Cinéma : "Sankara et Moi"

A l’heure où de nombreux burkinabè projettent d’ériger un mémorial pour commémorer la mémoire de Thomas Sankara assassiné en octobre 1987,  Afrique Films lance la production de « Sankara et Moi », qui traite avec légèreté de cette question sérieuse : trente ans plus tard, le fantôme du « Che Guevara » de l’Afrique de l’Ouest hante-t-il toujours les consciences dans la sous-région ? Siaka Yra, surnommé « le Louis de Funès africain » depuis sa performance hilarante dans Un Président au Maquis, où il passait allégrement du rôle de chef d’état à celui d’homme du peuple interprète le rôle principal dans Sankara et Moi.


sannk.jpgAprès Un Président au Maquis, vous voici dans une nouvelle comédie d’Afrique Films, Sankara et Moi. A part son humour – d’où une comédie -, quelle est la qualité de Sankara qui vous a marqué?
Yra Siaka : Ce que j’aime chez Thomas Sankara, c’est son franc-parler, mais toujours avec humour. Il aime parler sans vexer, dire les choses le plus naturellement et clairement possible. Il est direct. Il n’aime pas ce qui est flou, comme la magouille, le népotisme, la corruption.

Vous parlez de lui au présent, comme s’il était toujours vivant. Mais c’est un héros de votre enfance, comme pour le personnage de Tom dans Sankara et Moi…
Yra Siaka : Je me rappelle quand nous étions en classe de CM1 ou CM2 : nous étions des Pionniers de la Révolution, et chaque jour de 16 heures à 17 heures on avait un cours spécialement sur Thomas Sankara. Nos enseignants, qui s’étaient mis en grève, se sont fait remplacer par des enseignants révolutionnaires. On a donc eu la chance d’avoir un enseignant révolutionnaire qui nous racontait qui étaient Thomas Sankara, Che Guevara, Patrice Lumumba. Dès notre jeune âge, nous étions déjà des révolutionnaires…

Dans le scénario de Sankara et Moi, sous une forme comique, la question de la souveraineté économique revient souvent. Une question toujours d’actualité?
Yra Siaka : Thomas Sankara était très proche du peuple, auquel il s’adressait directement. Je me souviens avoir lu dans un journal qu’il avait interrogé un élève sur la définition du mot « Levis » qui était inscrit sur son tee-shirt. Mais c’est ce que nous voyons toujours partout aujourd’hui : nous portons des marques sans nous poser de questions sur leur origine. Alors qu’avec Sankara, c’était : « Produisons et consommons burkinabè! » Notre tenue, c’est le Faso dan fani. Moi, ma mère continue de tisser le Faso dan fani au village, et ça marche.

Dans Sankara et Moi, comme dans Un Président au Maquis, les femmes joueront un rôle important?
Yra Siaka : J’ai un cri du cœur pour les femmes burkinabè. Elles clament partout que les partis politiques ont fait ceci, on fait cela… Mais elles oublient celui qui a fait valoir leur émancipation dans ce Burkina Faso : c’est Thomas Sankara! Il a donné du pouvoir à la femme. Mais aujourd’hui ces mêmes femmes ne parlent pas de

Sankara… Qui a donné la Journée du 8 Mars aux femmes? C’est toujours Sankara…
Selon vous, Sankara était un orateur, mais aussi un homme d’action?

Yra Siaka : Oui, alors que, ici au Burkina Faso, tout le monde parle de Thomas Sankara, mais personne n’applique ses idées…

AFRIQUE FILMS

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