Festival « Ciné droit libre » pour la cause des droits humains et la liberté d’expression a connu une certaine maturité. Dans un entretien accordé à Artiste-BF le mardi 14 Octobre 2014, le coordinateur général Abdoulaye Diallo fait le point de 10ans de sensibilisation sur les droits humains.
Artiste-BF (ART /BF) : Faites nous brièvement l’historique du festival Ciné droit libre décénie.
Abdoulaye Diallo(AD) : Le début du festival fait suite à un« film à problèmes » qui a été censuré par le gouvernement du Burkina Faso; c’est ce qui nous a amenés à réfléchir davantage sur les nouvelles orientations du festival. Depuis lors, nous avons créé un cadre de projection de films dont le contenu traite des problèmes réels des droits humains. Et c’est comme ça qu’on a eu l’idée de créer le festival « Ciné droit libre ».
ART /BF : En dix ans, quel bilan faites-vous?
AD : (…) Le fait que nous ayons tenu 10 ans, ce n’est pas rien. Il y a eu de la qualité, du sérieux, de l’engagement et les partenaires tels l’Institut Français, les Ambassades de Suisse et du Danemark nous croient. En 10 ans, nous tirons un bilan positif; le festival a grandi. A la précédente édition, on a eu plus de 5 000 participants. 60 % de ces derniers ont pris conscience de la situation des droits de l’homme et de la liberté d’expression et 41 % ont pris l’engagement pour les droits humains. En 3 ans le festival a touché plus de 275 000 personnes.
ART /BF : Parlez-nous des participants
AD : Ce sont essentiellement les nationaux, les invités ne dépassent pas une dizaine.
ART /BF : On a l’impression que le festival est cantonné à Ouagadougou!
AD : Je crois que vous n’êtes pas bien informés; sinon, vous auriez pu savoir que depuis 2007, à partir de la 5ème édition précisément, nous avons commencé à nous décentraliser dans 5 villes du pays; aujourd’hui, nous sommes à 7 villes. On a un club Ciné droit libre à Ouahigouya et surtout à Bobo où tous les mois il y a des projections de films. Nous comptons bientôt nous étendre à d’autres villes du Burkina.
ART /BF : Pour l’édition précédente, vous avez reçu un invité de marque à savoir l’ancien président ghanéen Jerry Rawlings. Pourquoi ce choix ?
AD : Pour que le festival grandisse, il faut savoir choisir les invités; la crédibilité du festival en dépend. En effet, lorsque vous arrivez à inviter des gens de cette carrure, c’est que vous êtes sérieux et les gens vous font confiance. Si on l’a choisi, c’est parce qu’il est pour nous une icône; Il a pris le pouvoir par les armes au Ghana, il a remis le pouvoir démocratiquement et il a respecté la limitation des mandats!
ART /BF : Pour certains, le choix d’inviter Rawlings serait lié à l’actualité politique du moment; est-ce votre avis?
AD : On ne choisit pas un invité au hasard! Le débat est posé dans pas mal de pays africains sur cette question, y compris le Burkina Faso. Quoi de plus intéressant que d’inviter un homme comme Rawlings pour discuter et s’inspirer de l’expérience Ghanéenne! Il a coaché le Ghana pour qu’Il puisse être un exemple démocratique en Afrique.
ART /BF : Peut-on donc dire que les résultats escomptés ont été atteints ?
AD : Il y a eu un bon débat, une bonne médiatisation de son message. Son message sur le dialogue est passé, la question des droits humains est passée. C’était le plus important pour nous.
ART /BF : Vos projets pour le festival
AD : Pour votre information, le festival ne se limite pas seulement qu’au Burkina Faso. Mon intention c’est de l’étendre à d’autres pays tel Dakar qui a déjà son festival, Abidjan qui est prévu pour le mois de novembre et les pays comme le Togo, la Tunisie et le Mali se préparent à accueillir le leur. Il y a des partenaires qui nous font confiance et nous soutiennent. La prochaine édition aura lieu du 27 Juin au 4Juillet 2015.
Propos recueillis par
Jérémie OUEDRAOGO
