Il utilise le tissu ou plus précisément, la toile comme support pour communiquer et véhiculer ses messages. Il, c’est Kader BOLY, un artiste plasticien originaire du village de Sabcé au Nord du Burkina Faso. Fortement marqué par les activités agro-pastorales et le milieu sahélien caractérisé par son environnement désertique et ses vents secs, Kader BOLY s’en inspire pour traduire à travers des tableaux en toile, toutes ses émotions et ses sensations vécues pendant l’enfance. Depuis le 12 novembre 2021, il expose « ETATS D’ESPRITS » à l’Institut Français de Ouagadougou. Au détour de nos randonnées, nous avons rencontré l’artiste plasticien pour échanger sur son métier.
De l’origine de sa passion pour la peinture
Kader BOLY nous confie qu’il est parti de ses sensations et non d’une idée comme c’est le cas de certains créateurs. Pour l’artiste-peintre, « C’est un besoin de représenter des émotions et des sensations. Quand je gardais les troupeaux, en voyant le paysage, les animaux, la poussière et tout ce que vous voulez comme couleurs … il y avait comme un mélange de sensation. Et je ne pouvais pas être indifférent ou passer sans pouvoir immortaliser ces images-là ou cet instant qui me semblait précieux », précise -t-il.
ArtBF : Pourquoi le choix de la toile au lieu du bois par exemple ?
Kader BOLY :Parce qu’avec la peinture, les choses sont plus simples ;c’est plus pratique. C’est plus facile à travailler sur le tissu, on est plus à l’aise pour l’enrouler et pour le conserver. Contrairement au tissu, la sculpture est lourde et c’est plus de dépenses.
ArtBF : « Etats d’Esprits », c’est le thème de votre exposition, pouvez-vous d’avantage nous l’expliquer ?
Kader BOLY :« Etats d’Esprits », c’est ce que tu es… C’est comment tu es dans ton âme, quel est ton état d’esprit dans ton âme ? C’est du genre par exemple quelqu’un qui remet le mal par le mal ou le mal par le bien ? Si tu as un endroit qui ne te plait pas où tu ne voudras pas aller, c’est ton état d’esprit qui te permet de refuser d’y aller.
ArtBF : Ce thème est-il en adéquation avec le contexte du pays ?
Kader BOLY :Non pas du tout ! Je peints mes émotions et sur des faits qui ne peuvent pas passés inaperçus.
ArtBF : Dans le contexte actuel du Burkina, peut-on dire que le pays souffre d’un certain état d’esprit de certains individus ?
Kader BOLY :Effectivement, on peut le dire ainsi parce que ce sont des choix à faire et à assumer. Il y a des moments où il faire face à certaines vérités, prendre ses responsabilités au lieu de les fuir. J’ai illustré cet état de fait par le tableau sur lequel figure un personnage (boxeur) qui se bat et qui saigne de partout le corps. C’est une image symbole de combativité, de courage et qui nous dit qu’il faut aussi pendant le combat être attentif pour réussir.
Produire en Afrique n’est pas le plus dur. La question est de pouvoir écouler. Qu’en est-il à votre niveau ?
Kader BOLY :C’est vrai que le marché local est faible en Afrique et particulièrement au Burkina. Mais le marché local existe quand même. Seulement, il faut pouvoir saisir les opportunités et savoir adapter en pensant aux autres et en rendant les produits les plus consommables possibles. Un client qui verrait par exemple un produit à dix mille dollars et qu’il ne peut pas acheter, je préfère rendre accessible ce produit à un prix plus raisonnable
Mot de Fin
C’est d’inciter le public à venir découvrir l’exposition à l’Institut Français. A l’endroit des plus jeunes, je les encourage à aimer ce que nous faisons et à ne pas hésiter d’apprendre. Nous sommes ouverts à tous et particulièrement aux jeunes qui désirent apprendre à nos côtés.
Propos recueillis par Patrick Coulidiati et Mariam Ouédraogo
Leave a comment
