Delphine YERBANGA : Réalisatrice du film "Sur les traces d'un migrant"

Delphine YERBANGA : Réalisatrice du film "Sur les traces d'un migrant"

Les réalisatrices Valerie KABORE, Fanta NACRO et Apolline TRAORE peuvent désormais se réjouir d’avoir désormais un relais valable en la personne de Delphine YERBANGA. Le jeune talent pour son premier coup d’essai, premier long métrage, elle remporte le Grand Prix du Président du Faso au Fespaco 2021.Un coup K.O qui fait entrer la jeune réalisatrice dans la cour des « Grands ».

De retour d’une résidence d’écriture au Japon, elle est passée dans nos locaux pour une visite de courtoisie. Nous avons profité de l’occasion pour échanger avec elle sur  sa participation à la résidence d’écriture au pays de Fumio Kishida.

Suivons donc Delphine YERBANGA qui nous parle de son film intitulé « sur les traces d’un migrant » qui l’a aussi révélée au Public.

Delphine YERBANGA (D.Y.) : C’est vrai ! C’est mon tout premier film de long métrage documentaire que j’ai accouché après 07 ans de recherches. Le tournage a commencé dans la 7ème année avant que je ne puisse le montrer au public dans la 9 ème année.

ArtBF : Faites-nous un bref résumé de votre film

D.Y. : Le film raconte l’histoire de Abdoulaye OUEDRAOGO, un migrant burkinabè qui a disparu sans laisser de nouvelles à sa famille. Aucun de ses enfants, ni ses frères ni ses sœurs restées au Burkina Faso n’avaient de ses nouvelles. Mais j’ai eu la chance de rencontrer d’autres enfants de Abdoulaye OUEDRAOGO au Sénégal où j’y étais pour mes études de cinéma.Ayant découvert que j’étais burkinabè et que leur géniteur l’était aussi, ils m’ont demandé de les aider à le retrouver.  Et depuis cette rencontre, nous avons fait équipe ensemble pour retrouver leur géniteur.

De retour au Burkina, je me suis mise à la tâche. Et après enquêtes, je découvre la famille de Abdoulaye OUEDRAOGO d’où le titre du film « Sur les traces d’un migrant ».



Le film retrace le parcours du migrant Abdoulaye OUEDRAOGO mais sans qu’il ne figure pour autant dans le film. C’est plutôt un portrait dressé du migrant ainsi que ses enfants, ses frères et sœurs qu’il a laissés derrière lui que le film a mis en lumière.

Delphine YERBANGA : Réalisatrice du film documentaire  » Sur les traces d’un Migrant »

ArtBF : Réalité ou fiction ?

C’est un film documentaire. Et qui dit documentaire parle aussi de réalité. L’histoire est donc réelle, c’est la vie des gens que nous avons filmée. Abdoulaye, ses enfants et ses sœurs existent réellement et c’est avec eux d’ailleurs que nous avons tourné le film.

ArtBF : Au moment où les réalisateurs tirent le diable par la queue, Delphine a trouvé le bon créneau pour réaliser un long métrage. C’est un coup K.O comme disent certains. Quel est votre secret ?

D.Y. : (Sourire) . Oui ça n’a pas été du tout facile de trouver un financement pour ce projet. Quand j’ai commencé à l’écrire, j’ai bénéficié d’une résidence organisée par AFRICADOC à Bobo Dioulasso, puis à Saint-Louis au Sénégal pendant le « TENK » dans le cadre des rencontres des Coproductions Internationales du Film documentaire de Saint-Louis. Mamounata NIKIEMA avec qui j’étais au Sénégal, nous nous sommes battues à la recherche des producteurs. Nous avons beaucoup espéré avec la Coproduction française qui, malheureusement n’a pas abouti. Le film selon certains partenaires présentait une certaine complexité du fait d’un personnage principal qu’on ne voyait pas dans le film. Le film avait du mal à trouver du financement et c’est cela qui a retardé sa sortie. Et voilà qu’un beau jour l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et Génération Africa et STEP, un programme de production de film documentaire nous ont apporté leur soutien en écriture. Nous étions ainsi 30 jeunes auteurs africains à bénéficier de cette aide et c’est grâce à ces appuis (OIF et Génération Africa –STEP) que nous sommes arrivés à réaliser pour la première fois le teaser du Film ; c’était en 2019 après plusieurs années de pitch.Ce n’est qu’en 2020 que le 1er clap de tournage a démarré.

Alors puisque vous parlez de secret, tous le film a été financé par Step et Génération Africa, deux structures auxquelles nous disons grand merci.



ArtBF : Vous avez remporté le Grand prix du président du Faso au Fespaco2021. Pouvez-vous nous en parler ?

D.Y. : C’est vrai ! J’ai obtenu le Grand prix du Président du Faso et meilleur film burkinabè. Le prix se composait de trophée et une enveloppe financière de cinq millions (5 000 000) de francs CFA.

ArtBF : Si ce n’est pas discret combien ce film vous a –t-il coûté ?

D.Y. : Ce n’est pas facile d’évaluer le budget exact du film. Nous avons bénéficié de soutiens multiples : Bourse du Centre de Cinéma Marocain pour la post-production, Appui du gouvernement Burkinabè à travers le fonds COVID, Financement de STEP, de l’OIF et de Jeunes création Francophone.Alors tous ces appuis réunis pourraient s’élever à près de 140 000 Euros (La bourse du Centre de Cinéma Marocain non comprise). Et malgré ces soutiens, la phase de mixage n’avait pas été encore bouclée.

Cependant, nous avons été obligés de présenter une version rapide pour le besoin du Fespaco.

Delphine YERBANGA même dans la cour des « Grands » n’oublie pas le sacrifice énorme consenti par ses proches, parents et ses enfants pour lesquels le temps ne suffisait plus. Pour toutes ses différentes marques de sympathies, elle dit dédier son film et son prix « à la femme cinéaste burkinabè parce que ce n’est pas facile d’écrire ni de réaliser un film quand on connaît les difficultés du milieu. Je n’oublie pas mes parents et surtout mes enfants qui ont accepté que je sois absente pendant toutes ces années dans le cadre de la réalisation de ce film.

Merci à tous !».

Propos recueillis par Patrick COULIDIATI

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