Depuis plusieurs mois, la courbe de la Dengue au Burkina Faso est ascendante avec quotidiennement de nouveaux cas de décès. Cette maladie virale est en recrudescence et de plus en plus sévère voire mortelle quand elle n’est pas vite prise en charge. Pour de plus amples informations sur ce mal, nous avons reçu en studio ce 18 novembre 2023, le Docteur Vincent NIKIEMA, Promoteur de « la clinique médicale les opportunités ».
ArtistesBF (ArtBF) : Docteur, comment allons nous vous présenter à nos lecteurs ?
Dr. Vincent NIKIEMA (V.N.) : Je suis Docteur Vincent NIKIEMA Médecin généraliste, promoteur d’une clinique privée « la clinique médicale les opportunités ». Elle est située à Dassasgho non loin de l’hôpital pédiatrique Charles De Gaulle. Je suis également le secrétaire général de l’Association des promoteurs des cabinets médicaux, cliniques et polycliniques privés du Burkina (APROCCLIB).
ArtBF : Depuis plusieurs mois au Burkina Faso, la courbe de la DENGUE est ascendante avec presque tous les jours de nouveaux cas de décès. Pourquoi une telle recrudescence de la maladie ?
V.N. : Pour revenir sur les statistiques, les derniers chiffres cumulatifs du 1er Janvier au 12 novembre 2023 font état de 511 morts causées par la Dengue. Les chiffres sont effroyables ! Mais en ce qui concerne la Dengue, il faut plutôt parler de flambée que de parler d’épidémie. La précision est importante car pour parler d’épidémie, il faut au préalable fixer un seuil épidémique. Dans le cas de la méningite par exemple, quand on atteint un certain nombre de cas pour 100 000 habitants, on peut déclarer une épidémie. Mais pour la Dengue, on n’a pas encore fixé de seuil épidémique; donc il vaut mieux parler de flambée de Dengue.
Le Burkina a connu sa première flambée en 2013, la 2ème en 2016 -2017 puis en 2019. C’est donc comme un cycle pratiquement qui revient.
Contrairement à la dernière épidémie (en 2017) la plus meurtrière, 36 décès sur 15 000 cas probables ont été observés. En 2023 et à la date du 12 novembre, nous sommes à plus de 100 000 cas suspects avec 50 000 cas probables et malheureusement 511 décès. Alors, pourquoi autant de décès ? ça, je ne saurais le dire pour le moment.
ArtBF : Y’a-t-il une relation entre la recrudescence de la Dengue et les moustiques génétiquement modifiés ?
V.N. : Là, je suis catégorique. Il n’y a pas de relation avec cette manipulation dont on parle parce que ce n’est pas le même genre. Les moustiques incriminés étaient les anophèles. Or, les moustiques qui transmettent le virus de la Dengue, c’est le genre AEDES. Comme vous le savez, il y a 03 types de moustiques au Burkina : les anophèles, les culex et les aedes. C’est l’anophèle qui transmet le palu et les manipulations concernaient justement l’anophèle.
Mais il faut noter que ce problème n’est pas seulement spécifique au Burkina, il est mondial. Plus de 100 pays dans le monde entier et pratiquement, tous les continents sont frappés par cette maladie.
ArtBF : Si la maladie est donc mondiale, il ne sied donc plus de dire qu’elle est tropicale ?
V.N. : Si ! c’est une maladie tropicale. Quand je dis qu’elle concerne tous les continents, il s’agit seulement de quelques zones dans chaque continent.
ArtBF : Quels sont réellement les symptômes de la dengue et qui permettent de dire avec certitude que c’est la Dengue ?
V.N. : Il faut dire que les symptômes de la dengue ne diffèrent pas des symptômes des autres maladies infectieuses. Voilà pourquoi on les confond facilement aux symptômes du paludisme et bien d’autres infections. Il y a des symptômes communs à d’autres infections. Il s’agit des signes généraux et de certains signes fonctionnels telle la fièvre qui est par exemple présente dans toutes les infections. Mais la Dengue se reconnait par la brutalité dans l’apparition de ces signes auxquels on peut ajouter des saignements, des éruptions cutanées, un manque d’appétit, des troubles digestifs comme les vomissements, les douleurs abdominales, qui sont des signes de gravité.
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