Transition burkinabé : La contribution de Prosper KOMPAORE ……

Transition burkinabé : La contribution de Prosper KOMPAORE ……

“La culture aurait pu jouer un rôle pour prévenir la crise et elle peut aussi contribuer à sortir de la meilleure manière notre pays de cette crise. La crise dont nous parlons est une crise institutionnelle qui a abouti au départ du Chef de l’Etat et à l’avènement d’une situation de transition. La culture d’une manière générale, les expressions artistiques en particulier dans le domaine de la musique, du cinéma et du théâtre ont joué et auraient pu jouer un rôle pour prévenir la survenue de cette crise d’abord en interpelant ceux qui assurent la responsabilité pour qu’ils puissent prendre conscience de la situation réelle vécue par les populations…”

P.K: Les artistes sont comme les autres citoyens au contact direct avec la vie des gens ordinaires. Ils ne sont pas plus que les autres, mais ils ont de par leur art, la capacité de restituer d’une manière saisissante, émouvante, frappante une situation et de susciter une réflexion. Malheureusement, la plupart du temps ceux qui dirigent n’ont pas la possibilité d’entendre cette réalité. On a malheureusement le plus souvent eu l’habitude de minimiser la parole des artistes disant que ce ne sont que des artistes… Pourtant ce sont souvent des paroles prémonitoires, prophétiques, des paroles ou des actions théâtrales qui disent peut être à quel point il faut accepter de se remettre en question. Nous en sommes arrivés à une situation telle que, de tous les côtés, chacun avait une méfiance ou une défiance pour l’un ou l’autre. Pour une sortie de crise, la voix des gens de culture, je veux parler de tous les domaines de la culture notamment les autorités traditionnelles, coutumières, religieuses sont des « tenants » de la culture profonde et lorsque la situation atteint un tel degré comme le nôtre, il faut s’asseoir à côté des anciens et demander conseil. C’est vrai, on est dans une société où nous pensons que tout est technocratique, que le savoir est dans le livre, mais le savoir profond, nous pouvons l’avoir auprès des anciens, des personnes ressources, des autorités morales et ça, c’est ce que j’appellerais une démarche culturelle. Souvent, ces autorités prônent la paix, la réconciliation et le pardon et souhaitent que celui qui a offensé accepte de demander pardon, que celui qui a été victime accepte également de pardonner et que l’on pense à pouvoir vivre ensemble; ça, c’est une démarche culturelle. Évidemment, il faudra mettre en “musique” cela pour être conforme à un système démocratique moderne. Mais à partir du moment où tout le monde part sur ce principe qu’aucune situation ne peut être durable en se bâtissant autour de la confrontation et du rapport de force ; si tout le monde a compris cela, alors nous pouvons avoir une chance de nous en sortir. Les artistes dans ce cas-là, au lieu d’être des gens qui mettent l’huile sur le feu pour que ça explose, pourraient jouer un rôle important en essayant de mettre en avant ce qui pourrait nous rassembler, les valeurs qui sont constitutives de l’existence de notre nation. Les artistes ont cette responsabilité parce que les gens les écoutent et accordent de l’intérêt dans ce qu’ils font. Donc il faut faire attention à ce que nous disons dans nos expressions artistiques et qu’enfin, nous soyons des hommes de paix, des hommes de construction, des hommes de rassemblement. Si nous parvenons à jouer ce rôle, nous pouvons être fières d’avoir contribué à la renaissance de notre pays.
Madame Alimata SALAMBERE
Darys YANTE

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