Institut Français de Ouagadougou : Le point du matériel Saccagé

Institut Français de Ouagadougou : Le point du matériel Saccagé

Après le regard croisé de trois acteurs culturels sur la résilience des burkinabè, nous allons encore cette semaine parler de culture parce que d’une part, c’est l’essence même de la création de cette plate forme et d’autres part, parce qu’ « un peuple sans culture est un peuple sans âme », nous dit l’écrivain nigérian Antony BIAKOLO. Au Burkina Faso, il est difficile de parler de développement culturel sans faire allusion à l’Institut Français. Comme vous le savez, le 1er octobre dernier,  ce partenaire culturel au Burkina Faso a été victime d’actes de vandalisme et de saccages l’obligeant même à fermer ses portes. C’est une situation fort-déplorable et regrettable sur laquelle on ne peut se réjouir. C’est tout l’intérêt de notre démarche en recevant Pierre MULLER, le Directeur Délégué de l’Institut Français de Ouagadougou pour en parler.

 ArtBF : Bonjour monsieur le Directeur.  Pouvez-vous  nous parler de vos missions ?

L’institut Français, c’est d’abord le CCF ( le centre culturel Français). Quand on est dans la rue et qu’on discute avec les gens de ce lieu de culture, ilsfont référence au Centre culturel Français qui est en fait le produit d’une histoire depuis les indépendances où effectivement les accords de coopération prévoyaient  la création d’un centre culturel. Donc, le centre culturel français date des années 60. C’est donc une histoire longue que l’on porte ; une  histoire qui s’est quelque peu transformée dans les années 2010. En effet, c’est en 2010, il a été  décidé de changer de nom et de transformer en fait les Centres culturels Français, les (CCF) en Institut Français et ça été acté en 2011 exactement.



ArtBF : Peut-on avoir une idée de tout ce qui a été saccagé ?

 Oui ! le saccage a été global le 1er octobre 2022. ! Dans la soirée du 1er octobre, le saccage a été systématique ; c’est-à-dire que pendant plusieurs heures, des assaillants sont entrés dans l’Institut Français et ont mis à  sac quasiment toutes les pièces allant de la salle de spectacle au Grand Méliès, la salle d’exposition, la cafétéria, la bibliothèque, l’espace jeunesse et l’espace  adulte. Et l’espace adulte a souffert particulièrement puisque l’intégralité de la réserve a brûlé. Le feu  ne s’est pas heureusement propagé dans les bâtiments. Il s’est  cantonné en fait à la réserve.  Mais les conséquences qui sont faites sur le bâtiment sont très importantes.

Pierre MULLER : Directeur Délégué de l’Institut Français de Ouagadougou

Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? On est en train de nettoyer, de ranger tous les livres qui sont sortis indemnes et qui sont encore utilisables aujourd’hui,  il faut les nettoyer ! Il y a plus de 12000 livres qu’il faut prendre en main l’un après l’autre. On fera  le compte très précis une fois qu’on les aura rangés et dénombrés pour savoir combien de livres ont disparus. Je ne sais pas trop ; mais c’est plusieurs centaines de livres qui ont été  brûlés. Dans la scène du grand  Méliès, beaucoup de matériel ont été détruit. On a le compte exact du matériel détruit. C’est à la fois haut-parleur, amplificateurs consoles de son, de lumière et une multitude d’objets qui ont été soient volés,  soient détruits. Donc on a passé les premières semaines à faire l’inventaire, établir des diagnostics sur les bâtiments parce qu’ils ont été endommagés afin de savoir comment réhabiliter ces bâtiments. Tout ce travail là est en cours et en prélude, d’une reconstruction des pièces qui ont vraiment été très endommagées.

La cafétéria aussi a été endommagée. On avait fait appel à un nouveau prestataire qui était là depuis quelques semaines et qui a perdu énormément aussi du matériel.

Lire aussi : Institut Français de Ouagadougou,  réaménagement en cours

 

ArtBF : Visiblement, il n’y a pas eu grand-chose qui a été épargné ?

L’étage de l’administration a été  épargné. Dans le bâtiment fait qui correspond à la médiathèque, il y a deux  niveaux. Le rez-de-chaussée et le premier niveau ont été visités et très largement saccagés. Mais les assaillants n’ont eu accès au dernier étage qui abrite l’administration.  L’ensemble de l’Institut Français aujourd’hui est fermé au public depuis le depuis le 1er octobre.

L’entrée a été murée comme vous avez pu le constater quand vous passez devant l’Institut Français. Nous l’avons fait parce que tous les matériels de sécurité qui permettait en fait aux personnes qui entrent à l’Institut Français d’être en sécurité pendant les spectacles ou dès qu’elles sont à la médiathèque, ont été saccagés. Il y a tout un travail de reconstruction, de réhabilitation à mener aujourd’hui et qui prendra forcément du temps.



ArtBF : A ce qu’on voit, le préjudice n’est pas seulement que culturel mais il est aussi social quand on sait que la moitié de votre personnel est constitué de Burkinabè. Le social a été préservé ?

Effectivement, on  travaille avec un personnel local. On est une équipe de 25 personnes dont 5 expatriés et 20 Burkinabè. Ces personnes sont affectées sur d’autres services et en aucun cas, il n’est question de les licencier.

 ArtBF : Donc en ce moment, aucun Burkinabè travaillant chez vous n’est en chômage technique ?

Aucun ! Personne n’est en chômage du tout ! Tout le monde travail et chacun a son revenu à la fin du mois. Les tâches sont affectées de manière à pouvoir tirer le meilleur parti de chacune des compétences, pour assurer la réhabilitation du lieu et envisager un jour sa réouverture.

Cynthia HILAIRE

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