiques de 2011 à l’apparition de la pandémie en 2019 en passant par l’insurrection populaire et les multiples attaques terroristes, plusieurs entreprises ont été mises en berne sinon fermées entraînant ainsi des faillites et des préjudices financiers dans le milieu des affaires. Au titre des entreprises très secouées par la crise, figurent en bonne place les agences de voyages.

A propos justement de cette crise, quelques responsables d’agences de voyage nous parlent de  leur passion et relatent les difficultés auxquelles ils font quotidiennement face. Malgré les démarches et les demandes de soutien, leur ministère de tutelle tarde à réagir favorablement. Lisez plutôt !




Isaac ZANGO, Directeur Général de Armelle Voyages et Tourisme (IZ) :

Aujourd’hui, les agences de voyages se portent très mal parce qu’avant même la Covid-19, nous souffrions déjà de la crise sécuritaire.  Et depuis que la crise sanitaire s’est installée, la situation s’est aggravée entraînant du coup l’arrêt complet de nos activités. Et avec la fermeture de l’aéroport, nous avons fait pratiquement six (06) mois sans travailler. Je peux dire que nous avons mis trois (03) mois avant de reprendre  réellement nos activités. Et je sais que la crise a même entraîné la fermeture de quelques d’agences de voyage et  certaines d’entre elles se battent pour revenir sur le marché.

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Salif Léonce DIARRA : Elite Voyage

Actuellement, on essaie de tenir comme on peut. Sinon, la situation parait intenable.  Je le dis parce que dès les premiers moments de l’apparition de la pandémie, nous n’avons reçu aucun accompagnement de l’Etat.

A l’époque, nous avons saisi notre ministre de tutelle pour poser le problème lié aux difficultés des agences de voyages. Et la proposition était que les employeurs prennent en charge 30% des salaires et 70% à la  charge de l’Etat et ce, pendant trois (03 mois) afin de soulager les acteurs.

Nous avons attendu cette aide en vain. Presque toutes les autres structures ont reçu un accompagnement sauf les agences de voyages. A la dernière minute, nous avons reçu un courriel  qui dit qu’après évaluation, le montant à répartir aux agences de voyages est tellement élevé qu’il sera difficile de les prendre en charge. Et c’est ainsi que nous sommes restés sans soutien.

Le gouvernement a certainement préféré combler les arriérés de certaines agences de voyage (parce que beaucoup d’agences avaient réellement des arriérés au niveau de l’administration). L’Etat a donc préféré alléger certaines agences  du poids de leurs  dettes vis à vis de l’administration.



Je me souviens qu’à l’époque, la présidence à travers le ministère de l’économie et des finances avait donné instruction afin que toutes les agences ayant des arriérés au niveau de l’administration puissent être payées. Effectivement, un grand effort a été fait dans ce sens.  Nous avons reçu, solde pour tout compte de tous les arriérés bloqués au niveau de l’administration un montant  chiffré à des centaines de millions. Mais je ne peux pas dire que cette liquidation nous a allégé parce que c’est de l’argent qui nous est dû.

La promesse d’engagement à ne pas poursuivre l’Etat

Mais avant d’être payé, il fallait qu’on accepte signer une promesse d’engagement à ne pas poursuivre l’Etat pour les intérêts moratoires. Au fait, quand vous avez le dos au mur, vous n’avez pas le choix. On dit « qu’un tien d’aujourd’hui vaut mieux que deux, tu l’auras.. ». Nous avons accepté la promesse d’engagement. Mais en contrepartie, nous avons demandé à ce que le marché ne soit pas enregistré aux impôts parce que l’enregistrement allait nous revenir trop cher. Si nous ne pouvons pas poursuivre l’Etat pour les intérêts moratoires qu’il nous fasse donc grâce des enregistrements  au niveau des impôts. Notre appel a été entendu et nous avons été payés.

A part cela, la situation est restée telle. Nous avons repris les activités mais nous continuions de subir les conséquences de la crise sanitaires.  Les contraintes actuelles liées à la fois aux voyages et à la situation sanitaire ne facilitent pas la libre circulation des biens et des personnes

Nos souhaits :

Nous souhaitons aujourd’hui plus d’accompagnement au niveau de notre ministère de tutelle et plus d’allègement au niveau des impôts pour se conformer aux autres pays.

Nous souhaitons également que l’Etat nous facilite le processus d’octrois de prêt au niveau des institutions financières.

Enfin, nous avons besoin d’appui de renforcement de capacité parce qu’il nous faut un bon encadrement.

Propos recueillis par Patrick COULIDIATI

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