Emma Patricia TAMINI/TUINA : Spécialiste en tourisme

Emma Patricia TAMINI/TUINA : Spécialiste en tourisme

Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale des musées le 18 mai 2022, nous avons reçu une spécialiste du tourisme. Emma Patricia TAMINI/TUINA puisque c’est d’elle qu’il s’agit nous apporte sa contribution sur la vie des musées en Afrique et particulièrement au Burkina Faso. Rappelons que notre invitée a occupé plusieurs fonctions au Ministère en charge de la culture et de la communication dont celle de Directrice des Etudes, de la Coopération et de la Prospective et  de directrice générale de l’Office national du Tourisme burkinabè (ONTB).

Artistes.BF (ArtBF) : Quel est votre regard sur les musées de manière générale ?

Emma Patricia TAMINI (E.P.T) : Le musée c’est d’abord un lieu, un espace ou un édifice où sont collectés des biens matériels ou objets. Ils sont mis à la disposition du public pour une meilleure connaissance, pour des questions d’éducation, de recherche ou, simplement, de loisir. Mais en Afrique, on se rend compte que ce sont des lieux très peu fréquentés par les nationaux.



Sur le plan touristique, le musée est un élément du tourisme. Or l’instinct de visite de site touristique n’est pas encore spontané chez les africains. Et les musées en font partis. C’est beaucoup plus les occidentaux qui sont curieux de savoir ce que ces infrastructures ou ces édifices renferment. Rares sont les Africains qui, de manière promptes sont portés à visiter les musées. Pourtant les musées sont d’une richesse inestimable. Ils contiennent des extraits de l’histoire des peuples et des communautés. Fréquenter donc les musées, c’est s’enrichir culturellement … c’est connaître le passé, le présent et en faire part aux générations futures. Malheureusement une fois de plus, les musées de manière générale sont peu fréquentés. C’est dommage que je n’aie pas les statistiques pour vous communiquer sur le champ. Mais tel est le constat et les raisons peuvent être soit :

  • religieuses parce que les musées peuvent contenir des objets sacrés.Même désacralisés, certains objets ont toujours une certaine puissance. Alors pour des raisons religieuses, il yen a qui s’abstiennent de visiter ces lieux.
  • Un manque d’intérêt : il y a des gens qui ne trouvent pas de plaisir à visiter un musée parce que, pour visiter quelque chose, il faut que l’on trouve un plaisir à le faire, il faut avoir une motivation pour y aller.
  • Ou par ignorance
Emma Patricia TAMINI/TUINA : Nos musées sont moins fréquentés parce qu’il n’y a pas suffisamment de communication. « Combien de fois avez-vous vu passer un communiqué d’un musée même en bande défilante sur une chaîne télé ? »

ArtBF : Qu’est ce qu’il faut faire alors pour que les musées soient plus visités ?

E.P.T : Il faut que les musées fassent suffisamment de communication. Dans chaque pays, il y a généralement des offices du tourisme ou des agences de promotion du tourisme qui sont des structures chargées de la promotion et de tout ce qui a trait au tourisme (les musées compris). Indépendamment de ces structures, chaque musée doit prendre en main sa propre promotion. En effet, pour que le musée vive, il faut que le musée puisse s’entretenir, qu’il puisse avoir des ressources propres pour restaurer les œuvres ou pour même les conserver dans de bonnes conditions. A cet effet, il faut qu’il ait des recettes pour pouvoir se prendre en charge. Il faut la promotion pour faire connaitre le musée. Chaque musée assure singulièrement sa promotion à travers une communication régulière et non sporadique. Si nous prenons par exemple le cas du Burkina Faso, combien de fois avez-vous vu passer un communiqué d’un musée même en bande défilante sur une chaîne télé ?On n’en voit pas régulièrement pour ne pas dire presque pas. Donc il y a une méconnaissance même de l’existence et du contenu de beaucoup de musées.

Pour que les musées soient fréquentés, il faut des commodités aux alentours. C’est-à-dire, qu’il faut y aménager d’autres petits loisirs attractifs. Par exemple, si vous y venez pour une visite familiale,il faut que les enfants ne s’ennuient pas. Et pour qu’ils ne s’ennuient pas, il faut qu’il y ait des petits  loisirs qui puissent les accrocher. Nous le disons parce que de façon générale, le contenu du musée n’est pas forcément à la portée des enfants ni des élèves d’un certain niveau.Une projection sur un écran portant sur les objets du musée (danses de masques, cérémonie cultuelle, traditions populaires,) ou une dégustation de mets typiques les aideraient à mieux comprendre. Autrement, ils repartiront sans plus jamais y revenir parce que tout simplement, ils n’y ont pas trouvé d’intérêt.



ArtBF : Quel appel vous lancez aux Burkinabè ?

E.P.T : J’invite tous les Burkinabè à faire un tour dans les musées. Le musée est un lieu où l’on découvre toujours quelque chose de nouveau, où l’on peut avoir de l’inspiration pour la création d’œuvres littéraires ou artistiques, bref, un lieu où l’on trouve toujours son compte.A l’exception du musée à ciel ouvert de Laongo (le site granitique),les musées ont cet avantage d’être situés au centre des villes et villages tels que Manéga, Ouagadougou, Bobo ou Nouna,etc., donc facile d’accès.Il faut que les burkinabè visitent ces musées qui sont très riches en information, ne serait-ce même que pour le plaisir des yeux. Ils contiennent beaucoup d’objets qu’on n’imagine pas. Il faut y aller pour s’en rendre compte.

Donc j’invite les Burkinabè à visiter les sites touristiques en général, les musées en particulier ; c’est ce type de visite touristique que nous pouvons facilement faire au regard du contexte sécuritaire du moment.

Patrick COULIDIATI

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