Pierre DOUMONT : Mécène ou plaidoyer pour le Burkina ?

Pierre DOUMONT : Mécène ou plaidoyer pour le Burkina ?

Dans le cadre de  la 17ème édition de ciné droit libre ouverte du 9 au 16 décembre 2023 dans la capitale burkinabè, Pierre DOUMONT, journaliste passionné de cinéma engagé nous a fait l’amitié de visiter nos locaux ce 08 décembre 2023. Profitant de cette belle occasion, nous lui avons tirer les vers du nez sur certaines questions liées à la liberté d’expression, aux droits de l’homme et de la vie culturelle au Burkina. Après un quart d’heure d’entretien, une question continue de nous triturer les méninges. Notre invité serait-il un plaidoyer ou un mécène pour le Burkina au moment où la communauté Internationale semble envier le pays des hommes intègres pour son réveil patriotique ? Lisez plutôt !

ArtBF : Parlant de Ciné Croit Libre, quelle est la situation des droits humains en Belgique ?

P.DOUMONT : La situation des droits humains en Belgique est un peu particulière.  C’est vrai, il y a aussi des violations de droits de l’homme en Belgique.  Il ne  faut pas s’en cacher.  Fort. heureusement que la presse n’est pas inquiétée. Il y a une presse d’investigation et  d’opinion.



Cependant, l’Etat Belge n’est pas à l’abri de plaintes pour violation des droits de l’homme. La Belgique est condamnée notamment au niveau de l’accueil des demandeurs d’asile, et au niveau du traitement d’un cas particulier à propos d’un terroriste. Mais dans l’ensemble, il faut dire franchement qu’en Belgique, on est encore à l’abri de tout débordement des droits de l’homme.

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ArtBF : La carte du Burkina Faso est peinte à certains endroits en rouge. Et en Europe, cela n’est pas sans effrayer tous ceux -là qui avaient l’habitude de fréquenter  le pays. Vous qui êtes journaliste et qui  venez régulièrement au Burkina, quelle lecture faites-vous ?

P.DOUMONT : Mais moi,  je viens chaque année depuis 2005 et je brave toutes ces indications. Pourquoi ? parce que je trouve que le Burkina Faso est un pays plein de ressources notamment culturelles. Je parlais tantôt du festival Ciné Droit libre, je veux parler aussi du Fespaco, des Récréâtrales, de la Semaine Nationale de la Culture (SNC). En tout cas, les occasions ne  manquent pas pour vivre la culture. Moi je suis à Ouaga et je ne me  sens pas dans l’insécurité !



En Belgique, il y a eu aussi des attentats à Bruxelles, il y a eu deux gros attentats. Est-ce que la vie s’est arrêtée pour autant ?  Est-ce que les gens ne vont plus à Bruxelles ?  Il y a eu aussi des attentats à Paris. Est-ce pour cela qu’on ne peut plus se rendre à Paris ? C’est comme ça dans tous les pays qui ont connu des attaques terroristes ou des guerres.

ArtBF : Voulez-vous dire que c’est une erreur ou une mauvaise appréciation de ceux qui ne viennent plus au Burkina sous le prétexte de l’insécurité ?

P.DOUMONT : Je pense que c’est une erreur ; ça c’est clair !  Maintenant, il faut se mettre dans la tête de ceux qui veulent venir découvrir le Burkina Faso. Et là, il faut se mettre des limites. Moi, j’ai eu la chance d’aller à Ouahigouya, à Fada, à Dori,  à Bobo. J’ai  circulé partout dans le Burkina. Aujourd’hui, la situation a changé. Mais je peux toujours venir à Ouaga et là, je suis dans la sécurité parce que les forces de défense et de sécurité sont présentes et travaillent pour que tout se passe bien.



Maintenant en tant que journaliste,  je viens au Burkina avec d’autres grilles de lecture et d’autres envies. Le Burkina est une terre riche en matière de culture et je n’ai pas envie de rester chez moi en me disant « non c’est fini ! », «Le Burkina, c’est terminé … ! on fait une croix et on ne vient plus ! ».

Au Fespaco 2023 par exemple, je n’ai plus retrouvé tous les Français, Belges et Italiens que je connaissais et qui venaient régulièrement au Fespaco. C’est le cas aussi de certains responsables de festivals en Belgique qui venaient au Fespaco parce qu’il y étaient impliqués.  Et puis… pour des raisons sécuritaires, ils ne viennent plus ! ça, je le déplore encore !

En fait,  ma présence au Burkina, est aussi une forme de soutien à toutes les démarches culturelles qui y sont menées.  C’est une manière pour moi d’encourager les organisateurs en leur disant : «Oui, vous avez mon soutien !».



ArtBF ; Le Journaliste doit-il tout dire en temps de guerre ? Faut-il communiquer même contre son propre pays au nom de la transparence, au nom d’une certaine démocratie ou faut-il avoir une plume beaucoup plus adaptée au contexte de la crise?

P.DOUMONT : Alors est-ce qu’il faut pouvoir tout dire en période de crise, en période de guerre surtout en tant que journaliste ? Moi je pense qu’il y a une certaine retenue qu’il faut avoir.

Si c’est pour faire du scoop et lâcher une information quelle qu’elle soit, tout de suite et maintenant, ça peut faire des dégâts. Pourquoi ? Nous sommes maintenant dans un monde d’hyper communication. Donc,  la moindre information peut être utilisée par la partie adverse. Et donc, il faut faire attention à ça.

Non, il faut se garder de tout dire en temps de crise ! Je pense qu’il faut avoir une certaine retenue en tant que journaliste parce qu’on ne peut pas lâcher tout  au risque de couper la branche sur laquelle on est assis. Donner par exemple de l’information aux djihadistes sur les stratégies militaires, par rapport à  Djibo …. Non ! il ne faut pas lâcher ce genre d’informations, ce n’est pas possible aujourd’hui.

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