Musique: Sœur Paligwendé Anne Marie KABORE

Musique: Sœur Paligwendé Anne Marie KABORE

Dans les coulisses de la congrégation des Sœurs de l’Immaculée Conception de Ouagadougou, nous avons découvert une chantre à plusieurs casquettes. Religieuse et Artiste musicienne, Sœur Anne Marie puisque c’est d’elle qu’il s’agit est aussi Pharmacienne de formation. 03 Cordes à son arc, il n’ y a rien de plus réjouissant. Dans le contexte actuel de crise sanitaire mondiale, elle est une denrée précieuse car en sa qualité de fabricante de produits pharmaceutiques, Sœur Anne Marie pourra sans doute contribuer à la recherche des solutions contre le COVID-19.  C’est notre souhait et nous espérons fortement tout comme les albums musicaux qu’elle ne tardera pas à mettre sur les marchés de la recherche scientifique des produits pharmaceutiques “Made in Burkina”. En attendant ces jours glorieux, voici le portrait de l’artiste.

Je m’appelle  Sœur Paligwendé Anne marie KABORE, originaire de Mogtédo, dans le Grand Ganzourgou.  Je suis une religieuses de la congrégation des Sœurs de l’Immaculée Conception de Ouagadougou communément appelée SIC.

Je suis religieuse de cette congrégation  depuis le 16 juillet 2007 et  cela fait maintenant 13 ans. Je suis aussi pharmacienne de formation. J’ai fait la thèse de Doctorat en 2016. Ensuite la congrégation m’a réinscrite pour une spécialisation en Bio pharmacie, formulation et ingénierie pharmaceutique. J’ai terminé cette spécialisation en décembre 2019 par un mémoire de fin de spécialisation.

Parlez-nous de votre congrégation

Je suis religieuse de la congrégation des Sœurs de l’immaculée conception de Ouagadougou communément appelée SIC. C’est la première congrégation autochtone.

Elle est différente de la congrégation de la sœur Nicole qui chante aussi mais qui appartient à la congrégation des Sœurs Dominicaines

Dans la congrégation, je suis la seule religieuse qui produit des albums.

Aujourd’hui quand on parle du métier de pharmacien, on a tendance à voir quelqu’un qui peut fabriquer des produits; est-ce exact ?

Cela fait partie  de ce que le pharmacien peut faire. Il y a plusieurs domaines. Moi par exemple, je suis spécialisée pour concevoir et fabriquer les médicaments. Il y en a aussi qui sont spécialisés pour contrôler les médicaments qui entrent au Burkina. D’autres, c’est pour gérer les approvisionnements ou pour inspecter.

Lire aussi : “Où vont ses recettes de spectacles ?”.

Est-ce que vous avez déjà fabriqué un produit pharmaceutique ?

Oui cela fait partie de notre formation. A l’université, on mène des séances de travaux pratiques où on nous a appris à fabriquer des produits, des comprimés, des gélules, des sirops, des pommades, on a appris tout ça. Et comme vous le savez, il n’y a pas d’industries pharmaceutiques au Burkina. Il y a quelques structures de fabrication mais ce ne sont  pas des industries en tant que telles. Nous avons par exemple le Docteur DAKYO  qui fabrique des produits traditionnels améliorés. D’ailleurs, j’entends me lancer dans cette direction parce que nous avons des sœurs qui fabriquent des médicaments à base de plantes et d’argile. Et moi je compte m’investir et  booster ce secteur.

Lorsque l’envie vous est venue de chanté, comment avez-vous abordée la mère supérieure? partagez-nous ces premiers moments de dialogue avec elle.

La mère supérieure me connaissait comme la fille, la sœur qui chante. Parce que je chante depuis le bas âge. J’avais intégré un groupe de cœurs et âmes vaillants à Mogtédo. Et la mère supérieure me voyait déjà dans ce groupe. Quand j’ai intégré la maison de formation, j’ai eu à composer quelques mélodies à l’occasion des fêtes par exemple.

Quand j’ai senti l’appel à mettre tout cela en album, j’ai pris rendez-vous auprès de la mère supérieure qui s’appelait en ce temps Marie Bernadette ROAMBA parce qu’on vient de changer de supérieure générale. C’était en 2011, je lui ai dit que j’ai quelques chants que j’ai composés. Je sens en moi  l’appel de Dieu à lâcher le message  pour le bien de tout le monde. Je viens vous exposer le projet et demander vos conseils, si possible votre permission. Elle m’a dit “Dieu soit loué! C’est bien ! (je me rappelle, c’était sa phrase). Tu as le soutien  de la congrégation pour réaliser  ton album.”

Faire la musique en ces temps de galère n’est pas facile. Cela se traduit par le manque de soutien, de mécènes, de sponsors. A votre niveau, qu’en est-il?

Ce n’est pas aussi différent des autres, j’ai la chance que la congrégation me soutienne et quelques bienfaiteurs aussi de manière spontanée. Quand j’exprime les besoins, ils m’apportent leurs soutiens financiers, spirituels, leurs conseils pour la réalisation des albums. Mais franchement, je ne vis pas de de la vente de mes œuvres. Etant religieuse, je ne vis pas de ça. Donc, ce que je récolte par la vente des œuvres, c’est ce que je réinvestis pour faire les clips vidéo ou pour faire d’autres albums. Voilà comment moi je fonctionne.

Pour votre premier album, où avez-vous déniché les fonds ?

C’est la congrégation et quelques membres de ma famille humaine qui m’ont donné leur contribution pour commencer.

La musique pour vous, est-ce un passe-temps ou un business?

Pour moi, la musique est un moyen d’évangélisation et d’humanisation. Pour ceux qui connaissent un peu mes chansons, vous comprendrez que ce sont des messages d’humanisation, d’évangélisation. Par exemple l’appel à la paix, au pardon et à la cohésion sociale … etc.

Vous menez une vie communautaire qui exige que vos biens soient mis en partage avec les autres. Nous voulons parler des recettes de vos spectacles. Comment se passe la répartition ?

Comme je mène une activité plus ou moins particulière, la congrégation m’a permis d’ouvrir un compte à part pour mes activités musicales. Et c’est dans ce compte,  que je puise ce qu’il me faut pour mener mes activités ou pour gérer les personnes que j’emploie et partager du même coup avec d’autres personnes. C’est comme ça que ça se passe. Je rends compte régulièrement à la sœur supérieure. D’abord, quand j’ai une œuvre à réaliser, on fait un devis pour voir si le budget peut supporter. Si c’est possible, je lui demande la permission pour utiliser l’argent du compte pour pouvoir mener l’activité et quand j’arrive à la réaliser, je lui rends encore compte de ce que j’ai fait réellement comme dépense.  Mais il arrive que mon compte ne puisse pas financer l’activité. Et quand c’est le cas, c’est la congrégation qui complète  le déficit. Bien entendu, il existe aussi quelques bienfaiteurs qui me soutiennent.

Qu’en est-il, quand l’œuvre ne marche pas ?

Dieu merci pour le moment, ça marche ! Etant donné que je ne fais pas la musique pour de l’argent, le message que je fais passer est plus important que l’argent investi.

Vos chants ne sont pas suffisamment exploités pendant les célébrations liturgiques. Pourquoi ?

(Rires). D’abord, je crois que mes œuvres sont assez exploitées. Mais en fait, quand on prend la messe, c’est une liturgie et il y a des chants liturgiques. A chaque dimanche, il y a un thème général et il y a ce qu’on appelle le propre du dimanche. Ça veut dire qu’en fonction des textes, les chants devraient aller dans ce sens. Donc, on ne peut pas toujours prendre n’importe quel chant pour venir chanter dans une messe. Alors que les chants que je compose ne sont pas des chants liturgiques. Si par exemple j’avais composé des “Gloria” ou des “KYRIE”, ça, ils allaient le chanter.  Mais on ne peut pas prendre un chant de la Sœur Anne Marie, même s’il parle du pardon pour aller chanter pendant le “Gloria”.

Alors pourquoi ne pas aller dans ce sens ? c’est-à-dire, composer des chansons liturgiques afin que les chrétiens découvrent votre talent.

Je comprends ! Mais à chacun son don. Le don qui m’est donné, c’est celui-là que j’exploite le mieux. Je n’ai peut-être pas reçu le don de composer des chants liturgiques. J’ai essayé par moment et il y a quelques chants liturgiques que les gens exploitent et qui ne sont pas dans mes albums. Mais je n’ai pas voulu  mélanger ces chants liturgiques dans mes albums, mais j’en ai quelques-uns qui sont exploités. On ne peut pas les utiliser à n’importe quel moment peut être que quand le texte parle  de confiance, il y a des chorales qui prennent  la chanson “confiance en Dieu” que j’ai composé.

En même temps, les gens sont libres. Ce n’est pas moi qui dirige les chorales non plus ! Ils ne sont pas obligés d’utiliser nos chansons. Mais tout de même, plusieurs fois j’en ai entendu à Yagma.

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