A la découverte de la médecine nucléaire avec Dr Hugues SANON

A la découverte de la médecine nucléaire avec Dr Hugues SANON

Dans le vocabulaire usité, il n’est pas fréquent d’entendre parler de médecine nucléaire. Médecine, Oui ! Mais lorsqu’on ajoute « nucléaire », ça pose problème et ça déroute. Et pourtant, la médecine nucléaire est une branche de la médecine tout comme l’échographie, la radiographie et tous les autres mots en « ies » … Elle (La médecine nucléaire) est fonctionnelle au Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO) depuis environ une dizaine d’années  avec pour premier médecin nucléaire, le professeur Théophile TAPSOBA. Mais qu’à cela ne tienne car bien que ce soit une jeune structure, nous avons voulu tout de même pousser loin notre curiosité. Qu’est-ce que la médecine nucléaire ? Quelle est son importance ? Quels types de patients y vont ? Et quels types d’examens y sont pratiqués ? Ce sont autant de questions que nous avons posées au Docteur Hugues SANON, médecin Nucléaire en service au Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO).



ArtBF : Dr SANON, qu’est-ce que la médecine nucléaire ?

H.S :   La médecine nucléaire est une spécialité médicale qui regroupe un ensemble de disciplines utilisant des substances radioactives non scellées pour faire le diagnostic et le traitement.

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La médecine nucléaire renferme deux parties :

– la partie imagerie qu’on appelle scintigraphie et la partie traitement qu’on appelle radiothérapie interne vectorisée qui est différente de la radiothérapie classique que l’on connait.

La médecine nucléaire est une discipline qui est transversale et fait partie de la grande famille de l’imagerie médicale au même titre que la radiographie, l’échographie et l’IRM.  Notre particularité est que nous utilisons des sources radio actives qu’on appelle « non scellées », c’est-à-dire, qui ne sont pas enfermées dans des appareils.  On peut faire de l’imagerie pour tous les organes du corps que ce soit les os, le cœur, les reins, les poumons; tout dépend de ce que nous voulons faire comme diagnostic. Il faut rappeler que les patients nous sont envoyés par les autres médecins spécialistes.

Dr Hugues SANON et son Cheffe de Service, Florence OUATTARA

ArtBF: Alors parlant de patients, quels types de patients sont admis en médecine nucléaire ?

H.S :   La plupart du temps, ce sont des patients atteints de cancer. Notre travail ici consiste à poser le diagnostic du cancer et des lésions secondaires surtout au niveau des os; c’est ce que nous appelons la scintigraphie osseuse.

Les autres examens les plus fréquents sont celles du rein. Pour cet organe, nous faisons des examens pour voir comment le rein fonctionne et quelle est la participation de chaque  rein à la filtration du sang.

Nous faisons également des examens du cœur pour voir s’il n’y a pas des patients qui souffrent d’un déficit de sang; ce que l’on appelle une ischémie; c’est-à-dire, un déficit de sang au niveau du muscle cardiaque qui est à l’origine souvent de ce que l’on appelle les infarctus cardiaques ou crises cardiaques.



D’autres examens au niveau des poumons sont faits pour voir si le patient ne souffre pas  de ce qu’on appelle une embolie pulmonaire. L’embolie pulmonaire, c’est quand vous avez un obstacle qui est allé boucher une voie du passage du sang qui doit irriguer une partie du poumon. Non diagnostiquée à temps, cette partie du poumon va probablement souffrir de dysfonctionnement. Et ce sont ces cas qui sont les premières causes de décès dans les urgences.

Nous réalisons également la scintigraphie appelée thyroïde ou communément appelée goitre. Bref… on est capable de faire la scintigraphie de tous les organes (cerveau, poumons, reins, foie et les os); tout dépend de ce que le médecin a demandé comme examen.

ArtBF: Faut- il forcément passer par un médecin pour bénéficier de vos services ?

H.S :    Oui !  Etant donné que ce sont des examens très spécialisés que nous posons dans ce service, vous devez nécessairement passer par un médecin spécialiste pour venir à nous. Ce médecin spécialiste vous examine dans un premier temps et pose des hypothèses diagnostiques. Et quand il s’agira maintenant de vouloir confirmer son diagnostic, il nous envoie en ce moment le patient.

Je rappelle que le patient lui-même ne peut pas venir directement à nous. Il faut donc forcément passer par une consultation d’un médecin spécialiste. Si c’est pour le cancer ça sera un oncologue, si c’est pour le cœur, ce sera un cardiologue, si c’est pour le rein, ce sera soit un urologue ou soit un néphrologue, si c’est pour le cerveau, ce sera un neurologue.



ArtBF: En termes d’effectif, combien de médecins nucléaires existe-t-il au Burkina ?

Au Burkina Faso, nous sommes actuellement neuf (09) médecins nucléaires. Vous avez le premier médecin nucléaire qui est le professeur Théophile TAPSOBA qui est allé à la retraite depuis 2019. A l’hôpital YALGADO où je travaille actuellement, nous sommes 6 médecins nucléaires. Avec le projet d’ouverture d’un centre de médecine nucléaire à Bobo, 02 médecins sont déjà en poste bien que le service ne soit pas encore fonctionnel. A noter que 04 jeunes médecins nucléaires sont aussi en formation à Dakar.

Mais l’espoir est permis parce que nous avons un grand centre qui va s’ouvrir du côté de l’hôpital de Tengandogo. C’est le centre de cancérologie de Ouagadougou où nous venons d’installer un appareil de nouvelle génération qui permettra d’élargir l’offre en termes de soins. Donc, l’Hôpital YALGADO ne sera plus le seul centre où se pratiquera la médecine nucléaire.

ArtBF: Avez-vous l’impression de part votre nombre (09 spécialistes) que le spectre du cancer a régressé?

Nous sommes conscients qu’on ne peut pas impacter la prise en charge du cancer avec un seul service de médecine nucléaire pour 20.000.000 millions d’habitants. Le  nombre d’appareils est assez faible. L’OMS recommande par exemple un appareil pour un million d’habitants. Il fallait au moins 20 centres de médecines nucléaires au Burkina Faso pour rapprocher au maximum les centres des patients. Cela suppose également qu’il faut développer les ressources humaines. Mais nous croyons qu’il fallait d’abord commencer par un bout. Et ce sont les praticiens en occurrence les médecins oncologues qui perçoivent le mieux l’intérêt. Sans oublier que la médecine nucléaire n’est qu’un élément du puzzle de la prise en charge du cancer, à côté d’autres spécialités comme l’oncologie médicale, la chirurgie, la radiothérapie, l’anatomie pathologique….



 

Cet équipement médical est utilisé dans la médecine nucléaire (image d’illustration)

En effet, pour revenir à votre question, je peux dire qu’avec notre dispositif actuel, on a gagné en termes d’évacuations sanitaires. Beaucoup d’examens qui se faisaient à l’étranger peuvent désormais se faire sur place au Burkina Faso. Certains patients qu’on devait évacuer sont traités sur place au Burkina Faso avec un paquet d’examens acceptables. Dans le domaine de la cardiologie, vous n’avez pas un seul examen actuellement que ce soit la radio ou l’imagerie par résonnance magnétique qui peut vous poser le problème d’un infarctus du myocarde et qui soit   aussi précis qu’en médecine nucléaire. Tous ces examens se faisaient soit en Côte d’Ivoire, soit au Sénégal ou dans les pays maghrébins ou en Europe pour ceux qui avaient plus de moyens. Pour l’instant, l’impact n’est pas visible. Mais au regard du budget qui était consacré pour la prise en charge des patients,  il y a une nette amélioration. Le coût de l’examen en médecine nucléaire reste assez élevé pour le citoyen Lambda. Mais si nous nous plaçons dans le contexte des évacuations à l’étranger,  c’est vraiment un gain inestimable aussi bien pour le patient que pour le budget national.

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