Germaine TENKODOGO/KABORE : « Je prendrai une loi pour l’accès à la terre en faveur de la femme … »

Germaine TENKODOGO/KABORE : « Je prendrai une loi pour l’accès à la terre en faveur de la femme … »

Kaboré Née Tenkodogo Germaine est Inspectrice de l’Enseignement Primaire et de  l’Education Non Formelle. Elle est actuellement Directrice Régionale de l’Education prescolaire, Primaire et Non Formelle du Centre (DREPPNF).

Dans le cadre de la journée Internationale des Droits de la femmes, Germaine KABORE  dévoile une batterie de lois en faveur de la femme.

« Ce n’est pas que les femmes ne veulent pas le « quota genre »,  c’est parce qu’il y a une autre loi à la maison qui vous prévient …. »

Pour notre invitée, la question du foncier pénalise énormément la femme et à ce niveau dit-elle, « Je prendrai une loi qui permet aux femmes  d’avoir accès à la terre et d’être au même titre que les hommes des propriétaires terriens ». Lisez plutôt :

Germaine TENKODOGO/KABORE  (GTK) : Merci pour l’intérêt que vous accordez à la journée de réflexion sur la situation de la femme à savoir le 08 mars. C’est surtout avec l’avènement de la Révolution que la question de la femme a été mise en exergue. Le président Roch Marc Christian KABORE à l’époque avait invité les burkinabè à réfléchir pour une amélioration de la situation de la femme. Puisque vous souhaitez que nous parlions de ce qui n’a pas marché, je dirai que c’est surtout une question de mentalités. Tant que les mentalités n’auront pas évolué, tant que les femmes et les hommes n’auront pas accepté d’accompagner le changement en faveur de la femme, les résultats seront toujours en deçà des attentes. Vous l’avez tantôt relevé, nous vivons toujours le mariage d’enfants qui, pour certains est une question de culture. Avec ceux qui tiennent de tels propos, il faut discuter et  continuer la sensibilisation pour un changement de mentalités au plan social. Les femmes doivent également comprendre que leur avenir n’est pas dans un mariage précoce.

La situation au niveau de l’éducation

GTK : Les chiffres au niveau de l’éducation montrent bien que la situation de la jeune fille a évolué parce que peu de filles depuis quelques années restent maintenant à la maison. La plupart des filles en âge de scolarisation sont toutes ou presque inscrites parce que nous devrions arriver à « 0 » filles à la maison. Malheureusement, certaines filles à la fin de leur cycle primaire désertent l’école soit pour trouver du travail en ville soit pour des mariages précoces. A cette situation, s’ajoutent les grossesses précoces. En campagne comme en ville, on a des cas des grossesses précoces tant au primaire qu’au post-primaire. C’est autant de situations qui ne sont pas sans compromettre le bien être de la jeune fille et donc de la femme.



Former les femmes sur les TIC

Avec la guerre que connait le Burkina ces dernières années, la vulnérabilité de la femme s’est aggravée. Certaines étaient bien organisées et bien installées dans leur petit commerce dans leur localité. Mais aujourd’hui, ces dernières sont contraintes à tout abandonner pour des raisons sécuritaires. Beaucoup d’initiatives sont prises en faveur de la femme. Malheureusement, la coordination pêche un peu, il y a des insuffisances.

De nos jours, il est plus qu’urgent de former les femmes sur les TIC  pour les préparer au E-commerce. Donc ce qui n’a pas marché, c’est une maque de suivi dans les actions prises en faveur de la femme. La multitude d’organisations et associations féminines a rendu difficile l’encadrement et la coordination de toutes les bonnes actions prises en faveur de la femme.

Que ferez-vous pour améliorer la situation de la femme si vous étiez première ministre ou mieux cheffe de l’exécutif ?

Alors, je vais d’abord commencer par examiner les lois existantes car j’estime que si ces lois ont existé, c’est parce qu’elles étaient nécessaires en son temps. A la limite, je ferai voter d’autres lois complémentaires. Peut-être même que c’est dans la mise en œuvre, l’application de la loi qui pose problème. On avait dans le temps un ministère de la femme bien plein. Maintenant, il a été regroupé en action humanitaire et famille, ce qui se justifie bien au regard du contexte. Cependant, les régions régionales de la femme sont vraiment des parents pauvres. Il manque crucialement des ressources pour le travail qui est demandé. Et pourtant, ces directions déconcentrées devraient permettre de prendre en compte  la femme rurale.

Revenons aux proposons audacieuses

Au plan social, je voudrai évoquer la question du foncier. De nombreuses femmes n’ont pas de terre pour travailler. La question du foncier est très délicate surtout dans le milieu Moaga. Alors à ce niveau, je prendrai une loi qui permet aux femmes d’être au même titre que les hommes d’être propriétaire terriens.

En deuxième point, au niveau des activités génératrices de revenues, nous allons instituer au niveau du commerce des formations gratuites. Aujourd’hui, peu de femmes ont accès aux formations en ligne.

Dans le domaine culturel, il faut de l’accompagnement. Aujourd’hui, quand une fille veut chanter, la famille pense que leur fille va s’exposer et qu’elle n’aura pas de mari. Donc, il faut qu’on puisse affranchir la femme et permettre aux filles ou aux femmes qui ont du talent de pouvoir éclore leur talent et qu’elles soient libres de choisir leur métier.

Dans le domaine politique, le quota genre revient toujours sur toutes lèvres. Mais les hommes nous rétorquent toujours que  ce sont les femmes qui ne veulent pas. Mais ce qu’il faut comprendre, ce n’est pas que les femmes ne veulent pas. C’est parce qu’il y a une autre loi à la maison qui vous prévient que si vous y allez, vous ne reviendrez plus à la maison ! Alors, il faut qu’on discute avec les hommes afin qu’ils acceptent nous accompagner. Nous avons beau voter des lois, nous aurons de la peine à les appliquer si nous n’avons pas l’accompagnement de la communauté notamment, l’accompagnement de la gent masculine. Comme on le dit, les nuits portent conseils. Les nuits, on échange avec nos époux et vice versa. Mais est-ce réellement des échanges ? Les maris nous dictent plutôt leurs lois.

Votre message pour ce  08 mars

J’invite les filles et toutes mes sœurs d’avoir confiance en elles. Souvent, il nous manque cette confiance en nous-mêmes. Nous nous sous-estimons et nous ne saisissons pas les opportunités. Chacun à son niveau, que vous soyez infirmière, enseignante, magistrate ou médecin,  a sa pierre à apporter à l’édification de la société. Chacune a un rôle à jouer dans l’amélioration des conditions de la femme. Nous devons être solidaires pour progressivement et patiemment changer la situation de la femme. Nous n’allons pas en guerre contre les hommes ; NON ! Mais c’est ensemble que nous ferons en sorte que ce que nous avons connu comme obstacles hier et aujourd’hui que nos enfants ne puissent plus vivre ces difficultés.

Le 8 mars 2022 est un jour particulier. L’année passée, nous avions espéré être dans la joie à ce 8 mars parce qu’on estimait que nous serions en train de sortir de cette guerre. Malheureusement,  elle persiste. C’est pourquoi, je voudrai inviter toutes les femmes à la résilience, à la sobriété et à garder surtout l’espoir que les choses vont s’améliorer et que la lutte continue pour l’amélioration des meilleures conditions de la femme.

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