Abdou Dramane YONI , artiste musicien

Abdou Dramane YONI , artiste musicien

Abdou Dramane YONI ( ADY ) : Yoni, c’est mon nom d’artiste. Depuis l’enfance, les gens ne savaient pas ce que voulait dire YONI. Chaque fois, on me demande : « YONI c’est quelle ethnie ? » J’ai donc d’en faire un nom pour que, par le biais de la musique, les gens puissent le découvrir. Authentiquement, c’était « YONLI » c’est par erreur de transcription sur les registres d’état civil, que « YONI » est resté. Mais il est bon de savoir que YONI vient de la mauvaise transcription de YONLI et que les deux (YONI et YONLI) ne forment qu’un même nom de famille !.
Après mes études, je fis d’abord la peinture avant de me retrouver dans la musique. Aujourd’hui, je suis artiste peintre-Musicien.

Artistebf (Art) : Parlant de peinture, quels sont les thèmes que vous abordez ? Environnement, Education ou excision ?

ADY : Depuis le lycée, j’avais commencé à faire les portraits et cela me faisait des sous. Puis, je me suis plongé dans la calligraphie et dans les BATIK. J’ai aussi travaillé pour le compte d’un journal dans lequel je contais à travers des bandes dessinées, « l’histoire du premier chrétien de Haute volta ». Pour tout vous dire, Je n’ai pas de thèmes spécifiques sur lesquels je travaille, mais c’est en fonction de la commande.

Art : Et pourquoi ce virage vers la musique ? La peinture ne nourrissait plus son homme ou quoi?

ADY : Vous savez, étant élève, on ne sait jamais ce qu’on va devenir. Chacun est allé à l’école dans l’intention d’apprendre à lire et à écrire. En plus, les enseignants, à travers les chants d’écolier qu’ils nous apprenaient, ont beaucoup contribué dans nos créativités. Moi particulièrement, j’aime chanter en travaillant. C’est à tout hasard donc que je me suis retrouvé dans la musique.

Art : Vous êtes peintre, musicien et bientôt spécialiste de bandes dessinées. Vous êtes « partout et nulle part » ! Votre professionnalisation dans l’un des domaines pourrait bien mettre du temps. N’est-ce pas votre avis ?

ADY : Je n’ai pas peur ! Car tout ce que je fais relève de la création. Je veux qu’en quittant ce monde, je puisse laisser des traces à travers mes tableaux, ma musique. Faire des portraits, c’est bien ; mais il faut aussi vivre. C’est pourquoi j’ai décidé de chanter tout en continuant d’innover dans mes créations. Pour l’instant, la musique et la peinture me donnent un minimum vital ; c’est ce qui m’encourage à persévérer dans mes créations. Grâce à ces deux activités, j’ai pu construire, j’ai pu m’acheter une voiture et bien d’autres matériels. Je n’ai donc pas peur d’embrasser plusieurs activités à la fois. Quoiqu’il en soit, on est artiste. Partout où on aura besoin des artistes burkinabé, Yoni sera partie intégrante !

Art : Pourtant, contrairement à ce que vous dites, de nombreux artistes pensent que l’art ne nourrit pas encore son homme au Burkina . Qu’en pensez-vous ?

ADY : Ah ! on ne peut pas avoir les mêmes avis ! Je viens de raccrocher avec un ami au téléphone. Il voulait m’inviter en France en Mai. Je lui ai dit : non, ne m’invite pas à cette période parce que le BBDA nous paie les droits en Mai. Il m’a ensuite demandé : combien le BBDA payait ; je lui ai dit que ça dépend des artistes. Certains reçoivent des millions tandis que d’autres se contentent souvent même de 1 000 francs. Vous voyez que les avis peuvent être partagés. Demandez par exemple à Idak BASSAVE, à Floby ou à Ahmed , ils vous répondront que la musique nourrit bien son homme.

Art : Le 3 Avril dernier, le BBDA a organisé un atelier international sur la piraterie. Êtes-vous satisfait des conclusions des travaux ?

ADY : Je remercie beaucoup le BBDA. Ce jour-là, j’ai levé mon doigt pour proposer une idée mais faute de temps je n’ai pas été entendu. Vous savez que ce n’est pas la première fois qu’on tient une conférence pareille. Une fois, nous étions aussi à LAONGO pour parler de lutte contre la piraterie, moi j’ai appris que c’était 60 millions qu’on aurait utilisé pour organiser la cérémonie.

S’il m’était permis de proposer, j’aurais préféré qu’on utilise de telles sommes pour acheter par exemple des motos, des vélos, des voitures et d’autres équipements. Puis, on passe la sensibilisation dans chaque secteur, pour dire que celui qui va apporter par exemple 20 fourreaux de cassettes d’un artiste burkinabé aura un prix. Imaginez ce que ça peut faire ! Vous venez avec 20 fourreaux de cassettes originales et on vous donne une moto. Je crois qu’avec une telle idée, nous pourrions freiner progressivement la piraterie car chacun voudra bien apporter des fourreaux et recevoir du BBDA un équipement ou un matériel roulant.

2ème proposition : Le Kundé d’Or offre des primes aux artistes qui ont bien travaillé. Mais on oublie toujours les espaces qui exploitent aussi les œuvres musicales.

Ce sont les bar-dancing, les chaînes de télévision, les Radios et les maquis. Pourquoi ne pas aussi primer le meilleur maquis ou la meilleure radio qui joue le plus la musique burkinabé. ?

A ce niveau aussi, nous gagnons car cela va pousser ces différents espaces médiatiques à jouer davantage nos musiques. Souvent, nous souffrons parce que ne cherchons pas assez !

Art : Comment faire pour mieux vendre notre musique au-delà de nos frontières ? Qu’est-ce que les artistes peuvent faire et en quoi le ministère peut-il vous être utile ?

ADY : Je vois deux alternatives. La première, vous savez que nos hommes politiques voyagent. C’est une occasion lors de leurs voyages par exemple, de se faire accompagner par des artistes. Même s’ils ne sont pas payés, le fait même qu’ils voyagent avec un ministre est déjà motivant et très réconfortant. En plus, les artistes auront assez de la visibilité ; 2ème alternative, Si la première est difficile à appliquer, le ministère pourrait alors proposer quelques artistes à certaines manifestations culturelles souvent organisées dans la sous région. Au festival de cannes par exemple, la Côte d’Ivoire envoie entre 14 ou 15 artistes. C’est vrai que tous ne vont pas se produire, mais la plupart profite de leur séjour pour se faire des opportunités d’affaires. En France, il n’est pas rare d’entendre des amis français chanter « le couper -décaler ». Où l’ont-ils appris, si ce n’est qu’à travers des concerts ivoiriens. Pour terminer, je voudrais demander au Ministère de la Culture de continuer de nous soutenir. Lors de mon passage au Mali dans le cadre d’une formation en calligraphie, je n’entendais pas tellement jouer la musique étrangère. J’ai voulu connaître la raison et on me dit que c’est l’état malien qui aurait demandé aux médias de ne jouer que la musique malienne. Je ne pousserai pas la réflexion jusqu’au racisme, mais il faut reconnaître que les Maliens mettent en valeur leur culture. C’est pourquoi, il faut que nous apprenions nous aussi à encourager nos artistes nationaux. Il faut arrêter de critiquer car cela ne nous avancera point !

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