Réflexion : « Ouaga Film LAB se délocalise dans la ville de Grand Bassam en Côte d’Ivoire », c’est ce que nous apprenait Ousmane BOUNDAONE, le Directeur du Collectif Génération Créative lors de notre entretien datant du 20 mai 2022.
Contre toute attente et par mail du 06 septembre 2022, nous apprenons de nouveau et par les mêmes sources que « OUAGA FILM LAB » maintient en fin de compte sa 7e édition à Ouagadougou, du 26 septembre au 1er octobre 2002. Nous supposons que c’est 2022 au lieu de 2002. Quel bel ange a pu inspirer les organisateurs ?
Voici ce que dit le mail : « … face aux incertitudes apparues sur le projet de délocalisation de OUAGA FILM LAB en Côte d’Ivoire, nous décidons du maintien de l’édition 2022 à Ouagadougou, au Burkina Faso, aux mêmes dates, à savoir du 26 septembre au 1er octobre ».
Et sans aucune autre justification, le mail poursuit en ces termes : « L’équipe de OUAGA FILM LAB adresse ses sincères excuses à tous ses partenaires techniques et financiers et surtout aux lauréats de cette 7e édition pour les désagréments que ce changement de lieu pourrait occasionner ». (fin).
Au fait, c’est un beau jeu de mots que de « délocaliser et de relocaliser ! ». Mais de quelles incertitudes parlent les organisateurs de « OUAGA FILM LAB » ? Le mail ne le précise pas ! S’agirait-il plutôt d’un certain réalisme dont les organisateurs ont fait preuve ? Mystère !
« OUAGA FILM LAB » pour ceux qui ne le savent pas a démarré ses activités en 2015. Au-delà des rencontres professionnelles, l’activité est génératrice de revenus au regard du nombre de festivaliers qui séjournent dans le pays hôte. Pour les secteurs touristiques et hôteliers qui emploient suffisamment du personnel, OUAGA FILM LAB donne une occasion à ces secteurs touristiques de se faire une entrée de devises, des hôtels qui peinent à remplir leur espace du fait de la covid-19 et de l’insécurité.
Notre pays, au regard de ce contexte difficile a donc besoin de soutien et de toutes les initiatives culturelles dont « OUAGA FILM LAB », le Fespaco, le Kundé, le FIDO, Jazz à Ouaga, les récréatrales. Non seulement, elles sont récréatives mais elles drainent des devises pour le pays. Plus ces évènements sont maintenus au Burkina, mieux notre économie se porterait bien. C’est autant de bonnes opportunités qui risquaient de manquer à nos opérateurs touristiques si « OUAGA FILM LAB » se tenait en Côte d’Ivoire.
Pour un évènement comme « OUAGA FILM LAB » qui bénéficierait du soutien financier de l’Etat (Ministère en charge de la Culture), il y aurait quelque part comme un manque de patriotisme, une ingratitude qui ne dirait pas son nom si l’évènement se tenait hors du Burkina. Délocaliser l’évènement à GRAND BASSAM implique quoi exactement ?
Cela traduirait que les dépenses liées à l’organisation de l’évènement tels la demande d’autorisation légale pour tenir l’évènement, les taxes, les hôtesses à payer, la communication, la location des hôtels pour les invités, les affiches publicitaires, les restaurants … etc. sont autant d’activités que les organisateurs de « OUAGA FILM LAB » allaient privé le Burkina en organisant la 7ème édition à Grand BASSAM. C’est un budget colossal, inimaginable que Ouaga Film LAB allait injecter dans le trésor public ivoirien au détriment des jeunes en quête d’emplois et du trésor public burkinabè.
Pour savoir combien un festival est cher à leurs organisateurs ou à leur pays, demandez aux responsables du FEMUA, MASA et autres évènements culturels de délocaliser leurs activités à Ouagadougou. Vous aurez tout compris !
Un proverbe burkinabè dit : « L’enfant intelligent achète les beignets de sa maman» qu’ils soient délicieux ou pas. A notre avis, injecter de l’argent dans un évènement qui le redistribuera dans un autre pays qui n’en a pas vraiment pas besoin serait absurde.
Et imaginez que tous les évènements culturels burkinabè pour des raisons quelconques : insécurité, quiétude ou recherche d’audience devraient se délocaliser à Abidjan, à Lomé ou à Paris, le Burkina ne serait désormais qu’une coquille culturelle vide.
« Ouaga Film LAB se relocalise à Ouaga ! » . Pour notre part et sans être dans le secret des « Grands », cette décision de relocaliser la 7ème édition à Ouaga est très sage et même intelligente.
C’est en cela donc que nous saluons le courage des organisateurs. Nous le disons non pas par égoïsme mais par amour pour notre pays qui est actuellement dans un grand besoin de reconstruction économique.
Si au Burkina, les politiques semblent accorder peu d’intérêt à la culture, il appartient à ceux qui connaissent et qui comprennent sa valeur de ne pas lui tourner dos.
Gwladys RoseMonde (GRM)
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